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Le monde en questions

La Turquie et l’Otan, poker gagnant pour Erdogan

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C'est un bras de fer qui a opposé la Turquie aux autres pays membres de l’Otan à propos de l’adhésion de deux nouveaux membres, la Finlande et la Suède, au sein de l’organisation. Une adhésion compromise par le président turc, qui menaçait de brandir son droit de veto pour empêcher cet élargissement. Finalement, tout est bien qui finit bien. Mais pourquoi le président turc a-t-il finalement changé d'avis ? 

Le président turc Recep Tayyip Erdogan lors du sommet de l'Otan à Madrid, le 29 juin 2022.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan lors du sommet de l'Otan à Madrid, le 29 juin 2022. AP - Susan Walsh
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Dès l’annonce de possible veto turc à l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’Alliance atlantique, on savait qu’il y avait de la part de Recep Tayyip Erdogan, une part de calcul et la volonté, parfois affichée, parfois dissimulée, d’obtenir des contreparties – et alors seulement d’accepter ces deux nouveaux membres au sein de l’Otan.

Ouvertement affichée : la demande adressée à Stockholm et Helsinki d’extrader vers la Turquie des membres des organisations kurdes du PKK et même du PYD, son aile syrienne. Car pour Erdogan, il était impensable d’appartenir à la même organisation que des pays qui, selon Ankara, accueillent et protègent ce qu’il considère comme des mouvements terroristes kurdes.

►À lire aussi : Fin du sommet de l'Otan, l'Alliance atlantique avance sur tous les dossiers

Les motivations de la Turquie

Cette demande turque a été acceptée quasiment telle quelle. Même si, notamment en Suède, où vit une importante communauté kurde, cet accommodement avec Ankara a été parfois très mal accueilli chez certains partis de gauche, membres de la coalition gouvernementale : ils accusent le parti social-démocrate, qui a mené les discussions de « s’incliner » devant un régime autoritaire, peu recommandable en termes de violations des droits de l’homme.

En revanche, une autre motivation du président turc n’était pas exprimée ouvertement, mais on a vite compris qu’elle faisait partie intégrante d’un éventuel compromis : la fin des embargos suédois et finlandais sur les ventes d’armes à la Turquie. Une décision prise par les deux pays en 2019, en représailles à l’intervention de la Turquie dans le nord-est de la Syrie. Cette demande a également été acceptée par les deux pays candidats.

►À lire aussi : Otan : Erdogan avertit qu'il pourra toujours bloquer la Suède et la Finlande

La grande habileté d’Erdogan

Et voilà pourquoi et comment Ankara a finalement renoncé à s’opposer à l’entrée de ces deux États dans l’Otan. On peut dire donc qu'Erdogan a su marchander son « oui » final avec maestria et obtenir à peu près tout ce qu’il demandait. Une séquence qui révèle la grande habileté doublée d’une vraie fermeté d'Erdogan. Il a su jouer sur l’importance que revêt son pays au sein de l’Otan : grand pays situé entre l’Europe et l’Orient, qui accueille une base militaire de l’Otan indispensable, et qui fournit un des contingents militaires les plus importants à l’alliance. Joli coup, au détriment des militants kurdes une nouvelle fois sacrifiés sur l’autel de la realpolitik.

Du coup, Erdogan se permet même de demander une vraie solidarité aux alliés de l’Otan face au terrorisme. Il renforce sa position au sein de l’Otan après avoir démontré que rien ne peut se faire sans lui. Et se pose à nouveau en médiateur entre Moscou et Kiev. Surfant actuellement sur sa position d’ambiguïté, proche de l’Otan et continuant à parler avec la Russie.

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