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Le grand invité Afrique

Gabon: l’ex-parti au pouvoir (PDG) «prend acte du changement de régime» affirme Luc Oyoubi

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Au Gabon, alors que la formation du gouvernement de transition est en cours, l’ancien parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG), s’est exprimé pour la première fois sur le putsch et la situation du pays dans une déclaration publiée jeudi, d’abord, puis hier vendredi, au micro de François Mazet à Libreville. Pour Luc Oyoubi, premier secrétaire général adjoint du PDG, le parti « prend acte du changement intervenu et se dit disposé à participer à la transition ». En revanche, pas un mot pour les cadres du parti incarcérés, dont le secrétaire général Steeve Nzegho Dieko.

Luc Oyoubi, premier secrétaire général adjoint de l'ex-parti au pouvoir, le Parti Démocratique Gabonais (PDG)
Luc Oyoubi, premier secrétaire général adjoint de l'ex-parti au pouvoir, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) © pdg-gabon.org
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RFI : Comment jugez-vous le début de la transition ? Est-ce que vous l’acceptez et vous vous y ralliez ?

Luc Oyoubi : Au niveau du parti, nous nous sommes réunis et nous avons pris acte du changement de régime, donc nous sommes disposés à participer à la transition, notamment à la restructuration des institutions. Nous sommes un parti expérimenté et nous pensons que tous les Gabonais doivent se mettre ensemble pour aller de l’avant. C’est vrai que nous avons fait plusieurs décennies au pouvoir et qu’il y avait beaucoup d’aspiration au changement dans le pays. Maintenant, c’est cette forme de changement qui est arrivée, et c’est pour ça que nous disons que nous prenons acte du changement qui est intervenu.

Le choix de Raymond Ndong Sima [comme premier ministre de transition] est un bon choix selon vous ?

Le choix de Raymond Ndong Sima est un très bon choix. Si on m’avait demandé de proposer quelqu’un, c’est Raymond Ndong Sima que j’aurais proposé. Tout simplement parce que c’est quelqu’un qui est très rigoureux, qui est très méthodique dans sa façon de travailler, et pour moi les problèmes ce sont d’abord des problèmes budgétaires. C’est un brillant économiste praticien qui saura probablement nous proposer des solutions pour ces questions budgétaires.

Il y a forcément des questions qui se posent : est-ce que le PDG peut survivre politiquement sans la famille Bongo ?

Nous espérons que le PDG va survivre politiquement, avec ou sans la famille Bongo. Tout dépendra de l’évolution des choses. Il y a plusieurs partis qui vivent et qui n’ont pas de chef d’État à leur tête, donc le PDG peut très bien survivre sans chef d’État à sa tête.

Mais vous, vous ne l’avez jamais fait, ce serait quelque chose de nouveau après quasiment six décennies et vous êtes un parti quasi d’État.

Nous allons apprendre à le faire, et nous savions bien que le changement devait arriver.

Est-ce que vous ressentez, ou est-ce que vous craignez, une hostilité de la population à votre égard ?

Lorsqu’il y a un changement de régime, généralement, il y a une hostilité par rapport au régime sortant, donc ça, c’est inévitable. Mais pour l’instant, il n’y a pas d’animosité grandiose. Moi, je pense que le plus important, c’est d’accompagner la transition, que tous les Gabonais accompagnent la transition, et qu’on puisse voir les résultats à la fin. Une animosité par rapport au PDG n’aurait aucune valeur ajoutée à mon avis.

Vous avez remercié le président de transition pour avoir libéré Ali Bongo, mais vous n’avez rien dit sur les autres personnes actuellement emprisonnées, dont le secrétaire général du parti, pourquoi ?

Nous avons effectivement exprimé notre satisfaction par rapport à la libération de notre président de parti [Ali Bongo, NDLR], mais par rapport aux autres personnes incarcérées, le débat n’a vraiment pas eu lieu, donc personne n’a proposé qu’il y ait un mot pour les autres. Et ce n’est pas très étonnant, parce que le travail qui était fait par ces jeunes aux côtés du président n’était pas bien apprécié, n’était pas approuvé par beaucoup de militants. Ils ont eu un rôle aussi bien au niveau de l’État que du parti qui n’était pas du tout celui que les militants attendaient. Vous avez l’exemple concret de tous ces billets de banque qu’on trouve dans des maisons, dans des bureaux, alors que sur le terrain, nous qui étions sur le terrain, on a vu nos candidats trimer, on a vu nos candidats en difficulté, parce qu’ils n’ont pas eu autant de moyens que, par exemple, en 2018. Et lorsqu’à la fin vous découvrez que des gens ont stocké de l’argent dans leur maison, alors qu’on avait besoin de cet argent pour se battre sur le terrain, ceci ne peut pas rencontrer l’assentiment des militants de base.

Ces gens qui sont aux arrêts, est-ce que vous les rendez responsables de la mauvaise gestion du pays, de la chute du président et de la défiance envers le PDG et le système ?

Plusieurs camarades me disaient - à moi, parce que dans ma position de SGA [secrétaire général adjoint, NDLR] les gens s’imaginent peut-être que je vois le grand patron - : « Il faut aller dire au grand patron que nous sommes d’accord de voter pour lui, mais nous ne voulons pas des jeunes qui sont à ses côtés. » Ce qui fait que quand on a fait nos réunions, personne n’a proposé qu’on puisse dire un mot pour ces camarades.

Est-ce que l’heure est à l’auto-critique au sein du PDG par rapport à la gestion du pouvoir ?

Nous sommes régulièrement en auto-critique, et les congrès, les différents congrès, ont toujours été l’occasion de faire notre auto-critique. Lorsque vous allez voir les rapports de notre congrès, vous verrez que tous les maux qui sont dénoncés par l’opposition, et aujourd’hui par la transition, sont mentionnés dans les différents rapports de notre congrès. Donc les militants énuméraient tous ces maux en espérant les porter à la connaissance [du parti].

Ali Bongo demeure le président du PDG, ça ne fait aucun doute pour vous ?

Bien sûr qu’il reste le président du Parti démocratique gabonais, il est en liberté, donc il reste le président de notre parti.

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