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Européen de la semaine

Salomé Zourabichvili, une présidente géorgienne en résistance face à la Russie

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C’est la plus française des chefs d’État étrangers. La présidente de la Géorgie – ancien pays soviétique de près de 4 millions d’habitants – est engagée dans un bras de fer avec son gouvernement pro-russe. Salomé Zourabichvili a échappé cette semaine à sa destitution réclamée par le parti au pouvoir.

La présidente géorgienne Salomé Zourabichvili, lors d'une réunion au siège de l'UE à Bruxelles, le 13 mars 2023.
La présidente géorgienne Salomé Zourabichvili, lors d'une réunion au siège de l'UE à Bruxelles, le 13 mars 2023. © AFP - KENZO TRIBOUILLARD
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La France est sa première patrie, ses grands-parents et son père y ont fui l'invasion soviétique de 1921. Salomé Zourabichvili fera une carrière diplomatique fulgurante, elle enchaîne les postes à l'étranger avant d'être nommée en 2003 ambassadrice de France en Géorgie. Quinze ans plus tard, la fille de Géorgiens exilés est élue présidente de Géorgie.

Mais aujourd'hui, elle vit une cohabitation plus que difficile avec son ancien allié devenu son principal opposant : Irakli Garibachvili. Le Premier ministre défend un rapprochement avec la Russie. C’est lui qui a la majorité au Parlement, lui qui a le plus de pouvoir. Alors Salomé Zourabichvili est-elle pieds et poings liés ?

« Elle a très peu de pouvoir. Ses pouvoirs se sont réduits comme peau de chagrin ces dernières années, il y a eu des réformes constitutionnelles qui ont encore réduit les pouvoirs du président. Aujourd’hui, elle essaie de garder une distance équivalente entre l’opposition et le leader informel du pays, tout en s’opposant au gouvernement qui, d’après elle, mène le pays dans une direction opposée à la direction traditionnelle, très pro-européenne et très pro-occidentale », explique Tornike Gordadze, professeur à Sciences Po Paris et ancien ministre géorgien.

Une présidente presque sans pouvoirs et un gouvernement qui multiplie les gestes envers la Russie malgré la guerre en Ukraine. Pas de sanctions économiques contre Moscou, retour des vols directs entre les deux pays… Tout l’inverse du reste de l’Europe occidentale.

Cette influence pro-russe, Salomé Zourabichvili l’a dénoncée dès 2019 lors d’un mouvement de protestations contre Moscou. « Je pense que dans ce pays, et dans d’autres pays, il y a des tentatives de déstabilisation. Et c’est quelque chose qui doit vraiment nous inquiéter. On doit faire attention. C’est très facile dans un pays comme le nôtre de jouer sur les sentiments de la population et de monter les uns contre les autres », déclarait-elle sur l’antenne d’Euronews au moment de ces manifestations.

Un combat pro-européen

Salomé Zourabichvili a pu lancer le processus d’adhésion à l’Union européenne. Bruxelles dira en décembre si sa candidature est retenue. Une décision hautement stratégique. Pour l’observateur Tornike Gordadze, l’UE ne prendra pas le risque de voir la Géorgie s’éloigner du camp européen. « Très clairement, le gouvernement fait tout pour être en contradiction totale avec cet objectif de la Géorgie. L’Union européenne, de son côté, tente d’avoir une vision géopolitique : si on ne donne pas le statut à la Géorgie maintenant, l’influence russe ne va faire que grandir davantage. Le risque est également réel de voir la Géorgie décrocher de ce trio parmi les pays du partenariat oriental, l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie, et de se retrouver encore plus sous influence russe », précise l'ancien ministre.

Les prochaines élections législatives en 2024 seront cruciales. Encore faut-il que l’opposition parvienne à se rassembler et que le scrutin soit propre. « Ce qui est important, c'est que ces élections législatives se déroulent dans des conditions honnêtes, ce qui n’est pas du tout garanti. Les dernières élections en Géorgie ont été marquées par des violations, par l’emploi massif de corruption, d’achats de votes… La communauté internationale et surtout l’Union européenne devrait lier la question de l’adhésion à cette question d’élection », souligne Tornike Gordadze.

À 71 ans, Salomé Zourabichvili n’est pas candidate à sa succession, mais son combat pro-européen reste soutenu par plus de 80% de la population.

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