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Chronique des matières premières

Diamant: De Beers cède du terrain au Botswana

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Les autorités de Gaborone viennent d'obtenir un rééquilibrage du contrat qui les lie au diamantaire De Beers. Un accord obtenu après des mois de négociations, pour ne pas dire de bras de fer.

Le président botswanais Mokgweetsi Masisi tenant un diamant à Gaborone, le 16 juin 2021.
Le président botswanais Mokgweetsi Masisi tenant un diamant à Gaborone, le 16 juin 2021. © AFP / MONIRUL BHUIYAN
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La vidéo de la signature du nouvel accord conclu entre le diamantaire et le président botswanais donne le ton. On y voit un chef de l'État, tout sourire, et le PDG de De Beers, sur la réserve. L'accolade qui suit la signature dure plusieurs secondes, mais ne fait pas oublier, aux yeux des connaisseurs, des mois de négociations tendues conclues in extremis alors qu'arrivait à échéance l'ancien accord.

En février, le président Masisi avait annoncé vouloir instaurer une nouvelle ère et n'excluait pas de se séparer du numéro un mondial du diamant. Rarement une négociation s'était déroulée avec autant de déclarations publiques, confie un expert. Rarement aussi des discussions ont débouché sur un accord profondément remanié, au profit de l’État concerné.

Un meilleur accord sur les ventes pour Gaborone

Concrètement, la nouvelle entente prévoit une extension de 25 ans des licences d'exploitation minière du diamantaire et surtout un nouvel accord de vente des diamants bruts, sur dix ans, avec une part plus importante pour Gaborone : de 25 %, elle passe à 30 % et évoluera jusqu'à atteindre 50 % la dernière année du contrat. Un bonus indéniable pour le Botswana, qui a aussi créé un Fonds pour le développement et la diversification de l'économie du pays alimenté par De Beers à hauteur de 75 millions de dollars pour la première année et potentiellement d'autant les années suivantes.

Mathématiquement, avec le nouvel accord de vente, les Botswanais vont avoir plus de diamants à proposer directement, hors des circuits de De Beers. « Un vrai challenge » selon un de nos interlocuteurs, car le pays devra composer un peu plus avec le marché quand celui-ci n’est pas porteur. C’était le cas au mois de mai : Okavango Diamond Company, la société d'État, n'a réussi à vendre qu’un tiers de ce qu'elle avait à offrir.

De Beers « affaibli »

De Beers, en revanche, va perdre des volumes de diamants à proposer à ses clients et « sort affaibli » de la négociation, assure un acteur de la filière. En devenant moins attractif comme fournisseur, le géant du diamant devient aussi moins attrayant pour les investisseurs. Cette nouvelle donne pourrait très vite questionner l'avenir de De Beers au sein du groupe Anglo American, selon plusieurs sources.

Il n’est pas exclu non plus que l’accord signé au Botswana entraîne une nouvelle dynamique et donne envie à plusieurs pays, tels que la Namibie ou l'Afrique du Sud, de revoir leurs contrats avec De Beers. Dans l'immédiat, l'accord rassure cependant tous les acteurs du marché qui, face à l'incertitude, craignaient une rupture d'approvisionnement. La production de De Beers, numéro un mondial du diamant, dépend en effet à 70 % du Botswana.

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