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C'est dans ta nature

Chère jachère

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À l'heure où s'ouvre à Paris le Salon de l'agriculture, gros plan sur les bienfaits de la mise au repos de champs agricoles, bénéfique pour les sols, la biodiversité et donc pour les paysans.

Champ en jachère avec diverses plantes en Seine-et-Marne.
Champ en jachère avec diverses plantes en Seine-et-Marne. © Getty Images - Christophe Lehenaff
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Elle était encore bien visible, et bien audible, la colère des agriculteurs français samedi 24 février à l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris. Depuis un mois, pourtant, le gouvernement tente de répondre à leurs doléances, ainsi que la Commission européenne, puisque le mouvement est européen, de la Pologne à l'Espagne. Bruxelles a ainsi assoupli l'obligation de mettre 4% des terres en jachère, une mesure entrée en vigueur le 1er janvier dernier pour que les agriculteurs puissent percevoir les aides de la PAC, la Politique agricole commune.

La jachère, le fait de laisser un champ sans culture pendant au moins un an, est presque aussi vieille que l'agriculture, et « fait partie du bon sens paysan », souligne Cécile Claveirole, vice-présidente de France Nature Environnement. Sous l'Antiquité déjà, on pratiquait la jachère, pour laisser la terre se reposer, se régénérer.

« Le sol est un grand composteur »

Si dans les années 1990, la Commission européenne imposait des jachères pour limiter la baisse des prix face à la surproduction agricole, il s'agit bien aujourd'hui de respecter un cycle vertueux. « Le sol est en fait un grand composteur », explique Cécile Claveirole, en charge de l'agriculture et de l'alimentation au sein de France Nature Environnement, qui dessine un cercle avec sa main pour illustrer « ce cycle infini où la nature sème une graine ; la graine va pousser, va faire des feuilles, des tiges, des racines qui vont venir se décomposer sur le sol. Dans ce sol, il y a beaucoup de toutes petites bêtes, des milliards de bactéries, de champignons qui viennent décomposer la matière. Cette matière organique sera la source d'une nouvelle vie la prochaine fois qu'il y aura des nouvelles graines qui vont germer dans le sol. »

Laisser un champ en jachère, c'est le laisser se reposer quand les cultures humaines épuisent ses ressources. Laisser le cycle de la vie naturelle reprendre son cours, laisser pousser « les mauvaises herbes qui n'en sont pas », le temps que la terre se régénère. La jachère a un autre avantage : un sol à l'état naturel, sans labour, c'est aussi un sol qui retient mieux l'eau de pluie. « L'eau va s'infiltrer doucement du fait qu'il y a de la matière végétale en surface, qui va amortir les gouttes de pluie qui tombent, précise Cécile Claveirole. Le sol est une éponge. Et quand il y a des racines dans le sol, de la matière organique en décomposition, l'éponge a un pouvoir absorbant de plus en plus fort, beaucoup plus fort que quand le sol est nu ou tassé. »

Pas de culture sans nature

La jachère est bonne pour la terre, bonne pour l'eau, et bonne aussi pour la biodiversité, puisque la mise entre parenthèses d'une monoculture permet le retour de la diversité florale, et donc de la faune, insectes et oiseaux. La nature est un équilibre. Les animaux sont des alliés naturels de l'agriculture, en s'attaquant aux parasites et autres nuisibles. « Deux études de l'Inrae, l'Institut national de la recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, ont montré d'une part que les pesticides tuent la biodiversité, et d'autre part, à l'inverse, que la biodiversité est indispensable pour se passer des pesticides », rappelle Cécile Claveirole.

C'est l'un des paradoxes de cette crise agricole : la remise en cause de normes environnementales qui protègent l'environnement, mais aussi la santé des agriculteurs et la qualité de leurs sols et de leurs produits. « Il ne devrait pas, il n'y a pas d'opposition entre la nature et la culture, entre la biodiversité et l'agriculture », conclut la vice-présidente de France Nature Environnement, Cécile Claveirole. Tout simplement parce que toutes les nourritures sont dans la nature.

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