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Afrique économie

Au Kenya, les écrivains peinent à se faire publier

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Du très renommé Ngugi wa Thiong’o, à des auteurs plus contemporains comme Yvonne Adhiambo Owuor, la littérature kényane bourgeonne. Les lecteurs sont de plus en plus avides de récits locaux. Mais se faire publier reste un défi pour de nombreux écrivains, surtout à leurs débuts. Il faut parfois se tourner vers l’étranger ou publier à compte d’auteur.

Se faire publier reste un défi pour de nombreux écrivains kényans, surtout à leurs débuts.
Se faire publier reste un défi pour de nombreux écrivains kényans, surtout à leurs débuts. © CC0 Pixabay/Pexels
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De notre correspondante à Nairobi,

Les rayons de Soma Nami à Nairobi sont remplis d’auteurs du continent. La librairie indépendante se revendique panafricaine. Elle vient aussi de lancer sa propre maison d’édition. Wendy Njoroge, une des cofondatrices, explique : « Il y a des lacunes au Kenya en termes de publications d’œuvres de fiction ou de littérature non fictionnelle. Peu de maisons d’édition s’y risquent. Notre objectif, c’est de pouvoir faire découvrir des récits est-africains au reste du monde. Beaucoup de films sont tirés de livres. L’idée serait même que le livre soit une première étape pour nourrir un paysage plus large avec des histoires est-africaines. »

Kiarie Kamau est bien conscient de ces lacunes, malgré des demandes du public pour de la littérature kényane. Il est PDG d’une maison d’édition et président de l’Association des éditeurs au Kenya. « Le secteur de l’édition est très dynamique au Kenya, mais principalement dans un domaine : celui des manuels scolaires, explique le professionnel de l’édition. Je dirais qu’ils représentent entre 85 à 90% des livres publiés. Et ce parce qu’ils assurent des revenus presque immédiats, surtout si l’on répond à un appel d’offres du gouvernement qui sont généralement payés dans les six à huit mois. Pour la fiction, la rentabilité est plus longue, ça demande aux maisons d’édition d’avoir plus de capital. »

Publication à compte d'auteur

Face à ces difficultés, Joan Thatiah a décidé d’auto-éditer ses œuvres. Elle le reconnaît, l’investissement est risqué. L’écrivaine dit avoir dépensé un peu plus de 1 500 euros pour obtenir 1 000 copies de son premier livre. « J’ai dû chercher un rédacteur, un designer pour le livre, puis il y a tout l’aspect juridique, les copyrights, et enfin l’impression qui coûte très cher, détaille-t-elle. Et à la fin, on ne sait pas si les livres vont se vendre. J’y ai mis toutes mes économies, c’était un vrai pari ! »

Aujourd’hui, Joan ne regrette pas sa décision, car elle réussit désormais à vivre de son métier d’écrivaine. « C’est beaucoup de travail, mais pour moi, la publication à compte d’auteur est plus rentable que si j’étais passée par une maison d’édition », assure-t-elle. Sur ses neufs livres, seul un a été publié par une maison d’édition, au Nigeria. « Je tire comme profit environ 50% des revenus des livres vendus, contre 10% que me promettait une maison d’édition kényane », précise encore Joan Thatiah.

Forte de cette expérience, l’écrivaine aide aujourd’hui les plumes kényanes débutantes à naviguer dans le milieu de l’autoédition et ainsi encourager l’essor de la littérature kényane.

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