Burkina Faso: le chapeau de Saponé labellisé et protégé

Au Burkina Faso, d'abord un produit culturel, le chapeau de Saponé est aujourd'hui devenu un produit commercial. Le processus de labellisation ayant pris fin, ce chapeau conique qui est l'un des emblèmes du pays est désormais reconnu comme un produit du terroir de la commune de Saponé. Et seuls les habitants de cette commune auront le droit d’en produire et d’en commercialiser. Une aubaine pour ces milliers de personnes qui vivent de la vente de ces chapeaux.

Le chapeau de Saponé au Burkina Faso. © RFI / Sayouba Traoré

Pour le tissage des chapeaux, les femmes sont en première ligne. Mais ce sont les hommes qui fournissent la matière première, le raphia sudanica, ramené depuis la frontière avec le Ghana.

Abdoulaye Compaoré est l’ex-maire de la commune de Saponé : « Il y a toute une chaîne de production. Il y a ceux qui apportent la matière première, ceux qui confectionnent les chapeaux, ceux qui tannent le cuir et ceux qui mettent les couleurs... »

Sur le plan commercial, le chapeau de Saponé ne manque pas de clientèle. Le produit s’écoule bien sur les marchés selon Bernard Ouédraogo, l’un des chapeliers : « Pour l'écoulement, ça dépend des commerçants qui viennent acheter chez nous. On peut vendre cent à deux cent chapeaux ; parfois même mille. Car il y a des commerçants qui viennent de loin et ils en achètent beaucoup ».

Un prix qui sera multiplié par deux

Avec la fin du processus de labellisation et la remise du certificat d’indication géographique protégée, une étiquette sera désormais apposée sur le chapeau de Saponé pour éviter les contrefaçons.

Denis Bohoussou est le directeur général de l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle : « Si quelqu'un importe du chapeau de Saponé, cela devient de la contrefaçon et les autorités pourraient retirer ces produits de la vente. Comme vous le savez, les produits qui ont une authenticité font l'objet de beaucoup de copies illicites, et la protection vise à empêcher les copies illicites et à préserver la part de marché des producteurs ».

Autrefois vendu l’unité à 2 500 francs CFA, soit 3,80 euros, le prix sera multiplié par deux en fonction de la qualité du produit, selon Serge Zongo, secrétaire général de la Société coopérative simplifiée des producteurs de chapeau de Saponé : « Au regard de la valeur ajoutée au chapeau, si vous voulez un bon chapeau, les prix commencent à quatre mille francs CFA, jusqu'à dix mille, voire davantage, en fonction des motifs de décoration du chapeau ».

Il ne reste plus qu’aux producteurs de chapeaux de se mettre à niveau pour conquérir le marché international.