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Le monde en questions

Haut-Karabakh: une défaite humiliante pour les soldats arméniens?

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Un accord de cessez-le-feu dans le Haut-Karabakh, a été signé, dans la nuit de lundi à mardi, entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sous l’égide de la Russie. Ce cessez-le-feu s’apparente-t-il à une défaite humiliante pour les soldats arméniens ?

Des soldats arméniens marchent sur la route près de la frontière entre le Haut-Karabakh et l'Arménie, dimanche 8 novembre 2020.
Des soldats arméniens marchent sur la route près de la frontière entre le Haut-Karabakh et l'Arménie, dimanche 8 novembre 2020. AP Photo
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C’est précisément cette évolution de la situation militaire sur le terrain, au profit de l’Azerbaïdjan, et au détriment de l’Arménie, qui a permis cette fois à Moscou d’imposer un arrêt des combats après trois tentatives infructueuses.

Cet arrêt des combats, qui gèle les positions acquises par les belligérants au jour de la signature du texte, a été une véritable douche froide pour de nombreux Arméniens, sans doute bernés par des communiqués plutôt optimistes des autorités de Erevan. La stupeur donc, puis la colère : les manifestants arméniens reprochent à leur Premier ministre Nikol Pachinian de les avoir trompés.

Pachinian, lui, explique qu’il s’est résolu à signer le cessez-le-feu pour stopper l’offensive azerbaïdjanaise et conserver encore une partie du Haut-Karabakh sous influence arménienne. Il souhaite conserver aussi le lien avec l’Arménie, par le corridor de Latchine, une bande de terre de 5 kms dont la sécurité sera garantie par la Russie.

L’offensive azerbaïdjanaise a fonctionné

Les soldats du président Aliev, aidés par des jihadistes syriens envoyés par la Turquie, ont récupéré plusieurs districts contrôlés jusque-là par les Arméniens, autour de l’enclave du Haut-Karabakh mais aussi dans la province elle-même, au sud et au nord. Et symboliquement, la capitale historique de l’enclave, la ville de Chouchi, à 15 kilomètres seulement de la capitale provinciale de Stepanakaert, est elle aussi sous leur contrôle. C’est donc une grande victoire pour le président Aliev.

C'est aussi un revers cinglant pour Nikol Pachinian. Arrivé au pouvoir en 2018 à la suite d’une révolution pacifique dans l’enthousiasme, il se retrouve conspué par une partie de la population arménienne.

Ce Premier ministre, qui voulait être plus indépendant vis-à-vis de Moscou, voit son avenir politique compromis. Et certains soupçonnent Vladimir Poutine d’avoir tout fait pour que la défaite de l’Arménie dans le Haut-Karabakh entraîne la chute de monsieur Pachinian, pour remettre en selle à Erevan la vieille garde pro-russe chassée du pouvoir en 2018.

La Russie, et aussi la Turquie, apparaissent comme les grands gagnants

Ce cessez-le-feu renforce le rôle de médiateur de Moscou dans le sud Caucase même s’il s’agit d’un simple arrêt des combats, et pas d’un accord de paix. En revanche, le statut du Haut-Karabakh et les conditions de retour des réfugiés arméniens chez eux ne sont pas entérinés. Tout est gelé, cette fois, au profit de Bakou.

Quant à la Turquie, elle n’est pas mentionnée directement dans l’accord de cessez-le-feu mais elle apparait comme l’autre gagnant de ce conflit. Son soutien militaire et politique à Bakou a sans doute facilité la victoire de l’Azerbaïdjan et consacré sa montée en puissance dans le Caucase du Sud.

Il y a donc deux gagnants. Ce qui souligne par contraste l’effacement des États-Unis et de l’Europe dans cette région. Le groupe de Minsk, composé de la Russie, des États-Unis et de la France, a été particulièrement inefficace dans cette crise.

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