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Italie: l'ancien ministre Matteo Salvini en accusation, quel impact politique?

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Retour sur la décision du Sénat italien de retirer son immunité parlementaire à Matteo Salvini, l’ancien ministre de l’Intérieur et leader du parti populiste La Ligue. Ce qui ouvre la voie à son renvoi en justice pour sa gestion du dossier des migrants. Quel peut être l’impact politique de cette décision ?

Le tribunal de Catane poursuit Matteo Salvini pour « abus de pouvoir et séquestration de personnes ».
Le tribunal de Catane poursuit Matteo Salvini pour « abus de pouvoir et séquestration de personnes ». REUTERS/Guglielmo Mangiapane
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Il faut dire que c’est une initiative du tribunal de Catane en Sicile, qui accuse Matteo Salvini, alors ministre de l’Intérieur, d’avoir bloqué 116 migrants à bord du navire le Gregoretti pendant plusieurs jours l’été dernier. Salvini s’était montré intransigeant : il avait refusé pendant une semaine qu’ils puissent débarquer.

Il avait fallu l’intervention de l’Église italienne et surtout un accord de répartition conclu avec cinq pays européens pour que le ministre de l’Intérieur donne le feu vert au débarquement de ces migrants. Le tribunal de Catane le poursuit pour « abus de pouvoir et séquestration de personnes ». Il risque jusqu’à 15 ans de prison et une peine d’inéligibilité de six à huit ans. Et cette semaine, c’est le Sénat italien qui a rendu possible son renvoi en justice en votant la levée de son immunité.

► À lire aussi : Migrants séquestrés, feu vert du Sénat italien pour un procès contre Salvini

Face à l’adversité, le leader populiste a réagi… à la Salvini, c’est-à-dire avec fougue et provocation. Il se dit victime d’un procès politique, et justifie sa politique migratoire dure par son patriotisme et déclare  qu’il devait « défendre les frontières. […] La défense de la patrie est un devoir sacré ». Et puis il contre-attaque : devant les sénateurs, il s’en est pris aux représentants du Mouvement 5 étoiles, ses anciens alliés au sein du gouvernement dirigé par Giuseppe Conte, pour souligner qu’à l’époque, personne ne s’est opposé à lui, et que la décision de bloquer les ports aux migrants était non pas une décision personnelle de sa part, mais une politique collégiale, validée par l’ensemble du gouvernement. Bref, il n’a pas l’intention de porter le chapeau tout seul.

Affaiblir Salvini : un calcul risqué

Alors, quel peut être l’impact politique de cette décision ? Clairement, ses ennemis politiques, le Mouvement 5 étoiles et le Parti démocrate, en coalition depuis 4 mois, espèrent bien l’affaiblir avec cette affaire. Mais c’est un calcul risqué : d’abord parce que les délais des procédures judiciaires en Italie sont longues. Et donc, avant que Salvini soit éventuellement condamné, il se sera passé beaucoup de choses. Ensuite, parce que rien ne dit que sa popularité chez ses partisans sera diminuée avec cette mise en accusation, peut-être même bien au contraire.

Quant au chef de la Ligue, il ne relâche pas la pression : il continue à réclamer des élections générales anticipées, bien avant la date normale de mai 2023 – car il lit les sondages : la Ligue, même en légère baisse, est créditée de 28 à  30 % des intentions de vote. Et ce procès qui se profile va sans doute lui servir d’argument de campagne permanent. Ainsi, sans le vouloir bien sûr, les sénateurs opposés à Matteo Salvini viennent peut-être de lui rendre un fier service.

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