Accéder au contenu principal
À la Une en Asie

Inquiétudes sur la régression de la démocratie en Corée du Sud

Publié le :

Les atteintes répétées à la liberté d’expression depuis l’arrivée au pouvoir du président Yoon Suk-yeol en 2022 font notamment couler beaucoup d’encre en Corée du Sud. Un de ses conseillers a récemment été contraint de démissionner après avoir intimidé des journalistes. Les scandales s’accumulent à tel point que des organisations se sont mobilisées pour dénoncer les dérives du pouvoir conservateur.

Manifestations à Séoul, en Corée du Sud, le 21 février 2024. (Image d'illustration)
Manifestations à Séoul, en Corée du Sud, le 21 février 2024. (Image d'illustration) © Kim Soo-Hyeon / Reuters
Publicité

Des artistes, des journalistes, des professionnels du secteur du divertissement, plutôt proches du camp démocrate, se sont insurgés contre la censure et la volonté du gouvernement conservateur de « bâillonner » les idées d’opposition. Le dernier épisode en date implique Hwang Sang-moo, conseiller du président. Il aurait menacé de représailles physiques les journalistes s’opposant au chef de l’État. Hwang a fait référence à un journaliste poignardé durant la dictature pour s’être intéressé de trop près aux affaires de l’armée. Une déclaration faite sous le ton de la « blague », selon le camp conservateur. Mais six jours plus tard, il a tout de même dû démissionner afin de ne pas trop froisser l’opinion publique à quelques semaines des élections législatives.

À lire aussiCorée du Sud : le troisième sommet de la démocratie s'ouvre à Séoul avec quelques critiques

La liberté d’expression est devenue un sujet de campagne

Pour le camp démocrate, très clairement. Il faut dire que les attaques de la part du pouvoir se sont répétées. Sur la presse tout d’abord. Un procureur spécial a été nommé pour enquêter sur les journalistes coupables de diffamation, une notion floue en Corée du Sud. Plusieurs journalistes et rédactions ont fait l’objet de perquisition. L’une des plus grandes chaînes de télévision publique, MBC, s’est vu refuser l’accès à l’avion présidentiel et a perdu des financements publicitaires à la suite de reportages jugés trop critiques. D’autres médias publics ont vu leur budget fondre et l’impartialité de l’organe de contrôle des médias a été remise en cause. Il est désormais composé de deux membres, nommés directement par le président de la République.

À lire aussiCorée du Sud: l'hostilité du président Yoon Suk-yeol à l'égard des médias fait craindre des actes de censure

La presse n’est pas la seule visée 

Les incidents concernent de nombreuses voix dissidentes, avec des scènes très violentes. Un étudiant interpellant le président lors d’une cérémonie de remise de diplômes et un élu d’opposition ont été escortés violemment par les services de sécurités de Yoon Suk-yeol. À deux reprises, les gardes du corps les ont même empêchés physiquement de parler en mettant la main sur leur bouche alors qu’ils les sortaient de la salle manu militari.

Des manifestations ont aussi été dispersées de façon musclée, une pratique relativement rare en Corée ces dernières années. À cela s'ajoutent des entraves aux rassemblements des militants de la cause LGBT+. Ils rencontrent des difficultés à obtenir des autorisations pour la marche des fiertés, traditionnellement organisée devant la mairie. Mais la municipalité, aussi contrôlée par le Parti conservateur, a préféré octroyer l’autorisation à des rassemblements chrétiens prônant les valeurs familiales opposées à l’homosexualité. Le monde artistique dénonce aussi le manque d’impartialité dans les choix de financement public, les projets critiques étant rejetés. Toutes ces dérives rappellent en partie les méthodes utilisées durant la dictature militaire. Ces éléments ont conduit des chercheurs du V-Dem Institute, en Suède, à qualifier la Corée du Sud comme l’un des rares cas de recul démocratique sur la planète.

Le pays est passé du 28e au 47e rang du classement annuel mesurant la qualité des démocraties. À voir désormais si ces dérives seront sanctionnées ou non par les Sud-Coréens dans les urnes ; réponse lors des législatives le 10 avril.

À lire aussiCorée du Sud : une épidémie de «deepfakes» fait rage avant les élections

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.