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Philippines: les rivalités entre les puissants clans au pouvoir Marcos et Duterte éclatent au grand jour

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Rien ne va plus entre l’ex-dirigeant populiste Rodrigo Duterte et l’actuel président Ferdinand Marcos Junior, fils de l’ancien dictateur, qui en mai 2022 avait remporté haut la main la présidentielle en s’alliant à Sara Duterte, la fille de l'ancien chef de l'État. L’« unité » de façade de ce ticket gagnant ne cesse depuis de se fracturer.

Philippines' President Ferdinand Marcos Jr., delivers his speech during the 88th anniversary of the Armed Forces of the Philippines at Camp Aguinaldo military headquarters in Quezon city, Philippines
Le président philippin Ferdinand Marcos Junior prononce son discours lors du 88ᵉ anniversaire des forces armées des Philippines au quartier général militaire du Camp Aguinaldo à Quezon City, aux Philippines, le jeudi 21 décembre 2023. AP - Aaron Favila
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Ces rivalités s’accentuent, car chacun des deux camps cherche à consolider ses soutiens et à s’assurer des postes clés avant les élections de mi-mandat en 2025 et la présidentielle de 2028. Même s’il est encore trop tôt pour faire des pronostics, la vice-présidente Sara Duterte est donnée favorite dans un récent sondage. Un signe annonciateur de luttes de pouvoir féroces qui se sont d’ailleurs matérialisées ces derniers jours, à travers des menaces, des accusations de toxicomanie et des rumeurs de coup d’État.

Le déclenchement des hostilités

Fin janvier, Rodrigo Duterte s'est rendu sur l’île de Mindanao dans son fief de Davao, sa région natale où il a longtemps été maire avant de devenir président. Devant un public conquis, habitué aux mots fleuris et provocateurs de celui qu’on a surnommé le « Trump philippin », Duterte a accusé son successeur d’être un toxicomane. Dès le lendemain, avant de s’envoler au Vietnam, le président Marcos a répliqué : « Je crois que c’est le fentanyl, l’analgésique le plus puissant que vous puissiez acheter… après 5 ou 6 ans, cela doit l’affecter », a-t-il déclaré moqueur devant des journalistes.

Nouvelle phase d’instabilité

Duterte soupçonne l’administration Marcos de vouloir amender la Constitution, pour pouvoir rester au pouvoir plus longtemps et mettre Sara Duterte hors-jeu. Aux Philippines, les présidents ne peuvent exercer qu’un seul mandat de six ans. Il est vrai que le président Marcos s’était dit favorable à des modifications de la Constitution, mais uniquement dans le but – disait-il - de supprimer certaines restrictions sur les investissements étrangers.

Plus grave encore, Duterte avait appelé à la sécession de Mindanao, la deuxième plus grande île de l’archipel, connu pour ses mouvements de rébellion qui demandent l’indépendance et qu’il avait d’ailleurs combattu lorsqu’il était chef de l’État. Cela a évidemment créé beaucoup de nervosité au sommet de l’État. Dimanche 4 février, le chef des forces armées des Philippines a rendu visite aux troupes dans les bases militaires de Mindanao et leur a demandé d’être loyales envers les autorités constitutionnelles. Par ailleurs, des rumeurs, démenties depuis, évoquaient un complot visant à renverser Marcos Junior.

CPI et politique étrangère

Deux grands sujets exacerbent les tensions. D’abord une question qui concerne directement Rodrigo Duterte qui avait lancé durant son mandat une sanglante guerre anti-drogue qui a fait des milliers de morts et des centaines de milliers de personnes emprisonnées. En 2021, la Cour pénale internationale avait ouvert une enquête sur des soupçons de crime contre l’humanité. Mais les Philippines s’étaient retirées dès 2019 de la CPI.

En novembre, Marcos avait évoqué la possibilité pour Manille de rejoindre la CPI, même s’il a plus tard affirmé que son gouvernement ne coopérerait pas à l’enquête. On ignore ce qui se cache derrière les coulisses, mais on peut imaginer que Marcos utilise cela comme un outil de pression qui exacerbe les tensions avec le clan Duterte.

Enfin, il y a la politique étrangère des Philippines qui a connu un revirement stratégique avec l’arrivée de Marcos au pouvoir. Face à la menace chinoise et à la multiplication des tensions en mer de Chine méridionale autour des zones revendiquées par les deux pays, Marcos Junior avait consolidé son alliance avec les États-Unis et le Japon, rompant totalement avec la politique de son prédécesseur qui entretenaient des liens étroits avec le président chinois.

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