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À la Une en Asie

L’image sans tâche de Singapour ternie par un rarissime scandale de corruption

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Le ministre des Transports vient de démissionner pour assurer sa défense et c’est toute la nomenklatura de ce paradis fiscal sans histoire, gouverné d’une main de fer par un parti unique, qui se prend à trembler.

Subramaniam Iswaran (C), ancien ministre des Transports de Singapour, quitte les tribunaux d'État de Singapour, le 18 janvier 2024.
Subramaniam Iswaran (C), ancien ministre des Transports de Singapour, quitte les tribunaux d'État de Singapour, le 18 janvier 2024. via REUTERS - KELVIN CHNG/THE STRAITS TIMES
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Si Subramaniam Iswaran a jeté l'éponge, c'est que la justice s'intéresse de très près aux cadeaux qu'il a reçus entre 2015 et 2022. Ça commence petit, des places pour des matches de foot, des invitations au spectacle Harry Potter ou à des comédies musicales, et puis ça se corse lorsque l’on aborde les tickets d'entrée au grand prix de Singapour, qu’il a contribué à créer, ou encore ce voyage aller-retour en avion et cette nuit d'hôtel tous frais payés à Doha.  

Au bout du compte, on parle tout de même de 350 000 euros, alors que Singapour fait tout pour décourager l’enrichissement personnel : les salaires des ministres feraient des envieux partout dans le monde, près de 700 000 euros par an, une somme rondelette justement destinée à écarter la tentation du détournement de fonds. Sans parler de ce code de conduite signé par chaque membre du gouvernement, qui stipule : « je me tiendrai scrupuleusement à l'écart de tout conflit d'intérêt, réel ou supposé, entre mon portefeuille ministériel et mes intérêts personnels ». L'intégrité, à Singapour, c'est presque une religion, très puissante, puisque le dernier cas de corruption signalé à ce niveau de responsabilité remontait à 1986, il y a près de quarante ans.  

Rarissime, le cas Iswaran fait d’autant plus mal au Parti d’action populaire (PAP)

Un parti qui domine la vie politique singapourienne depuis toujours. Car si cette formation n’a jamais perdu une élection depuis 1959, c’est grâce à sa réputation d’extrême rigueur, voire d’autoritarisme.

Les manifestations sont interdites dans la cité-État, les opposants sont harcelés, mais sur place, on vous opposera que le personnel politique est propre et que le PAP a réussi son pari en faisant de ce confetti d’Asie du Sud-Est un exemple de réussite économique. Indéniable, mais cette affaire éclate au moment où la population vieillit, où l’économie ralentit et où les élections prévues en 2025 approchent à grands pas, or c'est peut-être le scrutin le plus important que Singapour ait connu depuis vingt ans.  

La dynastie Lee, qui règne sur le pays et sur le parti depuis leur fondation, est en train de passer la main. Il y a eu la légende, Lee Kwan Yew, fondateur du PAP et de l'État singapourien moderne, mort en 2015. Il y a son fils, Lee Hsien Loong, l'actuel Premier ministre, qui gouverne depuis 2004. Et il y aura en 2025, le dauphin qui n'est pas issu de la famille, un technocrate nommé Lawrence Wong, formé à l’école du PAP.  

La succession est organisée depuis des années, parce que les Lee misent tout sur la continuité. Leur promesse, c'est que rien ne change. Mais pour cela, Wong, qui est vice-chef du gouvernement, va devoir prouver très vite que Singapour reste bel et bien l'un des pays les mieux placés sur l'index de la lutte anti-corruption. Sans quoi sa vie politique et, à travers lui, celle de tout le système Lee pourrait essuyer un revers électoral historique l'an prochain. 

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