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Reportage

Conflit Hezbollah-Israël: au Sud-Liban, le spectre d'une régionalisation dans tous les esprits

Alors que les tensions vont crescendo entre Israël et l'Iran sur fond de guerre meurtrière à Gaza, l'escalade régionale menace. Dans le sud du Liban, où une guerre à bas bruit a commencé au lendemain du 7 octobre 2023 entre l'allié de l'Iran d'un côté, le Hezbollah, et l'État hébreu de l'autre, la population retient son souffle face au risque d'un conflit de plus grande ampleur. Reportage à Tyr, à une vingtaine de kilomètres de la frontière.

À Tyr, les salles de classe ont été aménagées en studio pour les déplacés, ici le 19 avril 2024.
À Tyr, les salles de classe ont été aménagées en studio pour les déplacés, ici le 19 avril 2024. © Sophie Guignon/RFI
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Avec correspondante à Beyrouth, de retour de Tyr, Sophie Guignon

À l'école publique pour filles de Tyr, au Liban, les cours ont lieu au rez-de-chaussée tandis qu'à l'étage les salles de classe ont été aménagées en studio sommaire pour les déplacés. Zeinab Ali Wahid, mère de deux enfants, y vit depuis près de six mois.

« Ici, on met la vaisselle. Les assiettes, les verres, les poêles et les casseroles. Et ça, c'est le réchaud de gaz pour cuisiner », explique-t-elle.

Sa maison a été détruite par des bombardements israéliens. Elle n'a pu sauver que quelques photos. « Tout a été détruit dans ma maison, poursuit Zeinab Ali Wahid. Dès que j'entends un avion ou un bombardement, j'ai peur, je m'inquiète pour mes enfants. Un tremblement de porte me faire partir en courant. »

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Plus de 400 morts dans le sud

Depuis octobre, les affrontements ont fait plus de 100 000 déplacés. Dans une chambre voisine : Hassan Ali Meliji, pêcheur de 59 ans, du village frontalier de Naqoura. Sur les murs, une photo de son neveu, secouriste, et d'un collègue, tués dans des frappes.

« Je suis dévasté par leur mort, confie-t-il. L'un avait trois enfants, l'autre deux. C'est très triste de voir des jeunes dans la fleur de l'âge disparaître alors qu'ils faisaient vivre leur famille. Ils se tenaient loin de la guerre, ils étaient secouristes et pêcheurs de poisson. »

En plus de six mois, la guerre au sud du Liban a fait 430 morts d'après les autorités, majoritairement des combattants du Hezbollah, mais aussi une centaine de civils. Israël a pour sa part enregistré une vingtaine de morts.

Tyr est d'ordinaire un port de pêche tranquille. Mais depuis le 9 octobre, la ville vit ainsi au rythme de cette guerre entre le Hezbollah et Israël. Au port, les sorties en mer se font plus rares. Les pêcheurs comme Bilal s'inquiètent d'être pris pour cibles.

« Depuis la mer, dit-il, je vois très bien les avions qui bombardent, les missiles qui s'écrasent sur les maisons, ça fait beaucoup de bruit. L'autre fois, il y avait un drone au-dessus de moi à 4 heures du matin, il m'a filmé et il est parti. J'ai eu très peur. »

L'attaque iranienne contre Israël, le week-end dernier, et la riposte israélienne de vendredi, font ressurgir la peur d'une guerre régionale au Liban.Par mesure de sécurité, les zones de pêche sont réduites.

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70 000 réfugiés palestiniens

Sur terre, l'inquiétude monte également chez les réfugiés palestiniens, qui sont 70 000, répartis entre les trois camps de Tyr. À l'entrée de celui de Burj el-Chémali, un drapeau de l'Afrique du Sud, signe de reconnaissance pour la plainte déposée à la Cour internationale de justice contre Israël dénonçant un génocide à Gaza.

Fatima Diab, réfugiée palestinienne, est mère de quatre enfants. « Dès qu'il y a le moindre bombardement, confie-t-elle, les enfants sursautent et j'essaie de les rassurer en leur disant que ce sont seulement des avions qui franchissent le mur du son. Tous les jours, on vit dans l'angoisse qu'il y ait une réplique. Tous les jours, ils disent qu'ils vont bombarder le Liban, le sud. On ne peut rien faire à part attendre. »

Enlisé dans une crise économique depuis cinq ans, le Liban ne se remettrait pas d'un nouveau conflit avec Israël.

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