Liban: annulation d'une pièce du dramaturge Wajdi Mouawad, accusé de «normalisation» avec Israël
Pas de théâtre au Liban pour le dramaturge libano-canadien Wajdi Mouawad. Le directeur du théâtre de la Colline, à Paris, a dû quitter Beyrouth, où sa pièce, Journée de Noces chez les Cromagnons, devait être jouée en arabe à partir de fin avril. Les partisans du boycott contre l'État hébreu menaient campagne contre le spectacle, accusant Wajdi Mouawad d’avoir reçu des financements israéliens pour une ancienne création montée à Paris. Alors que les deux pays voisins sont techniquement toujours en état de guerre, une plainte a été déposée contre lui au nom d’anciens détenus en Israël.
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De notre correspondante à Beyrouth, Laure Stephan
Au théâtre Monnot, à Beyrouth, l’ambiance devait être effervescente ces jours-ci, avec des répétitions ouvertes au public de la pièce programmée de Wajdi Mouawad. Mais rien de cela : le spectacle a été annulé, suite à des « pressions » et des « menaces », explique Josyane Boulos, directrice du théâtre. « Tout a commencé par une campagne de boycott. Et puis, il y a eu une plainte déposée contre Wajdi Mouawad au tribunal militaire, ce qui est dangereux… Il y avait beaucoup de tensions autour de ce spectacle. On aurait pu faire face à une campagne de boycott, on aurait pu augmenter la sécurité. Mais une fois qu'il y a eu la plainte, on ne pouvait plus protéger Wajdi. »
Une œuvre dans le contexte difficile de la guerre à Gaza
La plainte a été déposée pour « communication » avec des Israéliens, avec qui tout contact est interdit selon la loi libanaise. Les tenants du boycott accusent Wajdi Mouawad d’avoir un « passif de normalisation » avec Israël. De telles campagnes contre des artistes ne sont pas inédites au Liban, mais celle-ci se déroule sur fond de guerre à Gaza et dans le sud du Liban. « Ce sont peut-être les sentiments exacerbés, les émotions exacerbées qui ont fait ça », cherche à comprendre Josyane Boulos. « Ce sont peut-être des vengeances personnelles, cela peut être de la jalousie… On a subi leur pression, on a subi leur harcèlement, etc. » Selon la directrice, la pièce, déposée en amont au bureau de la censure, n’avait fait l’objet d’aucun obstacle.
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