Accéder au contenu principal
Éclairage

Accords israélo-palestiniens d’Oslo, 13 septembre 1993: le mirage de la paix

Il y a trente ans, une poignée de main historique. Sur la pelouse de la Maison Blanche à Washington, le leader palestinien, Yasser Arafat, et le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, se serrent la main. Les deux hommes viennent de signer les Accords d’Oslo. Ces accords posent les bases pour la résolution du conflit israélo-palestinien. Un espoir de paix… qui, on ne le sait que trop bien aujourd’hui, n’aboutira jamais. Comment tout a commencé ? Qu’est-ce qui a échoué ?  Éléments de réponses.

La célèbre poignée de main du 13 septembre 1993 entre le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et le représentant de l'OLP, Yasser Arafat.
La célèbre poignée de main du 13 septembre 1993 entre le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et le représentant de l'OLP, Yasser Arafat. REUTERS/Gary Hershorn/Files
Publicité

Yossi Beillin est le négociateur en chef israélien de ces Accords d’Oslo. C’est lui qui chapeaute, en coulisses, les négociations secrètes avec les Palestiniens. Mais lorsque tout commence en 1992, il n’est même pas encore aux affaires. Et pourtant, il est approché par un certain Terje Larsen, un Norvégien à la tête d’un think tank qui promeut la paix. Il lui propose d’initier des discussions secrètes avec les Palestiniens.

Mais parler aux représentants de l’OLP (l’Organisation de libération de la Palestine), ce n’est pas si simple à l'époque. Car c'est interdit par la loi israélienneToutefois, Yossi Beillin, et son ami, le Pr. Yaïr Hirschfeld, connu plus tard comme l’un des principaux architectes des Accords d’Oslo, sont déterminés à discuter avec la partie adverse. « Nous avons rencontré Fayçal Husseini, le représentant officieux de l’OLP à Jérusalem-Est. Nous nous sommes retrouvés dans un [célèbre] hôtel de Jérusalem, l’American Colony, chambre 16. Donc, il y avait Terje Larsen, le Norvégien venu d’Oslo, Fayçal Husseini pour les Palestiniens, Yaïr Hirschfeld et moi-même. Pour résumer cette rencontre : nous nous sommes dits que si j’obtenais un poste de responsabilité dans le prochain gouvernement israélien, nous entamerions des discussions secrètes, pour résoudre le conflit », se remémore Yossi Beillin.  

À lire dans les archives de RFI Faire la paix plutôt dans les coulisses…

1992 : Yitzhak Rabin arrive au pouvoir en Israël  

Yossi Beillin est nommé vice-ministre des Affaires étrangères. Et quelques mois plus tard, la loi qui interdit aux Israéliens tout contact avec l’OLP, est abrogée. Israéliens et Palestiniens entament à Oslo en Norvège, des discussions secrètes en janvier 1993. Elles aboutiront neuf mois plus tard, le 13 septembre, sous l’égide des Américains, à la signature des Accords d’Oslo.

Ces accords définissent un processus d’autonomie des Palestiniens. Et le retrait progressif de l’armée israélienne des Territoires palestiniens conquis en 1967. « L’idée était d’aller progressivement vers un État palestinien indépendant, et on s’est donné cinq ans pour y parvenir. La solution juste : c’est l’application du droit international. C’est-à-dire qu’il y ait un État palestinien, à côté de l’État d’Israël. Nous, l'OLP, on a reconnu l’existence d’Israël, on a accepté toutes les exigences de la communauté internationale », raconte Anwar Abu Eisheh, membre de l’OLP.   

Les Accords d’Oslo ont été pensés pour avancer, étape par étape. Dès 1995, les territoires palestiniens de Cisjordanie occupée sont divisés en trois zones : A, B et C. La Zone A : les villes palestiniennes passent sous le contrôle de la toute jeune Autorité palestinienne. Un début d’autonomie. Vient ensuite la Zone B : elle est sous administration civile palestinienne. Mais Israël en garde le contrôle militaire. Et enfin la Zone C : deux tiers de la Cisjordanie, reste sous le contrôle exclusif des Israéliens. Les zones B et C devaient être transférées progressivement aux Palestiniens. Mais ce processus est gelé, jusqu’à aujourd’hui. 

Le tournant  

1994, un terroriste israélien, Baruch Goldstein, tue 29 fidèles palestiniens, dans la mosquée d’Abraham à Hébron. 1995, un jeune juif extrémiste opposé aux Accords d’Oslo, assassine le Premier ministre israélien Itzhak Rabin. Puis tout s'enchaîne. 1996 : Benjamin Netanyahu, contre le rapprochement avec les Palestiniens, arrive au pouvoir.

Anwar Abu Eisheh se souvient d’une période de fortes tensions. « Les colons ont continué de construire et d’agresser les Palestiniens. L’esprit des Accords d’Oslo, c’était le gel de la colonisation. Mais depuis 1993 et jusqu’à maintenant, il y a trois fois plus de colonies. En réaction, certaines organisations palestiniennes ont multiplié les attentats contre les Israéliens », regrette cet ancien ministre. Résultat : des années de flottement. Une absence de volonté politique, locale et internationale. Et un leadership palestinien qui a complètement disparu. Au début des années 2000 débute la Seconde Intifada (soulèvement des Palestiniens).

Accords d’Oslo : un héritage encombrant  

« Depuis des années, je demande l’abolition totale des Accords d’Oslo », plaide Yossi Beillin. « La droite israélienne, menée par (le Premier ministre) Netanyahu depuis toutes ces années, se dit : ces accords sont du pain béni. Faisons en sorte de pérenniser ces accords. La communauté internationale paye tout pour les Palestiniens. Nous, nous profitons d’une occupation gratuite. Pourquoi changer quoi que ce soit ? », ironise l’ancien négociateur en chef israélien.

« Et on devrait s’attendre à ce que les Palestiniens, qui ont perdu tout espoir de paix, qu’ils se comportent comme s’ils avaient obtenu tous leurs droits ? », conclut-il.

À lire aussiIsraël : les grandes dates de l’histoire 1947-2021

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.