En Jordanie, un sommet pour évoquer les crises qui secouent la région
Des représentants des pays du Moyen-Orient se réunissent ce mardi à Amman pour la deuxième année consécutive en présence du président français. Une rencontre rare entre des États souvent opposés sur les enjeux de la région, pour évoquer notamment l’avenir de l’Irak qui tente de sortir de vingt ans de guerre et de crises.
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Avec notre envoyé spécial à Amman, Guilhem Delteil
L’instabilité de ses voisins a un impact direct sur la Jordanie, havre de paix dans une région en proie aux crises et aux guerres. Amman a dû combattre les infiltrations de combattants du groupe État islamique en provenance d’Irak et fait face désormais à un trafic de drogue, le captagon, en provenance de Syrie. La stabilité de ses voisins relève donc de son intérêt national.
Les enjeux régionaux se sont donc aussi invités à cette rencontre. L’Iran met en avant son souhait de relancer les négociations sur son dossier nucléaire, lancées l’an dernier, mais au point mort depuis le mois d’août. Avant même la conférence, une rencontre a d’ailleurs eu lieu ce mardi matin, à Amman, entre les chefs de la diplomatie iranienne et européenne, l’UE coordonnant les négociations nucléaires.
L'Iran et l'Arabie saoudite présents
Cette rencontre – la deuxième du genre – réunit les pays de la région, à l’exception de la Syrie, qui n’a pas été conviée et deux nouveaux venus : Oman et Bahreïn. Comme l’an dernier, des représentants saoudiens et iraniens, les deux grands rivaux du Moyen-Orient, seront notamment présents. « L’intérêt de la conférence est d’avoir des pays aux positions différentes », estime la présidence française, pour « voir les chemins que l’on peut prendre pour rapprocher les points des vues ».
Pour cela, la France parie sur une intégration régionale : la mise en place de projets économiques ou environnementaux unissant les pays de cette région. L’initiative, lancée en août 2021, n’a pas encore véritablement porté ses fruits. Mais pour la Jordanie comme pour la France, la tenue même de cette deuxième rencontre montre l’intérêt des pays participants dans la poursuite du processus.
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Mais les groupes terroristes ne sont pas la seule menace à la stabilité de l’Irak : les pays voisins le sont aussi. Particulièrement la Turquie et l’Iran qui mènent des opérations en Irak.
Pour le chercheur Hardy Mede, du centre européen de sociologie et sciences politiques de l’Université Paris 1, il sera difficile d’obtenir un engagement de leur part.
Il y a plus de frappes et il y a même une menace d’une intervention militaire au Kurdistan irakien contre les partis d’opposition kurdes. De ce point de vue, les Irakiens ne pensent pas que ce sommet va changer nécessairement quelque chose.
Hardy Mede (Université Paris 1): «Les Irakiens ne pensent pas que ce sommet va changer nécessairement quelque chose»
Mis à part le président égyptien, peu de chefs d’État ont fait le déplacement : les pays sont représentés par leurs ministres des Affaires étrangères. Un niveau de représentation qui indique la prudence des pays vis-à-vis des résultats attendus de cette rencontre.
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