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Israël

L’écrivain israélien Amos Oz est décédé à 79 ans

L'auteur qui a signé des romans mais aussi des récits biographiques comme « Une histoire d'amour et de ténèbres » était lauréat de nombreux prix internationaux. En France, il avait reçu le Prix Fémina étranger en 1988 pour « La Boîte noire ». Cofondateur du mouvement La Paix maintenant, Amos Oz, né à Jérusalem en 1939 dans une famille d'origine russe et polonaise, est décédé ce vendredi 28 décembre à l'âge de 79 ans.

L’auteur Amos Oz participe au 5e gala annuel du Centre nazarien Younes & Soraya pour les études israéliennes à UCLA, au Centre des arts de la scène Wallis Annenberg, le 5 mai 2015 à Beverly Hills, en Californie (photo d'illustration).
L’auteur Amos Oz participe au 5e gala annuel du Centre nazarien Younes & Soraya pour les études israéliennes à UCLA, au Centre des arts de la scène Wallis Annenberg, le 5 mai 2015 à Beverly Hills, en Californie (photo d'illustration). Jason Kempin / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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Poète, romancier, essayiste, Amos Oz était un intellectuel parmi les plus influents d'Israël. Il est décédé des suites d'un cancer à l'âge de 79 ans a annoncé sa fille sur Twitter, en rajoutant en hébreu: « À ceux qui l’aiment, merci ». « Un auteur et un homme de paix », a-t-elle écrit sur le réseau social. Sa littérature était à l'image de sa vie : engagée et tournée vers l'exploration des hommes, leurs espoirs et leurs déceptions.

Fils unique d'immigrant sioniste fuyant l'antisémitisme d'Europe de l'est dans les années 1930, Amos Klausner de son vrai nom était le cofondateur du mouvement La Paix maintenant. Il était également un partisan de la solution d'un double État au conflit israélo-palestinien.

L'écrivain était l'auteur de 18 ouvrages en hébreu et de plusieurs centaines d'articles et d'essais traduits dans le monde entier. Séduit par la gauche israélienne, il adopte le nom « Oz » au Kibboutz de Houlda à l'âge de 15 ans qui signifie « force » en hébreu. C'est là qu'il commencera à écrire et qu'il vivra pendant près de 30 ans en famille publiant avec une grande régularité des romans qui sondent les relations humaines, le couple, l'amitié. Mais aussi les liens de voisinage dans des lieux comme Jérusalem ou le Kibboutz. Il cherchait ainsi à envisager l'humanité dans son ensemble.

En 2003, il avait publié « Une histoire d'amour et de ténèbres », son roman le plus autobiographique qui revenait sur le suicide de sa mère alors qu'il était âgé de 12 ans. Adepte de la forme brève de la nouvelle, Amos Oz militait pour une approche simple de la littérature, ce qu'il appelait un bonheur tranquille.

« Un étranger dans une ville étrangère »

Né à Jérusalem en 1939, il y assiste en 1948 aux scènes de liesse mais aussi de violence qui accompagnent la création de l'Etat d'Israël. Dans l'un de ses ouvrages, il raconte la ville divisée par la guerre et ses cauchemars d'enfant, hantés par d'inquiétants soldats, ceux des armées arabes ennemies.

Une vingtaine d'années plus tard, autre guerre : celle de 1967. Amos Oz est alors soldat. Israël vient de conquérir de vastes territoires dont Jérusalem-Est. C'est en uniforme et mitraillette en bandoulière que le jeune homme parcourt la partie orientale de sa ville découvrant le regard inquiet et humilié des vaincus. Incapable de participer à la célébration de la victoire, il réalise d'un coup qu'il est devenu le soldat de ses cauchemars d'enfants.

Ce texte court s'intitule Un étranger dans une ville étrangère. Amos Oz y écrit encore : « J'entends les gémissements des peuples opprimés ; mais pas celui des "terres opprimées" », ce qui résume l'engagement politique de l'écrivain et de cette gauche israélienne aujourd'hui marginale mais qui pense toujours que l'occupation des territoires palestiniens doit cesser.

Salué à ses débuts comme le « Camus israélien »

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a rendu hommage au romancier, saluant « l'un des plus grands écrivains de l'État d'Israël », qui a « grandement contribué à l'histoire de la littérature hébraïque en exposant des éléments importants de la vie israélienne », a-t-il déclaré ajoutant que « ses paroles et ses écrits nous accompagneront encore longtemps ».

Salué à ses débuts comme le « Camus israélien », l'écrivain avait dénoncé ces dernières années la politique du Premier ministre israélien, et condamné « l'extrémisme croissant » de la coalition menée par M. Netanyahu. Il n’hésitait pas non plus à critiquer la gauche israélienne, « inexistante » à ses yeux, explique notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul.

« Néonazis hébreux », disait-il des jeunes de colonies de peuplement

Il y a quelques années, plein d’amertume face au gel du processus de paix avec les Palestiniens et la montée de la droite nationaliste en Israël, il avait affirmé que le parti travailliste israélien avait « achevé son rôle historique ». Et il s’en était pris avec une virulence toute particulière aux jeunes des colonies de peuplement qui agressent les villageois palestiniens : des « néonazis hébreux », selon lui.

« Nous sommes tristes de la perte d’un des grands pionniers et leaders d’Israël, mais aussi d’un des pères fondateurs de notre mouvement qui depuis le tout début a combattu pour une paix passant par la création de deux Etats, se souvient Brian Reeves, directeur du développement au sein de l’ONG La Paix maintenant. Et même si ces dernières années il travaillait moins directement avec nous, (…) on a toujours pu compter sur lui quand il se passait quelque chose, comme pour la date anniversaire de l’occupation, on pouvait toujours compter sur des mots de soutien. »

Auteur de 20 romans et récits biographiques comme Mon Michael et Une histoire d'amour et de ténèbres, Amos Oz a reçu de nombreux prix internationaux, le prix Kafka et le prix Prince des Asturies. En France, il avait reçu le prix Fémina étranger en 1988 pour La Boîte noire. « Lorsque j'entends en moi une seule voix, j'écris un discours, disait Amos Oz. Lorsque j'entends plusieurs voix contradictoires, j'écris un roman. »

À L'ANTENNE DE RFI EN 2013
01:16

En 2013, Amos Oz publiait son recueil de nouvelles «Entre amis» dont les histoires se situaient dans un Kibboutz, où il avait passé 30 ans de sa vie, traduit par Laurent Sadoux

Isabelle Chenu

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