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Territoires palestiniens

Territoires palestiniens: le Hamas veut parler avec le Fatah et donne un gage

Le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007, a annoncé ce dimanche 17 septembre 2017 la dissolution du « comité administratif » de cette enclave, institution contestée par le Fatah du président Mahmoud Abbas et devenue la principale source de discorde entre le Hamas et l'Autorité palestinienne. Un gage de bonne foi pour ouvrir de nouvelles discussions en vue d'une réconciliation.

Ismaël Haniyeh, à gauche, en compagnie du chef du Hamas dans Gaza, Yahya Sinwar. Sur les épaules de ce dernier, le fils d'un cadre du parti, Mazen Foqaha, assassiné en mars dernier. Gaza City, 27 mars 2017.
Ismaël Haniyeh, à gauche, en compagnie du chef du Hamas dans Gaza, Yahya Sinwar. Sur les épaules de ce dernier, le fils d'un cadre du parti, Mazen Foqaha, assassiné en mars dernier. Gaza City, 27 mars 2017. REUTERS/Mohammed Salem/File Photo
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Perçu comme une entrave à l'unité arabo-palestinienne, le « comité administratif » instauré par le Hamas dans la bande de Gaza n'est plus. « En réponse aux efforts égyptiens », le Mouvement de résistance islamique a en effet annoncé sa dissolution, et a donné son accord « pour entamer des discussions sur la réconciliation et pour organiser des élections générales », selon les termes d'un communiqué publié ce dimanche.

Créé en mars, le « comité administratif », formé de sept hauts responsables du mouvement pour gérer les affaires de l'enclave, était perçu par le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, comme un gouvernement parallèle entravant la réconciliation interpalestinienne. Le Hamas a donc tenu promesse, puisqu'il avait annoncé que cet organe serait démembré en vue de nouvelles discussions avec le Fatah pour l'avenir de la Palestine.

Sur le papier, les engagements sont forts, analyse notre correspondant à Jérusalem, Guilhem Delteil. Le Hamas accepte de dissoudre le comité administratif, qu'il avait mis en place pour compenser ce qu'il qualifiait d'absence d'action gouvernementale dans la bande de Gaza ; en échange, l'Autorité palestinienne s'engage à assumer ses responsabilités dans l'enclave, et donc à gérer la crise humanitaire et économique qui s'y aggrave.

Le rôle de l'Egypte

L'annonce du geste du Hamas vers des négociations intervient quelques jours après une visite au Caire de l'ancien Premier ministre de Gaza et actuel chef du mouvement islamiste, Ismaïl Haniyeh, élu en mai dernier. Ces entretiens en Egypte avaient lieu alors que les relations entre l'Egypte et le Hamas restaient fraîches depuis le renversement, en 2013, du président égyptien Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, tout comme le Hamas.

L’initiative égyptienne pour rapprocher les frères ennemis palestiniens a d’abord commencé, il y a trois mois, par un rapprochement progressif avec le Hamas, explique notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti. Le mouvement islamiste était jusqu'alors accusé de soutenir les jihadistes de l'organisation Etat islamique dans le Nord-Sinaï, en Egypte, et d’avoir continué d'être l’allié de la confrérie des Frères musulmans, qu'a remplacé l'actuel pouvoir égyptien.

Le président palestinien Mahmoud Abbas en compagnie du gendre et haut conseiller du président américain Donald Trump, Jared Kushner, le 24 août 2017 à Ramallah.
Le président palestinien Mahmoud Abbas en compagnie du gendre et haut conseiller du président américain Donald Trump, Jared Kushner, le 24 août 2017 à Ramallah. Palestinian President Office (PPO)/Handout via REUTERS

Ces discussions se tiennent alors que le Hamas est affaibli par l’isolement de son principal bailleur de fonds, le Qatar, et que l’Egypte souffre du terrorisme dans le Sinaï. Ils ont donc trouvé un terrain d’entente, qui vient de déboucher sur l’ouverture d’un bureau du Hamas au Caire, ce qui avait tout pour préoccuper le Fatah, jusque-là soutenu par l’Egypte. Le Caire s’efforce ainsi de rassurer son monde. La réconciliation a toujours été la condition posée par l'Egypte pour ouvrir un jour, sans restriction, la frontière égyptienne avec Gaza.

L'Autorité palestinienne que dirige Mahmoud Abbas est reconnue par la communauté internationale. Basée à Ramallah, en Cisjordanie, elle a été évincée de la bande de Gaza par le Hamas en 2007. Depuis la création du comité en mars, près de dix ans plus tard, M. Abbas s'est efforcé d'affaiblir le Hamas. Dans cette épreuve de force, il a notamment bloqué ces derniers mois les versements de la facture d'électricité fournie par Israël à Gaza, qu'il réglait jusque-là.

Mais si cet accord a pu être conclu, c'est aussi parce que le Fatah du président Abbas a lui aussi subi des pressions, estime Mkhamer Abou Saada, professeur de Sciences politiques à Gaza : « Les Américains ont informé le président Mahmoud Abbas que les Palestiniens doivent mettre un terme à leurs divisions et sceller leur réconciliation afin de permettre à Trump d'avancer dans ses efforts de paix entre les Palestiniens et les Israéliens. »

Les doutes sur une réconciliation subsistent

L'avancée du jour ne lève pas tous les doutes quant à une réconciliation maintes fois annoncée, mais jamais concrétisée. Joint par RFI, un politologue gazaouï reconnaît que « le diable se cache dans les détails et qu'il en reste de très nombreux à régler ». Certains ne sont pas anodins ; il semble peu probable que le Hamas renonce au contrôle militaire de Gaza et que l'Autorité palestinienne accepte de travailler sous le contrôle de la branche armée du Hamas.

« Gaza est l'atout stratégique le plus important pour le Hamas. Et il n'y a aucune chance qu'ils y renoncent. Ce qui veut dire que sur le plan de la sécurité, des forces de l'ordre, ils vont rester au pouvoir », assure Kobi Michael, ancien haut fonctionnaire israélien en charge des affaires palestiniennes.

La bande de Gaza, qui abrite environ 2 millions d'habitants aux portes du désert, vient de connaître quasiment dix années de crise, presque une guerre civile à laquelle se sont ajoutés trois conflits armés avec Israël. Depuis 2007, l'Etat hébreu impose un rigoureux blocus à l'enclave palestinienne. Depuis 2013, de surcroît, sa frontière avec l'Egypte voisine est pratiquement tout le temps fermée. Gaza souffre d'un manque permanent d'eau et d'électricité.

Cela fait onze ans que les Palestiniens ne se sont pas rendus aux urnes pour des élections présidentielle et législatives. Le mandat de Mahmoud Abbas courait jusqu'en 2009... Quant au Parlement, il ne siège plus depuis dix ans. La division Fatah-Hamas, entérinée en 2007 au terme de combats meurtriers, a conduit à un blocage de la situation politique palestinienne.

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