Syrie: l'ONU s'inquiète d'une possible attaque au chlore à Alep
Le régime syrien est accusé une fois de plus d'avoir utilisé l'arme chimique contre des civils à Alep mercredi 10 août. Ces informations suscitent la préoccupation des Nations unies et de la France, alors qu'une bataille de grande ampleur se déroule en ce moment à Alep entre les forces de la rébellion et celles du régime.
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Depuis le début du conflit syrien il y a cinq ans, l'utilisation d'armes chimiques est régulièrement dénoncée. Ce mercredi 10 août, le régime aurait lancé une attaque sur Alep-Est, le quartier entre les mains des rebelles, entraînant des morts et des blessés. Selon un groupe de sauveteurs de la protection civile syrienne, un baril, a priori de chlore, a été lancé sur le quartier de Zoubdiya.
L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura reste prudent, mais évoque des éléments de preuve. « Il ne m'appartient pas de dire qui est responsable et où cela s'est exactement passé, explique-t-il. Mais il y a beaucoup d'indices qui montrent que cela s'est effectivement produit. Nous avons un agent de l'ONU et d'autres organisations sur place qui nous en informent. Une enquête est toujours en cours. Mais si cela c'est vraiment passé, il s'agit d'un crime de guerre et tout le monde devrait le prendre immédiatement en compte ».
Plus d'une centaine d'attaques en trois ans
De son côté, Jean-Marc Ayrault s'est dit « préoccupé » par la situation. Dans un communiqué, le ministre français des Affaires étrangères rappelle que l'OIAC, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, avait confirmé par le passé « des attaques au gaz de chlore à partir d'hélicoptères dont seules forces du régime disposent ».
Selon l'Union des organisations de secours et de soins médicaux (UOSSM), le bilan se monte jusqu'ici à 70 blessés dont 35 enfants, et trois morts. Un quatrième mort était toujours en attente de confirmation ce jeudi 11 août. « Notre équipe sur place à Alep a constaté l'arrivée en masse de blessés avec des signes évoquant l'utilisation du chlore, en particulier des brûlures de la peau et des difficultés respiratoires dues à l'utilisation de gaz chimiques », raconte le docteur Anas Chaker, l'un des membres fondateurs de cette ONG française.
Avec l'aide d'une fondation américaine, l'ONG française a documenté 171 attaques chimiques depuis la première, le 21 août 2013, qui avait fait 1 300 morts dans la région de Damas. Depuis, l'UOSSM a mis en place une formation des médecins sur place pour faire face à ces attaques chimiques. Les rebelles ont déjà accusé à maintes reprises le régime syrien d'en faire usage. Au début du mois d'août, les autorités russes alliées du régime de Damas avaient à leur tour imputé aux rebelles l'utilisation d'agents toxiques à Alep. D'ici la fin du mois d'août, les Nations unies et l'OIAC devraient rendre publics leurs conclusions sur des cas avérés d'attaques chimiques en 2014 et 2015.
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