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Présidentielle 2022: des primaires sont-elles inévitables à gauche et à droite?

À 14 mois de la présidentielle française, une question taraude les anciens partis de gouvernement : faut-il organiser des primaires pour désigner leurs candidats ? Vaccinés par leur défaite en 2017, le Parti socialiste et Les Républicains refusent de recourir à nouveau à ce mode de désignation perçu comme une machine à diviser. Mais comment faire pour désigner leur champion quand personne ne s’impose ? C’est le dilemme auquel sont confrontées la droite et la gauche.  

Vérification d'une carte d'identité lors du second tour de la primaire de gauche pour l'élection présidentielle française de 2017, à Trappes le 29 janvier 2017.
Vérification d'une carte d'identité lors du second tour de la primaire de gauche pour l'élection présidentielle française de 2017, à Trappes le 29 janvier 2017. AFP - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT
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À gauche, l'heure est à l'éclosion des candidatures. L’écologiste Yannick Jadot a fait un pas de plus ce mercredi vers la présidentielle en lançant une plateforme d’idées sur internet. Le chef de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon est déjà parti. La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo ou encore l’ancien ministre de l’Économie Arnaud Montebourg s'y préparent aussi.

Mais pour tous, la donne est claire : pour le moment, aucun d'entre eux n’est en mesure d’être présent au second tour. Yannick Jadot a donc appelé à la désignation d’une « candidature de rassemblement » dans « l’espace politique entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron ». Mais comment désigner ce candidat ? Pour le député européen, l’organisation d’une primaire n’est pas la meilleure idée. Il met en garde contre « le risque de la division qui empêcherait le grand rassemblement. Les primaires ne doivent pas devenir une machine à perdre. »  

Au Parti socialiste, qui a pourtant organisé des primaires lors des trois dernières présidentielles, ce mode de désignation n’est, là-aussi, plus à l’ordre du jour. « Dans une primaire, les candidats cherchent à exprimer leur singularité et non pas ce qu’ils ont de commun les uns avec les autres, a justifié le secrétaire national du Parti socialiste Olivier Faure devant la presse le 28 janvier. À la fin, vous avez des gens qui deviennent quasi irréconciliables. Et pour peu que vous en ayez certains qui se parjurent et c’est la catastrophe absolue ! » Lui plaide aussi pour un « candidat unique » à gauche et propose l’organisation d’une « primaire des idées ». 

« On trouvera la solution » 

Il est loin le temps où l’on vantait les primaires comme pouvant raviver la démocratie, relégitimer des partis en crise, ou redonner le goût de la politique aux citoyens. L’expérience de 2016 a laissé des traces : outre les divisions profondes qu’elles ont mis en lumière, les primaires de la gauche et de la droite ont favorisé, selon Olivier Faure, les candidats les plus « radicaux » dans leur camp (Benoît Hamon chez les socialistes, François Fillon pour la droite), pas ceux qui ne sont pas le mieux à même de rassembler au-delà de leur base électorale. Un argument contesté par d’autres personnalités qui mettent en avant les précédentes primaires de la gauche.  

Mais alors comment désigner un candidat unique sans passer par une primaire ? C’est la question à laquelle personne n’a de réponse précise. « Ce que je souhaite, c’est un processus qui conduise progressivement à ce que les gens se rejoignent. Comment va-t-on procéder ? Je n’en sais rien » a confessé le patron du PS lors de ses vœux à la presse. « On trouvera une solution » veut croire de son côté Yannick Jadot, dont l’un des proches suggère une « convention entre les partis politiques ». Cette indécision sur le mode de désignation fait dire à certains que l'organisation de primaires sera inévitable à gauche. En attendant, le parti EELV compte toujours organiser sa primaire interne en septembre comme l’a confirmé son secrétaire national Julien Bayou. Yannick Jadot craint qu’elle ne soit un obstacle possible au rassemblement qu’il appelle de ses vœux. 

► À lire aussi : Présidentielle 2022 en France: les socialistes appellent à l'unité de la gauche

« Candidat naturel »                     

Depuis l'élection d'Emmanuel Macron, les ex-partis de gouvernement (PS et LR) sont en crise et leur absence de leader en est l'un des symptômes. Alors qu’Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen sont des chefs de famille incontestés, la question du mode de désignation du candidat de la droite pour 2022 se pose là-aussi. Au sein du parti Les Républicains, aucune personnalité ne s'impose. Pour autant, pas question pour le président du parti Christian Jacob de repasser par la case primaire comme en 2016 : « J’ai toujours été opposé à la primaire, disait-il sur France Inter l’an passé. En général, quand on importe des solutions de la gauche ça nous réussit rarement. Et puis ce système qui consiste à dire qu’il faut diviser pour mieux rassembler après, on a envie de dire : et si on rassemblait tout de suite ! » 

Afin d’éviter une primaire, la direction des Républicains temporise et mise sur l’émergence d’un providentiel « candidat naturel ». Christian Jacob n’a pas désespéré de voir le maire de Troyes François Baroin se lancer dans la bataille. De leur côté, le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand ou la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse espèrent prendre une longueur d’avance en se faisant réélire lors des élections régionales de juin et ainsi imposer leur candidature. 

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« Les citoyens veulent peser » 

Mais d’autres pensent que la droite devra forcément organiser de nouvelles primaires : « Vu le nombre de prétendants, ça va devenir indispensable » soupire un président de région. Une personnalité en a fait son cheval de bataille : Bruno Retailleau. « Quelle est l’alternative ? s’interroge le patron des sénateurs LR. C’est que quelques chapeaux à plumes choisissent entre eux leur champion. Ça n’est pas ça la démocratie. Les citoyens veulent peser. Pour moi, il n’y a pas de risque de divisions, c’est au contraire la meilleure des conditions pour nous permettre de nous rassembler autour de celui qui aura écrasé le match. »  

Afin de se prémunir contre une bataille trop féroce, Bruno Retailleau, tenant d’une ligne conservatrice, défend une primaire à un seul tour dans laquelle les électeurs ne voteraient pas pour un candidat mais donnerait leur ordre de préférence entre tous les prétendants. Le patron du Sénat Gérard Larcher propose, quant à lui, un « départage » des candidats de droite pour ne pas dire « primaire ». Le mot n'est plus à la mode, mais ça n'est pas certain pour autant que la droite y échappe.  

 

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