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Culture

Toni Servillo: «est-ce un vrai assassin ou un rêve ?»

Tout lui réussit. Toni Servillo est sans conteste le plus grand acteur italien aujourd'hui. Primé aux Golden Globes avec La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino où il interprète un intellectuel désabusé. En janvier, il était sur les planches à la Maison de la Culture de Bobigny dans une pièce d'Eduardo de Filippo, Les voix intérieures, qu'il a mis aussi en scène. Il joue aussi deux rôles de jumeaux dans le nouveau film de Roberto Ando, Viva la Liberta, qui sort le 5 février en France. Entretien.

Toni Servillo dans la pièce « Les voix intérieures » d’Eduardo de Filippo qu’il a présenté du 15 au 19 janvier au MC 93 à Bobigny.
Toni Servillo dans la pièce « Les voix intérieures » d’Eduardo de Filippo qu’il a présenté du 15 au 19 janvier au MC 93 à Bobigny. mc93.com
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Vous avez choisi de monter Les voix intérieures (Le Voce di dentro), d’Eduardo de Felipo, une pièce peu jouée d’un auteur qui vous est familier. Est-ce que ce sont vos origines napolitaines qui vous rapprochent d’Eduardo de Felipo ?

C’est sûrement mes origines napolitaines, mais c’est surtout la figure d’Eduardo de Filipo qui est le Molière italien. C’est un homme du théâtre qui est écrivain, metteur en scène, et surtout le plus grand comédien du siècle passé. C’est une grande figure morale dans la culture et spécialement dans le théâtre dans l’art du spectacle en Italie.

Les voix intérieures est une pièce d’après-guerre. Elle a été écrite en 1948. Elle mêle le rêve à la réalité et surtout elle montre comment le rêve peut quelque part influencer la réalité, détourner la réalité. Celui qui déclenche le rêve, c’est votre personnage Alberto Saporito. Qui est-ce personnage ?

Ce personnage c’est un pauvre homme. Il a un rêve où il a vu un assassin. Et il accuse ses voisins d’être les assassins. Mais à la fin de l’acte, il ne sait pas s’il a fait un rêve ou si c’est la réalité, cet assassin-là. Pendant le deuxième et le troisième acte, il devient le témoin de ce qui se passe dans cette famille qui accuse l’autre avec des suspects d’être les vrais assassins et nous ne savons pas encore si c’est un vrai assassin ou un rêve.

On est dans les problèmes de la guerre, aussi de la délation. Une phrase revient dans cette pièce qui me semble être une phrase clé : les uns demandent aux autres s’ils dorment bien, s’ils ont la conscience tranquille. Est-ce que c’est une chose qui semble actuelle aujourd’hui ?

Vous avez raison parce qu’en italien, il dit « Oggi, dormire diventato un lusso », c’est-à-dire « Aujourd’hui, dormir c’est devenu un luxe ». C’est la démonstration de toute l’inquiétude qui passe dans la pièce.

Vous aimez dire que c’est au théâtre que vous êtes le mieux comme acteur, mais vous faites une très belle carrière au cinéma. La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino, qui est sortie l’année dernière, vient d’être primée aux Golden Globes. Vous jouez un intellectuel désabusé dans une Rome décadente. Ce n’est pas sans rappeler un grand film du cinéma italien de Federico Fellini bien sûr. Viva la Liberta de Roberto Ando sort bientôt en France. Vous interprétez là deux rôles, deux jumeaux : un homme politique qui disparaît et qui est remplacé par son jumeau, philosophe, qui vient de sortir d’un hôpital psychiatrique. C’est si facile de remplacer un homme politique ?

(Rires). C’est facile si le scénario donne à cette histoire un contexte comme une fable.

Qu’est-ce que Viva la Liberta raconte sur la vie politique en Italie ?

Elle raconte ce qui se passe dans beaucoup de pays. Les politiciens choisissent ce métier-là pour renoncer à la vie. Et ça donne une vision de la politique de quelque chose qui n’est pas mélangé avec la vie et que les gens ne comprennent pas.

En ce moment, vous êtes sur les planches. Votre film, le film de Roberto Ando dans lequel vous jouez, sort sur les écrans bientôt. Comment vous, vous vivez votre métier d’acteur dans le théâtre et dans le cinéma ?

Je trouve très efficace ce que disait Marlon Brando : « Le théâtre c’est pour les acteurs. Le cinéma c’est pour les metteurs en scène. Et la télé, c’est pour ceux qui restent »

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