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France

Marche funèbre pour les pianos Pleyel après deux siècles d'existence

Pleyel, dernière maison à fabriquer des pianos en France, a annoncé mardi 12 novembre qu'elle allait fermer ses ateliers à la fin de l'année. Fondée en 1807 par le compositeur Ignace Pleyel, la marque a progressivement perdu de sa rentabilité et de son prestige face à la concurrence, notamment asiatique. C'est un fleuron de l'artisanat français qui disparaît.

Depuis quelques années, Pleyel avait recentré ses activités sur le très haut de gamme.
Depuis quelques années, Pleyel avait recentré ses activités sur le très haut de gamme. AFP PHOTO FRANCOIS GUILLOT
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Un compositeur apprécié de Mozart les a fondés. Frédéric Chopin, Claude Debussy et Maurice Ravel les ont sublimés. Comme Steinway, Bösendorfer ou Fazioli, ils ont longtemps fait partie des marques de référence dans le monde. Sauf miracle cependant, Pleyel c’est fini. La célèbre maison française fondée en 1807 par l’émigré autrichien Ignace Pleyel (1757-1831), va fermer ses ateliers de Saint-Denis, près de Paris, à la fin de l’année.

Un lent déclin

La nouvelle est tombée mardi 12 novembre, sous la forme d’un communiqué laconique signé de la Confédération française des métiers d’art (CFMA), concernée au premier plan. « Dans une indifférence quasi-générale, annonçait-il, les prestigieux Ateliers Pleyel ont annoncé l’arrêt de l’activité du site de Saint-Denis ». L’information était confirmée un peu plus tard au siège du fabricant, une cessation d’activité qui va mettre les quatorze derniers employés de Pleyel au chômage.

Ce piano à queue Pleyel de 1839 a appartenu à Frédéric Chopin.
Ce piano à queue Pleyel de 1839 a appartenu à Frédéric Chopin. Musée de la musique/ A. Giordan

Infiniment regrettable, la disparition de Pleyel semblait cependant inévitable après un lent déclin qui a vu la marque passer de 2 000 pianos vendus par an dans les années 1980 à seulement 20 unités ces dernières années alors que la société subissait durant la même période cinq dépôts de bilan successifs. Après avoir vécu ses heures de gloire, à Saint-Denis déjà où sa grande usine se trouvait à l’emplacement actuel du carrefour Pleyel, le fabricant s’était installé à Alès en 1973 avant de revenir à Saint-Denis en 2007, l’année de son bicentenaire.

Rachetée en 2000 par Hubert de Martigny qui avait également acquis auparavant Erard, Rameau et Gaveau, les trois autres marques françaises subsistantes, Pleyel avait recentré ses activités sur le haut de gamme. Mais comment lutter avec des pianos chinois, japonais ou coréens vendus entre de 5 000 et 10 000 euros quand on propose des modèles facturés entre 40 000 et 200 000 euros, de surcroît sur un marché français où l’on vend cinq fois moins de piano en 2013 qu’en 1980 ? Face à cette équation, la prestigieuse marque - reprise en début d'année par le  fonds d'investissement Développement et partenariat - n’a pas trouvé la réponse.

Une tradition qui disparaît

Avec elle, c’est une tradition qui meurt. Dernier fabricant de piano sur le territoire, Pleyel faisait travailler vingt corps de métier différents (ébénistes, vernisseurs laqueurs, etc.), la fabrication d’un modèle pouvant nécessiter 2 000 heures de travail et 5 000 pièces différentes. Même si elle avait obtenu en 2008 le label « Entreprise du patrimoine vivant » qui semblait la prémunir d’une disparition prochaine, la marque Pleyel va donc s’éteindre, sauf intervention de dernière minute.

La fameuse salle Pleyel (un auditorium de 3 000 places situé dans le VIIIe arrondissement de Paris) est, quant à elle, à louer depuis 2006 pour cinquante ans à la Cité de la musique, qui deviendra, en 2056, propriétaire des lieux et de ses annexes pour un euro symbolique.

                                                                                                                                     (Avec AFP)

 
 

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