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Guerre à Gaza: la Turquie suspend toute relation commerciale avec Israël

Une nouvelle étape est franchie dans la dégradation des relations entre Ankara et Tel-Aviv. Jeudi 2 mai, le ministère turc du Commerce a publié un court communiqué dans lequel il annonçait que les exportations et importations avec Israël sont désormais suspendues. Une décision pour protester contre la guerre menée par le gouvernement de Netanyahu dans la bande de Gaza où plus d’un million de personnes sont menacées par la famine.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, ici en décembre 2023 à Budapest.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, ici en décembre 2023 à Budapest. AP - Denes Erdos
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La position turque depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre était de plus en plus difficile à tenir, souligne notre correspondante à Ankara, Céline Pierre-Magnani. Le président Erdogan avait certes soutenu les Palestiniens, comme il le fait depuis des années dans les instances internationales. Il avait tenu des propos très directs à l’encontre du Premier ministre israélien, allant jusqu’à comparer Benyamin Netanyahu à Hitler. Mais les discours étaient de plus en plus en contradiction avec les faits. La poursuite du commerce entre la Turquie et Israël faisait l’objet de nombreuses critiques ces derniers mois.

 

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Le petit parti du Yeniden Refah, allié de la coalition gouvernementale, est parvenu à séduire une partie de l’électorat islamo-conservateur en adoptant une position radicale sur la question israélo-palestinienne. Une manœuvre habile qui a affaibli l’AKP aux dernières municipales et a permis au principal parti d’opposition du CHP d’arriver en tête du scrutin.

Le ministère du Commerce a précisé que la mesure serait appliquée « jusqu’à ce que le gouvernement israélien autorise un flux ininterrompu d’aide humanitaire vers Gaza ». Mercredi 1er mai, le chef de la diplomatie Hakan Fidan avait également annoncé que la Turquie allait s’associer à la démarche de l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de Justice pour dénoncer un « génocide » à Gaza.

7 milliards de dollars d'échange entre les deux pays

En 2023, les échanges entre les deux pays représentaient près de 7 milliards de dollars et la Turquie se classait au 5e rang des fournisseurs d'Israël. C'est beaucoup, mais Dan Catarivas, président de la fédération des chambres de commerces bi-nationale en Israël, préfère relativiser. « 7 milliards de dollars, c'est effectivement un chiffre qui n'est pas négligeable. Mais Israël exporte pour plus de 160 milliards de dollars et importe un peu moins. Donc, il faut mettre les choses dans leurs proportions. Et finalement, cela va sans doute porter plus atteinte à des fournisseurs turcs quà des exportateurs israéliens. »

Effectivement, au regard de la balance commerciale entre les deux pays cela pèsera plus sur les finances des entreprises turques. Reste que dans les ports turcs, toutes les marchandises à destination d'Israël sont bloquées, et que les biens en provenance de l'État hébreu ne sont pas déchargés. « C'est ainsi que se comportent les dictatures » a commenté le chef de la diplomatie israélienne.

Israël importait surtout de Turquie des biens d'équipement, des produits alimentaires et des matériaux utilisés dans l'industrie du bâtiment, une industrie déjà affectée depuis avril par une première restriction des exportations turques sur l'acier, l'aluminium ou le ciment.

« On sent aucun impact. Si on regarde le problème du [secteur du] bâtiment par rapport à la guerre [à Gaza], d'un coup, on n'a plus eu de main d'œuvre. Toute la main d'œuvre du bâtiment provenait de Gaza et de Cisjordanie. Donc, ça, c'est des problèmes beaucoup plus importants que d'acheter de l'acier en Inde ou en Turquie. C'est vraiment un épiphénomène », juge Dan Catarivas.

De même que les ouvriers palestiniens ont été remplacé par une main d'œuvre venu d'Inde, du Sri Lanka ou d'Érythrée, Dan Catarivas est convaincu qu'il sera très facile de remplacer les produits venus de Turquie ou du moins de contourner le problème.

« Israël ne dépend pas de la Turquie pour aucun des produits. Par exemple, l'industrie du verre. Ces dernières années, on a fermé l'industrie du verre en Israël, car c'était plus rentable d'importer du verre de Turquie. Mais ces entreprises n'ont seulement des usines en Turquie, mais aussi en Italie, en Roumanie. Donc, on peut très bien penser que les acheteurs israéliens se fourniront auprès de ces mêmes entreprises en dehors de la Turquie. »

La Turquie n'a en revanche pas précisé se cette mesure affecterait les livraisons de pétrole azerbaïdjanais qui transitent encore à ce jour par les ports turcs de la Méditerranée. Ce pétrole représente un tiers des besoins d'Israël.

Invité internationalSuspension des échanges commerciaux turcs avec Israël: «Un numéro d'équilibriste permanent»

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