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Nouvelle affaire d'espionnage au profit de la Chine en Allemagne: le Parlement européen dans la tourmente

Les affaires d'espionnage au profit de puissances étrangères s'enchaînent en Allemagne. La semaine dernière, c'est la Russie qui était concernée. Lundi, trois personnes étaient arrêtées, se voyant reprocher de livrer des informations à Pékin. Et lundi soir, on apprenait qu'un collaborateur parlementaire d'un député européen qui était appréhendé. Ce Germano-Chinois travaille pour la tête de liste pour les élections européennes de juin du parti d'extrême droite AfD, déjà secoué par d'autres affaires.

Parlement européen, mars 2024.
Parlement européen, mars 2024. © AFP - Frederick Florin
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Ce mardi, Pékin nie tout « prétendu espionnage chinois » et dénonce une « calomnie », après l'arrestation de ce collaborateur de l'AfD au Parlement européen, soupçonné d'être un espion chinois. « La théorie de la menace d'un prétendu espionnage chinois n'est pas une chose nouvelle dans l'opinion publique européenne », souligne le porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin. Théorie destinée à « détruire l'atmosphère de coopération entre la Chine et l'Europe ».

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L'assistant parlementaire en question, Jian Guo – qui a été suspendu –, se voit reprocher par le parquet fédéral allemand d’avoir à plusieurs reprises depuis le début de l’année transmis des informations internes sur des négociations et des décisions du Parlement européen aux services secrets chinois. D’après le magazine Der Spiegel, il s’agit de détails sur l’influence de Pékin sur les infrastructures de l’Union européenne, comme d’une résolution de l’UE sur les persécutions contre le mouvement Falun Gong en Chine, rapporte notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut.

Les relations de l’assistant parlementaire avec son pays d’origine ne sont pas nouvelles. Il a organisé l’an dernier des voyages en Chine pour de jeunes cadres du parti d’extrême droite.

L’affaire prend une dimension particulière, car Jian Guo travaille depuis cinq ans aux côtés de Maximilian Krah, tête de liste de l’AfD pour les européennes de juin. Le nom du député, controversé au sein même de son parti, en raison de ses positions radicales, est aussi cité dans une autre affaire, celle de financement par un média pro-russe de responsables d’extrême droite de différents pays européens.

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Une enquête sur les ingérences étrangères

Ce mardi matin, la ministre de l’Intérieur allemande a qualifié l’arrestation du Germano-Chinois d’« extrêmement grave ». Le groupe des Verts au Parlement européen réclame lui une enquête rapide sur les ingérences étrangères au sein de l'institution. « Avec un "Chinagate" qui s'ajoute à un "Russiagate", le Parlement européen doit accélérer son enquête », a indiqué le groupe, réclamant que des résultats préliminaires soient publiés avant les élections européennes qui auront lieu du 6 au 9 juin.

« Nous savons que ce type d'enquête peut parfois prendre beaucoup de temps, mais pour nous, il est crucial que les citoyens européens sachent en allant voter s'il y a eu de la corruption, s'il y a eu des ingérences ici au Parlement européen de la part de la Chine, ou de la part de la Russie, plaide l'eurodéputée écologiste Terry Reintke, interrogée par notre envoyé spécial à Strasbourg, Daniel Vallot. Je demande donc aux autorités du Parlement de collaborer avec les autorités nationales concernées pour tenter de trouver une conclusion à cette affaire le plus rapidement possible, et cela avant même les élections européennes. »

Cette nouvelle affaire d’ingérence intervient quelques semaines seulement après l’ouverture d’une enquête en Belgique pour des faits de corruption et d’ingérence impliquant cette fois la Russie. Et là encore, des eurodéputés d’extrême droite. Objectif de la Russie selon les autorités belges : renforcer le discours pro-russe au sein du Parlement et faire élire des députés favorables à ses intérêts.

Le député européen Pascal Canfin sur cette récente affaire d'espionnage


Avec ce nouvel exemple d'ingérence étrangère au sein du Parlement européen, après le « Qatargate » et plus récemment l'enquête ouverte par la justice belge sur des liens financiers entre la Russie et plusieurs eurodéputés, « c'est une affaire qui montre la profondeur des liens entre les régimes autoritaires russes, et peut-être chinois, et les partis d'extrême droite européens, qu'ils soient en Allemagne ou ailleurs », estime Pascal Canfin, eurodéputé Renew au Parlement de Strasbourg. Et il faut, ajoute-t-il, « que les électeurs européens aient conscience qu'en votant pour ces partis, ils votent pour la Russie, ils votent pour la Chine, contre notre intérêt ».

Dans cette affaire, il s'agit de liens avec la Chine. Mais il y a aussi une affaire avec des eurodéputés qui auraient des liens avec la Russie, on ne sait pas de qui il s'agit. Pascal Canfin espère que tout cela sera su avant les élections européennes : « J'espère que tout ça sortira avant les élections. On ne peut pas avoir une sorte de débat démocratique tronqué où des éléments aussi importants ne seraient pas révélés aux électeurs européens. Donc oui, il faut que ça sorte le plus rapidement possible, parce que cette critique-là de la menace que font peser les partis d'extrême droite sur notre démocratie européenne, on le dit depuis des mois. Et donc, tout ce qui va dans ce sens, tous les faits qui, malheureusement, nous donnent raison, doivent sortir avant les élections. »

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