Accéder au contenu principal

Espagne: percée électorale pour les héritiers de la branche politique de l'ETA au Pays basque

Considéré comme l'héritier de la branche politique de l'ETA, le parti séparatiste de gauche EH Bildu a réalisé dimanche 21 avril une percée électorale historique lors des régionales au Pays basque, dans le nord de l'Espagne, sans toutefois parvenir à se hisser en tête comme le prédisaient les sondages.

Le candidat du parti séparatiste de gauche EH Bildu, Pello Otxandiano, réagit à la suite des élections régionales du Pays basque, à Bilbao, en Espagne, le 21 avril 2024.
Le candidat du parti séparatiste de gauche EH Bildu, Pello Otxandiano, réagit à la suite des élections régionales du Pays basque, à Bilbao, en Espagne, le 21 avril 2024. © Vincent West / Reuters
Publicité

En Espagne, EH Bildu est ainsi passée de 21 à 27 sièges sur 75 au sein du parlement régional et détient donc le même nombre de députés que le Parti nationaliste basque (PNV), parti nationaliste qui domine la vie politique régionale depuis des décennies.

« Aujourd'hui, nous avons fait un pas de géant. Nous entrons dans une nouvelle ère » au Pays basque, a déclaré dimanche soir Pello Otxandiano, le candidat aux régionales de la formation qui espère un jour parvenir à se hisser au pouvoir dans la région. « Nous allons continuer à travailler humblement, comme toujours, pour ce peuple », a dit pour sa part Arnaldo Otegi, président du parti.

Le PNV, qui perd quatre sièges, mais a recueilli près de 30 000 voix de plus, est toutefois a priori assuré de conserver le pouvoir dans cette riche région industrielle, peuplée de 2,2 millions d'habitants et dotée d'énormes compétences comme la santé, l'éducation, ou encore la police.

Selon les analystes, la coalition au pouvoir dans la région entre le PNV et les socialistes du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, arrivés troisièmes du scrutin, devrait en effet être reconduite. « Le PNV a gagné les élections » et va « donc prendre la responsabilité de former le gouvernement » régional, a déclaré son président Andoni Ortuzar.

Un fort soutien parmi les plus jeunes

Six ans après la dissolution en 2018 de l'ETA, tenue pour responsable de la mort de plus de 850 personnes en quatre décennies de violences, EH Bildu a mené une stratégie électorale gagnante, en mettant au deuxième plan ses revendications indépendantistes pour se focaliser sur les questions sociales, l'écologie, le féminisme...

Ce parti, toujours dirigé par un ancien membre de l'ETA, Arnaldo Otegi, bénéficie en particulier d'un fort soutien parmi les plus jeunes, qui ont peu ou pas vécu dans une société basque meurtrie par la violence de l'ETA. « La plupart des jeunes qui votent aujourd'hui n'ont pas connu le terrorisme » et si « on est de gauche et soucieux des questions sociales, on vote pour Bildu », assure l'un de ses électrices, Elena Garcia, une éducatrice spécialisée.

Bildu « parle de changement climatique, de féminisme, de logement et est en phase avec les inquiétudes des plus jeunes, une génération qui commence à voter et n'a pas connu le terrorisme » de l'ETA, juge Eva Silvan, politologue à la tête du cabinet de conseil Silvan&Miracle au Pays basque.

En dépit de la volonté de Bildu de ne pas parler du passé, l'ETA est toutefois revenu cette semaine au centre de la campagne lorsque le candidat de Bildu, Pello Otxandiano, a refusé de qualifier l'organisation séparatiste armée de groupe « terroriste ». Face aux condamnations unanimes de la classe politique espagnole, il a fini par demander pardon, mais sans toutefois changer de position sur le fond.

Le candidat du parti séparatiste de gauche EH Bildu, Pello Otxandiano, et le président du parti, Arnaldo Otegi, célèbrent les élections régionales du Pays basque, à Bilbao, Espagne, le 21 avril 2024.
Le candidat du parti séparatiste de gauche EH Bildu, Pello Otxandiano, et le président du parti, Arnaldo Otegi, célèbrent les élections régionales du Pays basque, à Bilbao, Espagne, le 21 avril 2024. © Vincent West / Reuters

Une position inconfortable d'arbitre pour Pedro Sanchez

Ce scrutin régional, très suivi dans le pays, plaçait le Parti socialiste de Pedro Sanchez dans une position inconfortable d'arbitre entre le PNV et Bildu, qui sont deux alliés indispensables de son gouvernement minoritaire au Parlement à Madrid. Les socialistes avaient toutefois, dès le début de la campagne, fermé la porte à une alliance avec Bildu si ce dernier remportait le scrutin.

EH Bildu « a une dette envers la société basque et tant que ce parti ne condamnera pas le terrorisme », les socialistes « ne signeront aucun type d'accord » avec lui au Pays basque, avait assuré le candidat socialiste aux régionales, Eneko Andueza.

L'alliance au Parlement espagnol entre Pedro Sanchez et Bildu lui vaut déjà les attaques incessantes de l'opposition de droite qui l'accuse de « blanchir » les « héritiers de l'ETA ». En décembre, l'aide apportée par les socialistes à EH Bildu dans sa prise de contrôle de la mairie de Pampelune, capitale de la Navarre, dans le nord, avait fait particulièrement enrager l'opposition.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.