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Migrations: des membres d'ONG de secours en Méditerranée obtiennent justice après 7 ans de bataille en Italie

Après une bataille juridique de sept ans, des membres d'équipages de navires de sauvetage de migrants accusés par l'Italie de collusion avec les trafiquants d'êtres humains en Méditerranée ont finalement obtenu justice vendredi 19 avril.

Le navire «Iuventa», de l'ONG allemande Jugend Rettet en 2016.
Le navire «Iuventa», de l'ONG allemande Jugend Rettet en 2016. NDREAS SOLARO / AFP
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En Italie, le juge des audiences préliminaires de Trapani, en Sicile, a décidé de classer l'affaire, suivant ainsi la requête des procureurs formulée en février, a indiqué l'une des ONG dans un communiqué. Le magistrat devait se prononcer sur une affaire impliquant les équipages de plusieurs navires de secours, dont celui du Iuventa, de l'ONG allemande Jugend Rettet.

L'avocate des membres de l'équipage du Iuventa, Francesca Cancellaro, a déclaré que les sept années d'enquête et les audiences préliminaires ont montré « à quel point les effets de la cristallisation de la solidarité peuvent être omniprésents ». Le Iuventa, qui a été saisi en 2017, reste « abandonné, pillé et en grande partie démoli » dans le port sicilien de Trapani, a indiqué l'ONG, malgré une décision de la justice italienne de décembre 2022 visant à le faire restaurer aux frais de l'Italie.

L'affaire a été marquée par la mise sur écoute d'avocats et de journalistes. Les autorités italiennes ont commencé à s'intéresser aux ONG en 2016, alors que le gouvernement de centre-gauche était aux prises avec une très forte hausse du nombre de migrants arrivant sur ses côtes. Quelque 181 000 migrants ont débarqué en Italie cette année-là, dans le cadre d'une vague plus large qui a vu plus de deux millions de demandeurs d'asile entrer dans l'UE, dont beaucoup venaient de Syrie et d'Afghanistan.

C'est un ancien policier travaillant comme agent de sécurité sur le navire Vos Hestia de Save the Children qui a le premier signalé les rumeurs selon lesquelles les ONG travaillaient avec des trafiquants d'êtres humains. La police a placé un agent infiltré sur le navire, tandis que les enquêteurs ont mis sur écoute des membres du personnel des ONG, des avocats et des journalistes, une mesure qui a suscité l'indignation lorsqu'elle a été rendue publique. Des poursuites ont finalement été engagées en 2021 contre 21 personnes des navires Iuventa, Vos Hestia et Vos Prudence, ces deux derniers gérés par Save the Children et Médecins sans frontières (MSF).

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Les ONG contraintes à moins de sauvetages

Après que l'affaire a été scindée en plusieurs procédures distinctes l'année dernière, dix membres d'équipage des trois navires étaient concernés par l'affaire classée ce 19 avril. Accusés d'avoir facilité l'immigration clandestine de la Libye vers l'Italie en 2016 et 2017, les prévenus risquaient jusqu'à 20 ans de prison.

Amnesty International et Human Rights Watch ont critiqué l'Italie pour sa « criminalisation » des sauveteurs de migrants et pour les violations des droits de la défense des accusés. Lorsque les procureurs ont recommandé de classer l'affaire, l'équipe de Iuventa a rapporté qu'ils avaient « admis que les principaux témoins manquaient de crédibilité et qu'il n'y avait aucun fondement pour accuser » les membres des équipages visés.

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Mais la position déjà sévère à l'égard des ONG s'est renforcée sous le gouvernement ultra-conservateur de Giorgia Meloni. Rome a ainsi limité l'activité de leurs navires à un seul sauvetage en mer à la fois, les obligeant à accoster dans un port assigné, souvent lointain. Ces règles ont, selon les ONG, considérablement réduit les sauvetages. Le gouvernement a également renouvelé un accord controversé entre l'Italie et le gouvernement libyen de Tripoli, soutenu par l'ONU, signé en 2017 et approuvé par l'UE. En vertu de cet accord, l'Italie fournit une formation et un financement aux garde-côtes libyens, soupçonnés de violations des droits de l'homme, afin de freiner les départs de migrants et de lutter contre les trafiquants.

Le «Iuventa» de l'ONG Jugend Rettet bloqué à quai à Lampedusa, le 2 août 2017.
Le «Iuventa» de l'ONG Jugend Rettet bloqué à quai à Lampedusa, le 2 août 2017. Handout / ITALIAN POLICE / AFP

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