France: Claude Alphandéry, ancien résistant et figure de l'économie sociale et solidaire, est décédé

Claude Alphandéry, ancien résistant lors de la Seconde Guerre mondiale et figure majeure de l'économie sociale et solidaire, est décédé à 101 ans des suites de « multiples maladies », a appris l'AFP ce mardi 26 mars auprès de sa famille et de deux institutions qu'il avait fondées. Il est resté engagé jusqu'à la fin de sa vie pour promouvoir une économie plus sociale et durable.

Claude Alphandéry, alors président du Conseil national de l'insertion par l'activité économique, le 14 septembre 2007 à Grenoble. © AFP / JEAN-PIERRE CLATOT

« Monsieur Alphandéry s'est éteint hier soir paisiblement, entouré de sa famille », a indiqué France Active, une association d'aide à la création d'entreprises engagées qu'il avait créée. Le Labo de l'Économie sociale et solidaire, qu'il a aussi fondé et dont il était le président d'honneur, a « malheureusement » confirmé cette information.

Souffrant des suites de « multiples maladies » et « très affaibli sur le plan physique » sur la fin de sa vie, Claude Alphandéry restait « toujours très actif intellectuellement » jusqu'il y a une semaine. Il « réfléchissait même à la façon dont on pouvait encore se mobiliser contre la montée de l'extrémisme en France et de la barbarie dans le monde ».

Une entrée dans la Résistance à 20 ans

Né à Paris le 27 novembre 1922, d'un père trésorier-payeur général et d'une mère présidente d'une société immobilière, Claude Alphandéry a 20 ans à peine lorsqu'il épouse la résistance lyonnaise, abandonnant les bancs confortables de sa khâgne pour le maquis. Il s'y distingue, puis devient en 1944 président du Comité de Libération de la Drôme. Une fois la guerre finie, il s'envole d'abord pour l'ambassade de France à Moscou (1945-1946), avant de reprendre ses études et d'intégrer l'ENA en 1947.

À la sortie de l'École nationale d'administration, il est nommé administrateur civil au ministère des Finances, puis chef du bureau des budgets économiques (1948-1958), avant d'enchaîner sur un poste de consultant auprès de l'ONU. Soutien de François Mitterrand en 1974 et bienfaiteur du Parti socialiste, il apporte ses convictions dans les politiques publiques et s'investit dans ce qui deviendra l'économie sociale et solidaire (ESS), persuadé qu'elle constitue la solution face au libéralisme et au capitalisme effrénés.

Un engagement économique et social profond

En 1988, il fonde France Active, puis le Labo de l'ESS en 2010, pour promouvoir cette économie sociale et solidaire au niveau national et européen. « Les combats qu'il a menés pendant la Seconde Guerre mondiale dans les maquis de la Drôme puis son engagement professionnel dans l'ESS montrent une continuité dans son engagement personnel », estime son fils Marc Alphandéry. Celui-ci a tenu à saluer son « goût de la vie, son enthousiasme, son optimisme invétéré à transformer les choses, sa curiosité, son humanisme », dont témoignait d'après lui le dernier appel de son père « à lutter contre la barbarie », publié le 4 mars dans L'Obs.

« Aujourd'hui, la résistance s'est déplacée vers le front de l'économie », déclarait Claude Alphandéry à l'aube de ses 100 ans dans cette tribune, appelant la société civile à s'engager pour une économie « plus sociale, plus inclusive et plus durable », via la création de clubs locaux. « Nous devons réparer les effets délétères d'une économie mondiale engagée dans une compétition sans freins pour des profits financiers sans limites, quoi qu'elle coûte à l'humanité et à la nature », ajoutait-il. Ses funérailles, ouvertes au public, auront lieu mercredi 3 avril à 14 heures au cimetière parisien de Montparnasse, a indiqué sa famille.