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L'accord migratoire entre l'Italie et l'Albanie validé par les députés italiens

Les députés italiens ont adopté, mercredi 24 janvier, l'accord avec l'Albanie prévoyant l'ouverture par Rome sur le territoire albanais de deux grands centres d'accueil pour les migrants, faisant fi des critiques d'ONG, d'institutions internationales et de l'opposition.

Une voiture sort du port de Shëngjin, dans le nord de l'Abanie, le 7 novembre 2023.
Une voiture sort du port de Shëngjin, dans le nord de l'Abanie, le 7 novembre 2023. AP - Armando Babani
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L'accord a été adopté par 155 voix pour et 115 contre, avec deux abstentions. Le Sénat, où la coalition ultraconservatrice au pouvoir de Giorgia Meloni dispose d'une large majorité parlementaire, devrait l'approuver sans difficulté. Le texte signé en novembre entre Rome et Tirana prévoit la mise en place de deux centres d'accueil dans le port de Shëngjin, dans le nord de l’Albanie : un servant à l'enregistrement des demandeurs d'asile et un autre, dans la même région, où les migrants seront logés dans l'attente d'une réponse à leur demande d'asile.

Ces deux centres qui seront gérés par l'Italie, sur le territoire d'un pays qui ne fait pas partie de l'Union européenne (UE), pourront accueillir jusqu'à 3 000 migrants arrivés en Italie par voie maritime. Face au recours déposé par l'opposition à Tirana, qui estime que ce document « viole la Constitution albanaise et renonce à la souveraineté du territoire de l'Albanie », la Cour constitutionnelle albanaise a suspendu la ratification de l'accord et doit rendre sa décision au plus tard le 6 mars.

Cet accord, avant même son éventuelle entrée en vigueur, a suscité de très nombreuses critiques. « Publicité électorale » en vue des élections européennes de juin, « inutile et coûteux », « inhumain et illégitime » : les députés d'opposition italiens n'ont pas manqué de dénoncer durement cet accord au cours du débat parlementaire. Ils en ont également critiqué le coût, estimé entre 650 et 750 millions d'euros sur cinq ans.

« Irréalisable, nuisible et illégal »

Le gouvernement de Giorgia Meloni est arrivé au pouvoir fin 2022 en promettant de réduire le nombre d'arrivées de migrants. Cependant, près de 158 000 personnes sont arrivées en Italie en 2023 contre environ 105 000 en 2022, selon le ministère de l'Intérieur du pays.

L'ONG International Rescue Committee (IRC) a fustigé un accord « déshumanisant », tandis qu'Amnesty International a déploré une « proposition irréalisable, nuisible et illégale ». Toutefois, l'Union européenne a exprimé son intérêt pour l'accord, soulignant que les centres seront gérés en vertu du droit italien et non du droit albanais.

Giorgia Meloni a déclaré que les mineurs, les femmes enceintes et les « personnes vulnérables » ne seront pas envoyés dans ces centres en Albanie, mais Amnesty souligne que cela ne figure pas dans le texte de la loi italienne ratifiant l'accord. En novembre, l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR) avait appelé au « respect du droit international relatif aux réfugiés » après la signature de cet accord.

Le Conseil de l'Europe avait indiqué, lui aussi, en novembre, que ce « régime d'asile extraterritorial se caractérise par de nombreuses ambiguïtés légales ». Il risque « d'aboutir à un traitement différent entre ceux dont les demandes d'asile seront examinées en Albanie et ceux pour qui cela se déroulera en Italie », avait estimé la commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatovic, dans un communiqué.

(Avec AFP)

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