À la frontière polonaise bloquée, l'interminable attente des camionneurs ukrainiens

Cela fait un mois que les transporteurs polonais bloquent les principaux points de passage vers l’Ukraine pour dénoncer une concurrence déloyale de leurs voisins. Un premier accord a été signé ce lundi pour permettre le passage des camions de l’Ukraine vers l’UE à vide. Une décision qui ne change rien au sort des chauffeurs ukrainiens bloqués dans l’autre sens, tentant de rentrer chez eux. 

Certains chauffeurs ukrainiens patientent depuis plus d'une semaine sur ce parking, et ne savent pas quand ils pourront enfin traverser la frontière. © Adrien Sarlat/RFI

Avec notre envoyé spécial au poste frontière de Korczowa, Adrien Sarlat

« Tu m’entends quand je te parle ? Je te le répète pour la quinzième fois : il faut laisser passer sept véhicules de chaque parking ! »

Après des semaines d'attente dans le froid, les nerfs des routiers ukrainiens commencent à lâcher. Mais selon les transporteurs polonais, ces blocages sont nécessaires à la survie de leurs compagnies. Comme beaucoup, Kamil Ambroziak, a traversé la Pologne dans l’espoir de sauver son entreprise. « Environ 30 ou 40% des compagnies de transport polonaises sont à l’arrêt. Cette concurrence ukrainienne représente une grande menace pour nous et pour l’Union européenne. »

Bloqué sur un parking depuis bientôt une semaine, par -5°C, Youri voit dans ces blocages une tentative d’affaiblir l’Ukraine en temps de guerre. « Je pense que la Russie joue un rôle là-dedans, et que ces gens sont payés pour nous bloquer, car ils vérifient tout ce qu’on transporte. »

Une accusation démentie par les agriculteurs polonais, venus se joindre aux blocages. « Nous ne sommes pas payés par Poutine ou par une quelconque organisation, nous sommes de simples agriculteurs. Notre secteur agricole s’effondre, et il se passe la même chose dans le secteur du transport. »

Si aucun accord n’est signé d’ici la fin de l’année, les Polonais ont prévu de reconduire la grève jusqu’en février 2024.

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