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Reportage

Pologne: le secteur agricole fortement influencé par la guerre en Ukraine

En Pologne, où des élections législatives se tiennent ce dimanche 15 octobre, la question des céréales ukrainiennes est devenue au fil de la campagne électorale l’un des principaux sujets, surtout pour le PiS, le parti Droit et Justice, au pouvoir depuis 2015. Après le début du conflit en Ukraine, le pays a été littéralement inondé par les céréales ukrainiennes. Les prix ont chuté et le quotidien des agriculteurs s'est compliqué. Le gouvernement a donc mis en place un embargo sur ces céréales afin de tenter de maintenir les prix. Embargo prolongé, malgré la décision de la Commission européenne d’y mettre fin, et qui ne semble pas mettre un terme à cette crise.

Ferme agricole de Wieslaw, à Rogow, en Pologne.
Ferme agricole de Wieslaw, à Rogow, en Pologne. Getty Images - Omar Marques
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Le problème lié aux céréales ukrainiennes empoisonne le quotidien des agriculteurs polonais depuis maintenant deux ans. Baisse des cours, hausse des coûts pour une production qui parfois reste invendue.

Le secteur agricole subit de plein fouet une crise qui semble sans fin, comme l’explique Aleksandra, éleveuse de porcs, mais surtout qui cultive quarante hectares de céréales dans la région de Gora Kalwaria, à moins de cinquante kilomètres au sud de Varsovie : « Au début, le prix des céréales était satisfaisant, mais aujourd'hui, il chute à un rythme effréné. Les prix que nous obtenons dans les magasins d'achat ne couvrent pas les coûts de production, c'est pourquoi il y a une rébellion contre des prix de vente aussi bas. Dans mon cas, ni les céréales ni le lait ne couvrent les coûts liés aux dépenses élevées que nous devons supporter en raison de la guerre et de l'importation de produits en provenance d'Ukraine. »

Un gouvernement qui manque de réactivité

Si certains agriculteurs louent les efforts des autorités pour tenter de trouver une issue à ce problème, beaucoup pensent que le gouvernement du parti Droit et Justice n’en fait pas assez. C’est en tout cas l’opinion de Zbigniew, agriculteur, mais aussi maire d’un village, qui est très actif pour tenter de trouver des solutions :« En mars dernier, le ministre de l'Agriculture a été remplacé et le gouvernement a admis avoir commis des erreurs, avoir pris conscience d'une nouvelle situation, et a tenté de calmer les esprits en déclarant qu'il allait introduire des subventions et des compensations et qu'il allait exporter les céréales. Il a oublié d'expliquer pourquoi il ne l'avait pas fait plus tôt, pourquoi il n'a pas préparé le transit des céréales ukrainiennes, sachant qu’il disposait de plusieurs mois pour le faire et pourquoi il n'a pas réagi à la situation, sachant qu'il dispose de statistiques provenant de la frontière. Sur une question aussi fondamentale, il n'y avait pas de cohérence dans le message des autorités, c'est du moins ce que nos médias nous ont expliqué. »

 

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Tout le secteur agricole concerné

Face au manque de réactivité des autorités qui n’ont d’autre solution que l’embargo qui a été mis en place sur les céréales ukrainiennes, certains agriculteurs ont décidé de changer de culture. C’est le cas notamment d’Ursula, agricultrice proche de la retraite : « Il y a deux ans, nous n’avions que deux hectares de céréales parce qu'on envisageait de changer de type production étant donné les prix. Avant, nous vendions la tonne pour trois cent trente euros, et lorsque les céréales sont arrivées d'Ukraine, la tonne était proche des deux cent vingt euros. Mais lorsqu’elles ont commencé à se vendre à moins de deux cent euros, on a arrêté de produire des céréales et nous avons commencé à cultiver à la place des fraises et des pommes. »

Mais même les agriculteurs qui ne cultivent pas de céréales subissent, eux aussi, l’effondrement des cours et sont aussi victimes d’une hausse des coûts de production, preuve que le problème touche l’ensemble du secteur. Milena, agricultrice spécialisée dans la production de pommes, dont la ferme est également située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale : « Nous avons un très gros problème : depuis le début de la guerre en Ukraine, d'autres produits ukrainiens, et pas seulement des céréales, ont commencé à affluer vers la Pologne. Les framboises congelées sont arrivées en grandes quantités, le concentré de pommes continue d'arriver. Les framboises polonaises sont restées sur les branches, beaucoup de producteurs ne les ont pas ramassées, ils ont renvoyé leurs employés chez eux parce que le prix des framboises coupées était trop bas et que les coûts de production et de récolte sont désormais trop élevés. »

Le mécontentement est donc généralisé dans le secteur agricole polonais. Et face au manque de proposition de la part du gouvernement sortant et donc du parti Droit et Justice, de nombreux agriculteurs qui votaient jusqu’à présent pour cette formation conservatrice et eurosceptique, avouent qu’ils comptent se tourner vers d’autres partis, notamment KO, la coalition civique de Donald Tusk ou encore le PSL, le Parti paysan polonais, autrefois allié au parti Droit et Justice.

 

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