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Ankara célèbre le centenaire du traité de Lausanne, fondateur de la Turquie moderne

Ce lundi 24 juillet, la Turquie célèbre le centenaire du traité de Lausanne. Dernier traité de la Première Guerre mondiale, il précise les frontières de la Turquie moderne, issue de l’Empire ottoman.

Deux femmes passent devant une image de Mustafa Kemal Ataturk, le fondateur de la Turquie moderne, alors qu'elles arrivent dans un bureau de vote d'une école primaire, à Diyarbakir, dimanche 28 mai 2023 (image d'illustration) .
Deux femmes passent devant une image de Mustafa Kemal Ataturk, le fondateur de la Turquie moderne, alors qu'elles arrivent dans un bureau de vote d'une école primaire, à Diyarbakir, dimanche 28 mai 2023 (image d'illustration) . AP - Metin Yoksu
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De notre correspondante à Ankara, 

Ce traité de paix international trace pour l’essentiel les frontières actuelles de la Turquie. Il a été signé entre les Alliés de la Première Guerre mondiale et les représentants de ce qui allait bientôt devenir la République de Turquie. Le fondateur de cette République, Mustafa Kemal, venait de sortir victorieux d’une guerre dite « de libération » contre les forces d’occupation à Istanbul et dans une bonne partie de l’Anatolie. Car après la Grande Guerre, ces puissances alliées s’étaient partagé l’Empire ottoman, l’un des perdants du conflit mondial.

Le traité de Lausanne est donc une revanche qui permet aux Turcs de retrouver leur souveraineté sur l’Anatolie. Il institue aussi des échanges massifs de population entre la Turquie et la Grèce.

Ce traité de Lausanne est présenté dans l’historiographie officielle turque comme une victoire. Et à raison, puisqu’il vient confirmer les succès militaires et la légitimité du régime que Mustafa Kemal – qui deviendra « Atatürk » – installe à Ankara. Il efface l’humiliation du traité de Sèvres, qui certes n’avait jamais été appliqué. La République de Turquie sera proclamée trois mois plus tard, le 29 octobre 1923.

Théories du complot

Alors que la Turquie célèbre le centenaire de cette victoire, le traité de Lausanne est l’objet de théories du complot qui sont étonnamment populaires. Pour résumer, le traité contiendrait des « clauses secrètes » imposées à l’époque par les Occidentaux. Des clauses qui lui interdiraient d’exploiter les richesses de son sous-sol. Heureusement, le traité arriverait à expiration ce 24 juillet 2023.

Cette thèse est aussi absurde que répandue. Dans un sondage de l’institut Konda réalisé en 2018, la moitié des Turcs interrogés la partageaient. Ces théories sont les héritières de critiques du traité de Lausanne formulées dès sa signature, dans les cercles anti-républicains et anti-occidentaux, et qu’adopteront aussi bien plus tard des auteurs marxistes. C’est l’idée selon laquelle les signataires côté turc auraient trop cédé aux Occidentaux. Trop de territoires, mais pas seulement : ils auraient fait la promesse – la promesse secrète, donc – d’occidentaliser la Turquie, au détriment de son identité turque et musulmane.

Le pouvoir actuel en Turquie ne rechigne pas à adopter une rhétorique anti-occidentale. L’an dernier, la présidence turque a démenti l’existence de clauses secrètes. Recep Tayyip Erdogan, certes, n’a jamais défendu cette thèse.

Mais en glorifiant sans cesse l’Empire ottoman – un Empire mythique, dans une vision « turquisée » et islamisée qui gomme la diversité ottomane – et en associant fréquemment les dernières décennies de l’Empire et les premières décennies de la République à une période où la Turquie se serait elle-même placée sous le joug occidental, il donne en quelque sorte du grain à moudre aux tenants de ces théories.

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