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ANALYSE

Géorgie: les violences contre les LGBT+ instrumentalisées par un pouvoir pro-Russe

La journée de samedi a été marquée en Géorgie par des violences contre un rassemblement d’organisations LGBT+. Ce n’est pas la première fois dans cette ex-république soviétique, depuis l’arrivée au pouvoir en 2012 du parti le « Rêve géorgien ». Cette fois encore, des groupes qui se présentent comme traditionalistes et nationalistes et qui sont proches du parti au pouvoir en sont l'origine.

Les opposants aux droits des homosexuels brûlent des drapeaux LGBT lors d'une fête des fiertés à Tbilissi, en Géorgie, le 8 juillet 2023.
Les opposants aux droits des homosexuels brûlent des drapeaux LGBT lors d'une fête des fiertés à Tbilissi, en Géorgie, le 8 juillet 2023. AP - Zurab Tsertsvadze
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De notre correspondant à Tbilissi,

La récurrence de ces violences ne peut pas forcément s’interpréter comme la réaction d’une partie de la société qui serait traditionaliste dans un pays qui aspire à se rapprocher de l’Europe. Sans mettre de côté une forme de traditionalisme dans la société géorgienne, cette question LGBT+ est complètement instrumentalisée.

Depuis 2012, c’est-à-dire depuis le retour du Kremlin de Vladimir Poutine avec un projet politique qui se présente comme très conservateur, la question LGBT+ est devenue tout autour de la Russie, un outil géopolitique utilisé contre les sociétés, les organisations, les partis, pro-occidentaux.

Les violences de ces derniers jours en Géorgie sont étroitement liées à la question russe. Ce n’est pas un hasard si elles se produisent et si elles sont provoquées au moment même où le parti au pouvoir, le « Rêve Géorgien » de l’oligarque Bidzina Ivanichvili, qui a fait fortune en Russie, est en train d’effectuer un virage géopolitique. Il est en train de ramener le pays dans le giron russe.

Et il le fait alors que, selon les derniers sondages, 81% des 3,7 millions de Géorgiens disent vouloir que leur pays devienne membre de l’Union européenne. Personne ou presque dans le pays ne veut revenir dans l’orbite russe. La seule solution qui reste au pouvoir, c’est de diaboliser l’Occident en faisant croire que celui-ci menace les valeurs prétendument traditionnelles de la Géorgie.

Loi contre « la propagande LGBT »

Une loi contre « la propagande LGBT »  pourrait être adoptée par le parti au pouvoir. Il s’agit donc de détourner par ce moyen les Géorgiens de leur rêve européen et en même temps, de détourner les Européens, les 27 pays membres de l’UE, de leur volonté de continuer à se rapprocher de la Géorgie. 2023 est une année cruciale en Géorgie, l’Europe devant décider d’ici la fin de l’année d’octroyer ou non le statut de pays candidat à la Géorgie.

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En mars dernier, ce même pouvoir a tenté d’adopter une loi sur les agents étrangers, calquée sur le modèle de celle adoptée par la Russie en 2012 et qui s’est avérée un texte liberticide. Le but d’une telle loi était de faire en sorte que les Européens disent : « On ne peut pas accepter la Géorgie parmi nous, c’est contraire à nos valeurs. » Le texte n’a pas été adopté parce que les Géorgiens, des jeunes notamment, sont sortis assez massivement dans les rues pour dire non à ce qu’ils ont alors baptisé la « loi russe ».

Avec ce nouveau projet de loi, contre « la propagande LGBT », le pouvoir tente à nouveau d’adopter un texte inacceptable pour les Européens. Ce afin qu’ils disent finalement non à l’octroi à la Géorgie du statut de pays candidat à l’UE à la fin de l’année. Un non qui permettrait au gouvernement actuel géorgien d’accélérer le retour du pays dans l’orbite russe.

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