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Covid-19 au Royaume-Uni: l’ex-ministre de la Santé aurait ignoré les conseils de spécialistes

Parmi les pays d'Europe de l'Ouest, le Royaume-Uni a été le plus touché par la pandémie de Covid-19, comptant plus de 3000 morts par million d'habitant. Alors que le gouvernement conservateur de Boris Johnson de l’époque est visé par une enquête, ayant essuyé de nombreuses critiques sur la gestion de cette crise, le tabloïd Daily Telegraph révèle des messages de l’ancien ministre de la Santé prouvant qu’il avait ignoré les conseils des spécialistes.

L'ancien ministre britannique de la Santé Matt Hancock, ici lors d'un point sur la pandémie de Covid-19, le 27 mai 2021 à Londres.
L'ancien ministre britannique de la Santé Matt Hancock, ici lors d'un point sur la pandémie de Covid-19, le 27 mai 2021 à Londres. © Matt Dunham / AP
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De notre correspondante à Londres,

Le Daily Telegraph accuse le ministre de la Santé de l’époque Matt Hancock d’avoir ignoré les conseils du médecin-chef. Celui qui est l’un des principaux quotidiens et tabloïdes britanniques a pu consulter 100 000 messages WhatsApp de Matt Hancock, échangés à l’époque avec ses collaborateurs, les autres membres du gouvernement et ses conseillers. 

On y apprend que Matt Hancock a tardé à faire tester toutes les personnes arrivant en maison de retraite. La recommandation avait été publiée le 14 avril 2020 et le ministre semble d’abord la soutenir. On est alors au tout début de la crise du Covid-19 et les connaissances en matière de transmission sont limitées. Mais au lendemain, il annonce que seules les personnes arrivant des hôpitaux seront testées : un dépistage général, selon lui, « brouillerait le signal ».

À cette période, Matt Hancock promettait de parvenir à 100 000 tests par mois pour le grand public britannique et il semblait alors craindre qu’étendre le dépistage dans les maisons de retraite l'empêcherait d’atteindre son objectif.

Ces messages mettent aussi en évidence son apparente indifférence quant aux restrictions de visite dans les maisons de retraite, malgré la très forte opposition de l’une de ses secrétaires d’État. Au total, 46 000 résidents d’Ehpad sont décédés du Covid-19 au Royaume-Uni.

Un accord de confidentialité brisé au nom de « l’intérêt public »

Alors que les pratiques de la presse britannique, notamment des tabloïds, sont parfois critiquées, Matt Hancock lui-même a transmis ces messages à une journaliste du Daily Telegraph. L’histoire ne s’arrête toutefois pas là. Connue pour ses positions anti-confinement, la journaliste Isabelle Oakeshott avait travaillé avec l’ancien ministre sur l’écriture de ses mémoires, Journaux d’une Pandémie. Elle avait alors signé un accord de confidentialité… qu’elle a décidé de briser au nom de « l’intérêt public », en publiant « les Lockdown Files ».

À lire: Royaume-Uni: face à la crise de l’hôpital public, les autorités appellent à la prudence

Des méthodes évidemment critiquées par Matt Hancock, toujours député aujourd’hui. Ses porte-paroles indiquent qu’il n’a pas eu l’opportunité de se défendre, ayant été prévenu « tard le soir » de la veille de la publication. Selon lui, Isabelle Oakshott n’aurait pas évoqué tout ce qui s’est passé en périphérie des messages WhatsApp : par exemple, les multiples réunions. Matt Hancock y aurait notamment appris que le dépistage universel en maison de retraite n’était pas faisable.

Une enquête très lente sur la réponse gouvernementale au Covid-19

Même si Boris Johnson n’est plus Premier ministre, le parti conservateur est toujours au pouvoir. Dans ce cadre, une enquête indépendante examine la réponse gouvernementale à la pandémie, une enquête a déjà pris beaucoup de retard : les plus pessimistes s’attendent à ce qu’elle dure 10 ans. Le comité a déjà refusé de prendre en compte plusieurs axes, par exemple les inégalités raciales, alors que le virus a été encore plus mortel pour les minorités ethniques.

Cette enquête est devenue un serpent de mer dont certains craignent que les conclusions arrivent si tard que les principaux visés ne seront plus en poste, et trop tard pour en tirer des conclusions utiles. C’est d’ailleurs à cause de cette lenteur qu’Isabelle Oakeshott a souhaité publier les messages.

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