Allemagne: Friedrich Merz, ancien rival d’Angela Merkel, élu à la tête de la CDU
Trois mois et demi après la débâcle subie aux législatives, la CDU vient d'élire à la majorité absolue son nouveau chef. Un ancien rival d'Angela Merkel, Friedrich Merz, prend la direction du parti et devient par la même occasion le chef de l'opposition.
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Friedrich Merz est le grand rival de toujours de l’ancienne chancelière qui l’avait délogé de son poste de président du groupe CDU CSU au Bundestag au début des années 2000. Un geste qu’il ne lui pardonnera jamais.
En 2009, il se retire complètement de la vie politique et se reconvertit avantageusement dans la finance. Mais lorsque Angela Merkel annonce son retrait de la tête de la CDU, en 2018, moins de 24 heures plus tard, à la surprise générale, Friedrich Merz annonce son intention de lui succéder. Il perdra par deux fois.
La troisième tentative aura été la bonne, souligne correspondante à Berlin, Nathalie Versieux. Après des mois d'errements suite à la défaite cuisante subie aux législatives de septembre, Merz a été élu à 62% par les 400 000 militants du parti conservateur allemand.
Vers un retour aux valeurs traditionnelles du parti ?
Une majorité claire qui fait de lui le chef incontesté de l'opposition au chancelier Olaf Scholz. Merz incarne un recentrage de la CDU sur les valeurs traditionnelles et l'adieu aux années Merkel. Son entourage fait peu de place aux femmes, aux jeunes ou aux personnes issues de l'immigration, avec une sur-représentation des milieux d'affaires.
Paul Maurice (IFRI): «C'est la consécration d'une ligne plus populiste que Angela Merkel»
Européen convaincu, il est adepte des propositions de réforme de l'UE d'Emmanuel Macron. Critique de la politique d’ouverture des frontières aux migrants en 2015, il entend aussi faire faire revenir dans le giron de la CDU les électeurs partis à l'extrême-droite.
Son élection est une étape importante dans le processus de reconstruction de la CDU, laminée par le départ d'Angela Merkel. L'élection de Friedrich Merz à la tête du parti doit encore être confirmée par un congrès du parti en début d'année. Il semble déjà acquis qu'il briguera alors la tête de son groupe parlementaire, un poste capital dans la démocratie allemande, et une revanche personnelle pour celui qui en avait été évincé par l'ancienne chancelière.
♦ « La fin de l'ère Merkel », l'élection de Friedrich Merz vu par la presse allemande
« C'est la fin de l'ère Merkel », constate le tabloïd Bild Zeitung, qui y voit aussi « une véritable claque à l'attention des instances dirigeantes de la CDU ». De quoi inquiéter le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung qui redoute une vague de nostalgie à la tête du parti. « Il ne peut y avoir de retour à l'époque d'Helmut Kohl. La CDU a des chances de présenter une véritable alternative à la politique d'Olaf Scholz poursuit le titre. À condition qu'elle regarde de l'avant ». Rappelons que Friedrich Merz a réalisé l'essentiel de sa carrière politique sous l'ancien chancelier. « Merz s'est présenté ces derniers temps comme incarnant la modernisation de la CDU, ironise le quotidien de gauche TAZ. Modernisation ? Vraiment ? N'est-ce pas lui qui s'est toujours opposé à la ligne moderne de Merkel ? » L'entourage de Friedrich Merz est résolument masculin, ses prises de position jugées parfois homophobes et s'il a remisé son avion privé, il a toujours du mal à se présenter comme le défenseur des plus défavorisés.
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