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Environnement

COP23: pas assez d'engagements financiers pour les pays pauvres, selon les ONG

La COP23 se termine à Bonn. L'un des objectifs était de préparer des documents pour le « manuel d'application » de l'accord de Paris, une sorte de mode d'emploi qui devra être finalisé l'année prochaine lors de la COP24 en Pologne. Mais sur certains points, ça stagne. Le goût est un peu amer pour les pays les plus pauvres : hormis des avancées sur les droits de l'homme et l'égalité des genres, pas d'engagements financiers aujourd'hui, seulement des promesses pour l'avenir.

Haut représentant des îles Fidji, Aiyaz Sayed-Khaiyum, illustre la menace qui pèse sur son archipel, à la COP 23 de Bonn, le 13 novembre 2017, à Berlin.
Haut représentant des îles Fidji, Aiyaz Sayed-Khaiyum, illustre la menace qui pèse sur son archipel, à la COP 23 de Bonn, le 13 novembre 2017, à Berlin. REUTERS/Alister Doyle
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Avec nos envoyées spéciales à Bonn,  Agnès Rougier et Christine Siebert

Quelques avancées techniques, mais sur de nombreuses questions la présidence fidjienne s’est heurtée au manque de volonté politique des pays. Entre autres sur la question des financements.

« Suite à une année 2017 qui a été marquée par des catastrophes climatiques multiples que ce soit des ouragans, des sècheresses, des inondations, on attendait de la COP 23 des avancées concrètes sur le soutien financier aux populations les plus pauvres qui font face aujourd’hui aux impacts du changement climatique. Malheureusement le résultat est très décevant, les pays développés sont venus pour leurs majorités les mains vides, sans nouvelles annonces financières », déplore Armelle Lecomte, spécialiste des enjeux climatiques pour l’ONG Oxfam.

Un paradoxe relevé également par Célia Gautier, responsable Climat-énergie à la Fondation pour la nature et l'homme, qui attend des actes exemplaires de la part de la France lors du sommet du 12 décembre prochain, à Paris. « Emmanuel Macron, Angela Merkel l’ont rappelé à la tribune de l’ONU, il y a quelques jours : l’urgence climatique est là, il nous faut des financements. Pourtant, personne n’arrive avec des annonces financières, c’est quand même étonnant, dit-elle. Nous espérons donc qu’au sommet qu’Emmanuel Macron va accueillir à Paris le 12 décembre, qui sera un sommet sur le financement du climat, la France acceptera de passer de l’affichage, des grands discours aux actes concrets, et nous dise comment elle va pouvoir aider les pays en développement à s’adapter aux impacts du changement climatique. Des annonces ont déjà été faites à la COP 21 mais sont insuffisantes. Il va falloir doubler l’aide apportée par la France aux pays en développement pour qu’il puisse répondre aux impacts du changement climatique. »

COP 23: les pays en développement dans l'attente d'un geste fort des pays riches

« Les ressources internes existent aussi en Afrique »

Beaucoup de pays grands émetteurs de gaz à effet de serre se sont cachés derrière la défection des États-Unis pour ne rien promettre, un manque à gagner auquel le président Macron a fait allusion dans son discours mercredi dernier. Mais pour Yacoubou Biosawe, en charge des questions climatiques à la Banque ouest-africaine de Développement, l'Afrique, même si elle est la « principale victime » du changement climatique, ne doit pas se contenter d'une position passive de receveur. Elle peut et doit s'activer.

« Macron affirmait dans son discours que le gap suscité par le retrait des Américains, relativement à la question de financement, dans le financement déposé et l’accompagnement du Giec, que les pays devaient se mobiliser pour combler ce gap. Nous le croyons. Mais les pays africains doivent également se mobiliser parce que les ressources internes existent. Il suffit que l'on s’organise et que l'on voit comment apporter des contributions à partir de mobilisation de ressources en interne. La conférence de Doha, en 2002, a clairement réaffirmé que le développement est l'affaire de chaque pays. C’est vrai, nous ne nous mettons pas au même degré que les pays du Nord, c’est vrai aussi que nous sommes les principales victimes, mais nous devons faire quelque chose. Nous devons continuer aussi, nos partenaires doivent accepter, n’est-ce pas, de mettre la main à la poche pour accompagner cet enjeu planétaire dont personne ne peut y échapper, riches et pauvres sont embarqués, peut-être que les pauvres mourront en premier, mais les riches suivront. »

L'arrêt du nucléaire, un préalable pour les ONG, pas pour Macron

L’autre sujet qui n’avance pas, c’est la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Chaque pays doit maintenant faire des efforts sur son propre territoire avec notamment le choix de politique énergétique plus engagé.

« Le président français monte à la tribune et défend l’industrie nucléaire. C’est une erreur de positionnement parce qu’aujourd’hui, tant qu’on ne diminuera pas la part du nucléaire, on ne pourra pas laisser la place aux énergies renouvelables pour se déployer, ça c’est inacceptable », s’insurge Sarah Fayolle, chargée de campagne climat à Greenpeace France.

A la tribune de la COP23 le 15 novembre, le président français avait évoqué la nécessité d'« accélérer la montée en charge des énergies renouvelables et donc les mutations technologiques » les accompagnant. « Que personne ne se trompe : prétendre que nous devrions accélérer la fermeture de centrales nucléaires sans avoir préalablement répondu à cela, c'est nous condamner dans les prochaines années à rouvrir des centrales à charbon », a-t-il assuré.

C'est pas du vent : COP23: où est passée l'urgence?

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DR RFI

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