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UE

Sommet de La Valette: les flux migratoires libyens en question

Les dirigeants européens se réunissent ce vendredi pour un sommet informel à Malte afin d'afficher leur unité face au futur post-Brexit, à la nouvelle donne politique à Washington depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, mais aussi et surtout face à la crise migratoire.

Nombre de migrants refusent d'être identifiés à leur arrivée sur le sol italien afin de pouvoir s'installer ou déposer une demande d'asile dans le pays européen de leur choix.
Nombre de migrants refusent d'être identifiés à leur arrivée sur le sol italien afin de pouvoir s'installer ou déposer une demande d'asile dans le pays européen de leur choix. Yara Nardi/Italian Red Cross press office
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Il est temps de fermer la route allant de la Libye à l'Italie.

Donald Tusk, président du Conseil européen

Plusieurs questions sont à l'ordre du jour au sommet de l'Union européenne à Malte. La situation migratoire, notamment la périlleuse traversée de la Méditerranée depuis la Libye sera examinée à Vingt-Huit, en présence de la Première ministre britannique, Theresa May, puis le déjeuner de travail sera l'occasion de débattre de la situation internationale, notamment des défis posés par la politique du président américain Donald Trump.

Enfin, l'après-midi sera consacré à la préparation de la commémoration du 60e anniversaire du Traité de Rome, là encore une occasion de revenir sur les principes et les valeurs de la construction européenne, confrontée aux divers populismes.

Mais la première des questions reste celle des migrations internationales. Car comment faire face à la situation migratoire tendue en Méditerranée centrale, là où de nombreux migrants périssent en essayant de rejoindre l’Italie ?

C’est en fait un vrai casse-tête pour les Vingt-Huit. A La Valette, leurs efforts doivent se concentrer d’abord sur la Libye d’où la plupart des migrants prennent la mer, explique notre envoyé spécial à la Valette, Tudor Tepeneag.

Plus de 180 000 migrants sont parvenus en Italie l’an dernier, en 2016, dont 25 000 mineurs isolés au prix de 4 500 morts. Pour les Européens, les chiffres parlent d’eux-mêmes.

TEMOIGNAGE

Les personnes que nous secourons à bord de ces embarcations sont amaigries, éprouvées, ne portent pas de gilet de sauvetage à bord de ces bateaux pneumatiques. Il n’y a que des boussoles hors d’usage.

01:03

Mathilde Auvillain

Juliette Gheerbrant

Et puisque l’accord passé avec la Turquie a permis de réduire considérablement les passages par la mer Egée vers la Grèce, les Vingt-Huit entendent en étendre le principe afin de tenter de neutraliser l’itinéraire par la Méditerranée centrale, essentiellement de la Libye vers l’Italie.

 → A (RE)LIRE : Les nouveaux garde-frontières européens à l'épreuve de la surenchère anti-migrant

Cependant l’instabilité politique et sécuritaire en Libye est telle que faute d’interlocuteur fiable, l’UE se limite à former les garde-côtes de ce pays et à financer les ONG actives dans les camps de réfugiés qui s’y trouvent.

Pour Philippe Lamberts, co-président du groupe des Verts au Parlement européen, tout cela ne résoudra rien et ne fera qu'accroître l'emprise des groupes armés sur les migrants : « Au moins [en Turquie], on sait à qui on parle. La Libye, deux gouvernements, deux Parlements, des chefs de guerre à ne plus savoir quoi en faire : on parle à qui là ? Et surtout pour quoi faire ? Parce qu’en Turquie, vous avez encore un régime qui fonctionne, qui peut donc accueillir par exemple le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés ou d’autres ONG internationales pour organiser l’accueil des réfugiés. C’est quoi l’accueil des réfugiés en Libye ? Ce sont des bandes armées qui soumettent les migrants à l’esclavage, à la prostitution pour en extorquer un maximum de fric pour qu’ils paient ensuite leur traversée vers l’Europe. Donc, on va aller payer des bandes armées en Libye pour maintenir ces gens dans l’esclavage, dans la prostitution. Ce sont les valeurs de l’Union européenne ? De qui se moque-t-on ? »

Le Premier ministre du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale, Fayez al-Sarraj, était dernièrement à Bruxelles pour réclamer davantage d’aide dans la lutte contre les passeurs, alors que la Commission européenne leur a débloqué environ 250 millions d’euros pour ce faire.

Endiguer les flux à la source

Une autre priorité des chefs d’Etat et de gouvernement, réunis à La Valette, est d’endiguer à la source les flux migratoires, c’est-à-dire d’accélérer le développement économique des pays africains d’origine des migrants. Mais cette aide nouvelle sera davantage conditionnelle qu’auparavant et sera liée aux efforts déployés effectivement par ces Etats pour dissuader ces candidats à l’immigration, ainsi qu’à l’automaticité de la réadmission des expulsés.

Le contexte politique international doit être également abordé à La Valette : comment se positionner par rapport à certaines mesures du président américain Donald Trump, qui posent problème. Sans doute en réaffirmant les principes et les valeurs de la construction européenne, et il en sera question lors de la préparation de la commémoration du 60e anniversaire du Traité de Rome, inscrite aussi à l’ordre du jour.

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