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Italie / France

Les migrants de Vintimille entre espoir et évacuations

Des dizaines de migrants, qui dormaient à la frontière franco-italienne sous un pont de la voie de chemin de fer, ont été évacués ce mardi 16 juin au matin par la police italienne. Ceux qui restent attendent dans le dénuement le plus total tandis que le dossier envenime les relations franco-italiennes.

Un migrant évacué par la police italienne près de Vintimille, le 16 juin 2015.
Un migrant évacué par la police italienne près de Vintimille, le 16 juin 2015. REUTERS/Eric Gaillard
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La police est arrivée sur les lieux en début de matinée et a demandé aux étrangers de quitter le campement de fortune, rapporte notre envoyée spéciale dans la gare de Vintimille, Julliette Gheerbrant. La plupart de ceux qui dormaient sous un pont de la voie de chemin de fer ont été évacués dans un autocar de la Croix-Rouge italienne. Certains ont toutefois opposé une vive résistance et ont dû être portés par plusieurs policiers.

Les autres, ceux qui restent, empêchés par la police française de traverser la frontière, lorgnent toujours vers l’ouest, comme Miquel un jeune Erythréen de 25 ans qui va tenter sa chance aujourd’hui pour la première fois. Il est arrivé hier de Milan. « S’il me ramène tant pis, je recommencerai », dit-il. Comme Malik qui vient du Soudan et qui lui a déjà fait trois tentatives infructueuses. Il a été ramené par la police française.

Ils sont donc encore une centaine, pour la plupart installés dans un grand couloir mis à disposition et où ils dorment alignés par terre sur des cartons. Il y a des poussettes pour les plus petits car il y a aussi des familles. D’autres sont carrément installés devant la gare, dorment sur des terre-pleins, sous les palmiers. Quelques structures de douches et de sanitaires ont été installées hier et la Croix-Rouge leur distribue un repas par jour.

Plus loin vers la frontière, certains refusent toujours de quitter les rochers sur lesquels ils s’étaient réfugiés la semaine dernière. On ne parle que de ça, dans la région, et tous les journaux titrent sur la fermeture de la France, une France qui n’est pas épargnée dans les conversations énervées des habitants de Vintimille croisés ce matin au café devant la gare.

Une situation de blocage

Ce mardi soir, la situation est bloquée à tous les niveaux. Pour les migrants bien sûr qui n’ont pas l’intention de renoncer de passer en France pour autant. La plupart de ceux qui ont été ramenés en ville ce matin par la police et la Croix-Rouge refont le chemin inverse, à pied, une petite dizaine de kilomètres. Ceux qui sont à la gare tentent régulièrement leur chance par le train et se font refouler par la police française et recommencent dans un ballet qui ne mène nulle part.

Un blocage au niveau politique local également, car la ville de Vintimille qui vient de passer à gauche se bat pour que la région de la Ligurie qui elle vient de passer à droite ouvre des centres et apporte de l’aide. Mais la région ne veut surtout pas que les migrants s’installent alors que la saison touristique commence sur la Riviera italienne.

Et blocage européen, enfin. Le dossier commence à agiter les politiques de part et d'autre de la frontière. Le ministre italien de l'Intérieur a dénoncé mardi le blocage de la frontière française à Vintimille. Pour Angelino Alfano, il s’agit tout bonnement d’une « une entrave à la libre circulation ». Des déclarations faites en arrivant à une réunion de l'UE à Luxembourg où il allait rencontrer ses homologues français, Bernard Cazeneuve, et allemand, Thomas de Maizière, pour une consultation qui doit désamorcer la menace d'une nouvelle crise grave entre la France et l'Italie.

M. Cazeneuve avait assuré lundi que la frontière franco-italienne n'était pas « bloquée » à Vintimille. Pour le résident de la place Beauvau, la France y fait seulement respecter les règles européennes prévoyant que soient « réadmis » en Italie les migrants enregistrés dans ce pays.

« Pas de solidarité sans responsabilité »

« Nous sommes en faveur de la solidarité, mais pas de solidarité sans responsabilité », a déclaré le ministre français de l'Intérieur à la sortie de la réunion avec ses homologues italien et allemand. La France a demandé à l'Italie de mettre en place un dispositif de sélection des migrants arrivés sur son territoire si elle veut bénéficier de la solidarité de ses partenaires européens via la prise en charge d'un certain nombre de demandeurs d'asile.

Et alors que les Vingt-huit n'ont pas réussi, ce mardi, à Luxembourg, à se mettre d'accord  sur une répartition des migrants et réfugiés au sein de l'Union, la Croix-rouge, elle, continue à répondre tant bien que mal à la crise humanitaire en apportant le minimum vital aux centaines de personnes qui depuis 6 jours dorment dehors.

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