Accéder au contenu principal
Russie / Ukraine

Ukraine: les soldats russes capturés étaient là «par erreur» pour Moscou

Kiev a diffusé aujourd'hui des témoignages vidéo de parachutistes russes capturés la veille dans l'est de l'Ukraine, ce qui constitue une première preuve matérielle de la participation des forces régulières russes dans les combats. Le ministère russe de la Défense reconnait qu'un groupe de soldats russes a traversé la frontière, mais ils l'auraient fait « par erreur » .

Soldats de l'armée régulière à un point de contrôle de la ville de Debaltseve, dans le département de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, le 16 août 2014.
Soldats de l'armée régulière à un point de contrôle de la ville de Debaltseve, dans le département de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, le 16 août 2014. REUTERS/Valentyn Ogirenko
Publicité

C'est la première fois que la Russie reconnait la présence de soldats russes en Ukraine. Jusqu'alors Moscou admettait que des volontaires russes aient pu s’engager aux côtés des indépendantistes ukrainiens, mais il s'agissait, disait-on ici, de choix individuels, et en aucun cas de soldats de l'armée régulière. C'est ainsi que l'on a appris la présence de miliciens tchétchènes, proche du président tchétchène Kadyrov, ou de cosaques, qui, par idéal nationaliste, auraient rejoint les rebelles du Donbass.

Moscou s'en tenait là, malgré les témoignages recueillis par les journalistes, malgré les cercueils rapatriés d'Ukraine vers la Russie. Cette fois, face aux témoignages des parachutistes russes capturés par les Ukrainiens, Moscou admet qu'il s'agit bien de soldats russes, explique notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne.

Frontière mal définie

Mais pour le ministère russe de la Défense, ils sont entrés « par erreur » en territoire ukrainien. Ils participaient à une patrouille, et comme la frontière entre les deux pays est mal définie, ils n'ont pas vu qu'ils pénétraient en territoire ukrainien. D'après leurs témoignages, à prendre avec précaution car diffusés par les Ukrainiens, ils auraient été volontairement envoyés en Ukraine, mais sans que leur mission ne soit précisée. Il s'agit de parachutistes de la 98e division aéroportée basée en Russie centrale. Ils ont été arrêtés lundi soir près du village ukrainien de Dzerkalné, à une vingtaine de kilomètres de la frontière russe. Une vidéo sur le site Ukraine Today montre trois de ces hommes, en uniforme, témoigner face caméra.

« Nous avancions en colonnes dans les champs, pas sur la route. J'ai deviné que nous étions en Ukraine quand on a commencé à nous bombarder », témoigne un jeune caporal russe. Un autre parachutiste explique à son tour qu'il pensait dans un premier temps participer à des « manœuvres », pour lesquelles on avait demandé aux militaires de couvrir de peinture blanche les numéros de leurs véhicules. « Quand on a fait exploser mon blindé j'ai commencé à avoir peur, je me suis rendu compte qu'ici c'est la guerre entre l'Ukraine et la Russie, dit-il et il rajoute... ce que raconte la télévision russe ne correspond pas à la réalité ». Le même soldat dit par ailleurs, dans l'enregistrement vidéo, qu'une compagnie entière n'aurait pas pu traverser la frontière « par accident » comme l'a affirmé une source militaire russe.

La dizaine d'hommes s'est laissé arrêter sans opposer la moindre résistance ce qui fait dire ironiquement à Moscou qu'on est loin de l'invasion russe, évoquée par l'Ukraine. Les autorités de Kiev accusent en effet la Russie d’avoir aussi fait franchir la frontière à une colonne de véhicules blindés dans le sud du Donbass. Des accusations aussitôt rejetées par Moscou et qu'il est impossible de confirmer de source indépendante les affirmations des autorités ukrainiennes.

Violents combats en direction de Marioupol

Une certitude en revanche, de violents combats ont éclaté dans cette zone frontalière, non loin de la ville de Marioupol. Les séparatistes ont décidé d’ouvrir un nouveau front pour faire face aux forces ukrainiennes. « Nous avons lancé une offensive dans la région de Marioupol, plus précisément dans le district de Novoazovsk que nous avons attaqué par l’ouest et par le nord, déclarait hier soir Andreï Pourguine, vice-Premier ministre de la république auto-proclamée de Donetsk à notre envoyé spécial, Daniel Vallot. Nous avons infligé des pertes matérielles irréparables à l’armée ukrainienne et la destruction de leurs engins de guerre permettra à la population civile de moins souffrir des destructions qui lui sont infligées… Notre objectif majeur c’est d’encercler et de réduire à néant les bataillons de la Garde nationale ukrainienne qui sont cantonnée plus au Nord… Pour cela nous devons assurer nos arrières, et nos arrières aujourd’hui ils se trouvent dans les secteur de Telmanove et de Novoazovsk ».

Ce mardi matin, notre envoyé spécial dans la région de Novoazovsk  témoignait de tirs d'artillerie et de la panique de la population, terrifiée par l'irruption des combats dans leur région. De nombreux habitants ont quitté la zone pour se réfugier dans les villages voisins ou dans la capitale régionale, Marioupol. Les tirs ont connu une pause en fin de matinée avant de reprendre à la mi-journée.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.