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Éclairage

Environnement: le changement climatique fait ralentir la vitesse de rotation de la Terre

C'est une conséquence plutôt méconnue du changement climatique : en faisant fondre les calottes polaires, le réchauffement global ralentit la vitesse de rotation de la Terre, selon une étude publiée dans la prestigieuse revue Nature le 27 mars. Mais une planète qui prend plus de temps pour tourner sur elle-même a pour conséquence d'affecter la mesure du temps mondial.

Pour que nos horloges atomiques de référence continuent à correspondre à un jour solaire, les scientifiques ont prévu de retirer une seconde à nos 24 heures en 2026. (Image d'illustration).
Pour que nos horloges atomiques de référence continuent à correspondre à un jour solaire, les scientifiques ont prévu de retirer une seconde à nos 24 heures en 2026. (Image d'illustration). © MirageC / Getty Images
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L'image que l'on se fait de la Terre est, en général, celle d'une boule sphérique qui flotte dans l'univers. Pourtant, la planète bleue est en réalité légèrement aplatie aux pôles et un peu plus large au niveau de l'équateur. Selon les chercheurs et une nouvelle étude publiée dans la revue Nature le 27 mars dernier, le réchauffement climatique accentue ce phénomène. En effet, « on observe en ce moment que les deux grandes calottes polaires, le Groenland et l'Antarctique, perdent de plus en plus de glace à cause du réchauffement climatique », explique Heidi Sevestre, glaciologue.

« Cette glace se transforme en eau, et avec la rotation de la Terre, elle va petit à petit être transportée au niveau de l'équateur. La Terre a déjà une forme légèrement oblongue, en rajoutant cette eau de fonte du Groenland et de l'Antarctique, cela élargit encore plus cette forme oblongue », détaille la chercheuse. C'est précisément cette forme qui va entraîner le ralentissement de la rotation de la planète sur elle-même. « Un peu comme un patineur qui, lorsqu'il tourne sur lui-même, va étendre ses bras pour ralentir », simplifie-t-elle.

La vitesse de rotation de la Terre varie

C'est ce que l'étude publiée dans la revue Nature montre. « L'effet du réchauffement climatique depuis 1990 a été de ralentir la rotation de la Terre. Si le réchauffement climatique ne s'était pas produit, la Terre aurait continué à tourner plus vite », indique Duncan Agnew, auteur principal de cette étude et chercheur en géophysique à l'université de Californie. Or, depuis cette période, elle ralentit légèrement.

En effet, la Terre ne réalise pas vraiment toujours parfaitement un tour sur elle-même en 24 heures. Plusieurs phénomènes physiques naturels, comme l'attraction de la Lune sur les océans, peuvent la ralentir. D'autres peuvent, au contraire, la faire accélérer. Depuis les années 1970, les scientifiques observent d'ailleurs que la Terre accélère.

« Dans le noyau liquide de la Terre, il y a des courants (comme les courants océaniques, mais beaucoup plus lents). Ces courants changent de manière irrégulière et provoquent une rotation du noyau dans son ensemble, ce qui modifie la vitesse de rotation de la Terre solide au-dessus. Les données montrent que depuis 1972, le noyau a régulièrement ralenti, ce qui correspond à une accélération de la Terre solide au-dessus », développe Duncan Agnew.

Enlever une seconde au temps

Cette accélération ne représente que de minuscules fractions de secondes et restent imperceptibles, mais au fur et à mesure, cela finit par compter. La Terre fait donc un tour sur elle-même en moins de temps. Le tour des horloges doit donc suivre et se faire également en moins de temps. Pour que nos horloges atomiques de référence continuent à correspondre à un jour solaire, les scientifiques ont donc prévu de retirer une seconde à nos 24 heures en 2026.

Avec le changement climatique et le ralentissement de la vitesse de rotation de la Terre, les responsables de l'exactitude des horloges atomiques vont donc sans doute pouvoir s'éviter, pour un moment encore, un tel procédé. Toutefois, on ne peut pas parler d'impact « positif » selon l'auteur de l'étude : « Je pense que considérer le réchauffement climatique comme positif en raison de son effet sur la mesure du temps, c'est comme regarder un lac pollué et considérer que la pollution est positive car elle fait changer la couleur de l'eau. » L'exploratrice Heidi Sevestre rappelle aussi que « la fonte des glaces est surtout synonyme de montée du niveau des mers et des centaines de millions de personnes qui vont devoir être déplacées ».

En revanche, ce qui est extraordinaire pour Duncan Agnew, c'est de voir que « le réchauffement climatique a progressé au point que ses effets se manifestent dans la façon dont la Terre entière tourne. Un phénomène qui n'a jamais été vu auparavant, et cela souligne à nouveau que nous vivons à une époque où des changements sans précédent sont en cours ».

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