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Inquiétude après la détection de premiers cas de grippe aviaire en Antarctique

Responsable de la mort de millions d'oiseaux depuis 2021, le virus H5N1 a pour la première fois été détecté sur le continent blanc, où il pourrait faire des ravages parmi les colonies de manchots et oiseaux.

Des manchots papous dans le détroit de Gerlache, qui sépare l'archipel de Palmer de la péninsule Antarctique, le 20 janvier 2024 (photo d'illustration.
Des manchots papous dans le détroit de Gerlache, qui sépare l'archipel de Palmer de la péninsule Antarctique, le 20 janvier 2024 (photo d'illustration. AFP - JUAN BARRETO
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Ce sont deux cadavres d'oiseaux qui suscitent beaucoup d'incertitude. Deux labbes, trouvés non loin de la base de recherche argentine Primavera, sur la péninsule Antarctique. Morts de la grippe aviaire qui décime les populations d'oiseaux du monde entier depuis deux ans, ils indiquent que pour la première fois, le virus a touché le continent blanc.

« On assiste aux prémices d'un grave impact sur les populations aviaires en Antarctique », explique Thierry Boulinier, directeur de recherche CNRS au Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier. « Nous ne sommes encore sûrs de rien, mais on peut s'attendre à de très fortes conséquences, notamment sur les colonies les plus denses. » C'est notamment le cas des manchots, qui se reproduisent dans des colonies de plusieurs milliers d'individus. « Il y a également des espèces qui nichent en beaucoup plus faible densité, mais qui se nourrissent sur ces populations de manchots. C'est le cas par exemple du labbe brun, qui se nourrit par prédation ou sur des cadavres. Cela peut conduire à une exposition à des maladies », précise Thierry Boulinier. « Le problème, c'est de déterminer combien de temps cela prendra avant d'observer une transmission vers d'autres espèces comme les manchots », explique au journal The Guardian Antonio Acalmí, du conseil national de recherche espagnol, et qui a testé les carcasses de labbes. « Je pense que cela se produira certainement. Mais il faut surveiller. »

En effet, mis à part observer et documenter le drame en train de se dessiner, les scientifiques se retrouvent démunis, sans mesures de prévention ou de mitigation, à plus forte raison sur un territoire aussi isolé que l'Antarctique. « Il y a beaucoup de choses à faire en termes de recherche et de surveillance », avance Thierry Boulinier, « mais oui, nous sommes démunis ». Le travail de recherche est néanmoins primordial, pour comprendre comment se répand le virus : « Des membres de mon équipe étaient sur les îles Malouines où H5N1 est arrivé cet hiver. On y trouve de grosses colonies d'albatros à sourcils noirs, et de manchots gorfous sauteurs. La mortalité concernait quelques individus au départ, puis est devenue plus grande. Mais à certains endroits, elle n'a pas explosé. Ce n'est pas évident de prédire ce qui va se produire et par quelles espèces va passer la transmission », poursuit le chercheur.

Les craintes sont néanmoins fondées ; une équipe de chercheurs anticipait dans un article publié en novembre dernier que si le virus de la grippe aviaire commençait à circuler dans les populations de manchots antarctiques, cela constituerait l'une des plus importantes catastrophes écologiques de l'ère moderne.

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