Accéder au contenu principal
Chronique des matières premières

Les nouveaux enjeux du transit gazier en Ukraine

Publié le :

L’accord de transit gazier en Ukraine, signé en 2009 entre le géant russe Gazprom et l'opérateur ukrainien Naftogaz, arrive à échéance fin décembre. Les négociations reprennent ce lundi entre Russie, Ukraine et Commission européenne à Bruxelles. Malgré les désaccords, le contexte est très différent de celui des années 2000, où l'on avait assisté à une véritable crise gazière en Europe.

Le chantier de construction du gazoduc Nord Stream 2, près de la ville de Kingisepp, dans la région de Léningrad, en Russie, le 5 juin 2019.
Le chantier de construction du gazoduc Nord Stream 2, près de la ville de Kingisepp, dans la région de Léningrad, en Russie, le 5 juin 2019. REUTERS/Anton Vaganov
Publicité

C'est l'un des derniers dossiers que Maros Sefcovic doit gérer d'ici la fin de son mandat de commissaire européen à l'Energie : l'accord qui définira les nouvelles règles de transit du gaz russe en Ukraine à partir de janvier prochain.

Toute la difficulté pour la Commission européenne est de garantir un certain revenu à son allié ukrainien (encore 3 milliards de dollars l'an dernier), alors que les volumes de gaz russe à travers ce pays vont diminuer dans les années à venir.

Nouvelles routes gazières russes opérationnelles

La Russie aura ouvert de nouvelles routes gazières. Dès l'an prochain TurkStream 1 construit par Gazprom sous la mer Noire va détourner de l'Ukraine 15 milliards de m3 de gaz. Encore 15 milliards de m3 en 2021 avec l'entrée en fonction de son jumeau TurkStream 2. L'Ukraine ne transportera plus que 55 milliards de m3 de gaz par an contre 86 milliards de m3 cette année. Et sans doute seulement 30 milliards de m3 en 2022 si ne serait-ce qu'un des deux tuyaux de Nordstream 2, achevé à 90 % sous la mer Baltique, est alimenté, une fois que Gazprom aura modifié son tracé pour éviter le Danemark.

Proposition européenne inacceptable pour Gazprom

Or c'est 60 milliards de m3 minimum via l'Ukraine que Bruxelles et Kiev voudraient imposer à Gazprom, et pendant dix ans, avec la possibilité d'aller jusqu'à 90 milliards de m3 par an. Aucune chance qu'un tel contrat soit accepté par le géant russe. Ce serait en outre « illégal selon les nouvelles règles européennes, souligne Thierry Bros, de l'Oxford Institute for Energy Studies : on ne peut accorder plus de la moitié des capacités de transit (146 milliards de m3 en Ukraine) au même opérateur ! »

Peu de danger d'interruption des flux vers l'Europe

Va-t-on pour autant vers un échec des négociations et une rupture des approvisionnements vers l'Europe ? Nous ne sommes plus au milieu des années 2000. « Les stocks en Europe et en Ukraine sont pleins à 100 %, suffisants pour passer l'hiver », souligne un autre spécialiste des hydrocarbures Pierre Terzian. Les prix sont bas. « Fermer les robinets du gaz serait contre-productif pour Gazprom, d'autant que cela précipiterait la transition énergétique en Europe », renchérit Thierry Bros. Les négociations et les flux gaziers ont donc de grandes chances de se poursuivre, les relations étant un peu meilleures entre Moscou et le nouvel exécutif ukrainien. Même si un accord commercial en bonne et due forme n'est signé qu'ultérieurement.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.