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Chronique des médias

Le Rwanda, l’OIF et la liberté de la presse

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La Rwandaise Louise Mushikiwabo a été nommée à la tête du secrétariat général de l’OIF, lors du 17ème sommet de la Francophonie, à Erevan en Arménie. Une désignation qui a été critiquée par Reporters sans frontières.

Louise Mushikiwabo, l'ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères a été nommée secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie.
Louise Mushikiwabo, l'ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères a été nommée secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie. Ludovic MARIN / AFP
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Le communiqué date de juillet dernier mais l’interrogation prend un relief particulier aujourd’hui : l'OIF, interrogeait Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, « va-t-elle pouvoir favoriser le pluralisme des médias et la liberté de la presse conformément à ses objectifs en matière de droits de l'homme, si elle est dirigée par l'une des principales dirigeantes d'un Etat qui piétine le droit à l'information et réprime les journalistes? ».

Huit journalistes tués depuis 1996, 35 contraints à l’exil, une 156e place sur 180 pour la liberté de la presse. C’est vrai que le bilan du Rwanda, en la matière, n’est pas flatteur. Selon Reporters sans frontières, le régime de Paul Kagame dont Louise Mushikiwabo a été la ministre pendant dix ans, est « l’un des pires systèmes de répression à l’égard des médias ». Et si le nombre d’exactions a baissé ces dernières années, comment ignorer le nouveau code pénal rwandais qui prévoit deux ans de prison pour tout outrage à un parlementaire ou un agent public et cinq à sept d’ans d’emprisonnement en cas d’injure ou de diffamation envers le chef de l’Etat ?

Emmanuel Macron, qui a été le premier à appuyer la candidature de Louise Mushikiwabo, s’est expliqué sur le choix d’un pays dirigé d’une main de fer et qui questionne, pour le moins, la vocation de l’OIF à promouvoir les droits de l’homme. Sur cette antenne, il a parlé de « francophonie de conquête » et de sa volonté d’avoir une candidature africaine. « Quand la francophonie est un club fermé, où quelques-uns donnent des leçons aux autres, cela ne produit aucun résultat », a-t-il insisté. Son pari est donc que le Rwanda se sente « obligé », c’est son terme, vis-à-vis des valeurs de la Francophonie.

En tant que président de l’Union africaine, Paul Kagamé a en outre un poids important en Afrique alors même que la France souhaite que soit confié à cette organisation des contrats « robustes » de maintien de la paix sur le continent. Enfin, cette nomination est aussi sans doute une façon de renouer les fils du dialogue avec un Etat dynamique qui a longtemps tourné le dos à la France et qui l’accuse d’avoir contribué au génocide de 1994.

En tout état de cause, les médias francophones ont besoin de l’Organisation internationale de la francophonie même si celle-ci a diminué par trois son aide à leur égard. La question est maintenant de savoir ce que va faire Louise Mushikiwabo. Va-t-elle soutenir des journaux, des sites uniquement en tant que vecteurs de la langue française ? Ou va-t-elle le faire car ce sont des instruments de diffusion des droits de l’homme ? Ce n’est pas, en effet, tout à fait la même chose.

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