Fausser l’histoire, trafiquer l’histoire, cela a toujours été possible pour les Etats. Ils l’ont tous fait, d’une manière ou d’une autre, un jour ou l’autre. Il n’y a qu’à fermer les archives, ou à dire qu’il n’y en a pas ! Partout, de telles manœuvres sont vite démasquées et le crime de faussaire perdu d’avance. Or, l’histoire ne s’écrit pas seulement à partir des archives ! Il y a aussi la mémoire que personne ne peut emprisonner. Pour les morts innocents de Thiaroye, la mémoire, plus exactement les mémoires, n’ont jamais cessé de parler. Parler, pour raconter une histoire conforme aux réalités que les gens ont vécues : l’histoire d’un passé qui ne passe pas ! De Thiaroye, lieu du massacre de 1944, on voit Gorée, symbole de la déportation des Africains pendant des siècles vers les Amériques. Avec Martin Mourre, historien et anthropologie, auteur de Thiaroye 1944. Histoire et mémoire d’un massacre colonial (Presses Universitaires de Rennes).