Accéder au contenu principal
Revue de presse des hebdomadaires français

A la Une : maladresse ou pression ?

Publié le :

© AFP/Pius Utomi Ekpei
Publicité

Les journaux sont partagés après la révélation du Canard enchaîné hier sur la récente convocation de François Falletti, procureur général de Paris, par le cabinet de la ministre de la Justice, Christiane Taubira. François Falletti, nommé sous Sarkozy, se serait vu proposer un autre poste, moins « politique »…

Cette affaire relance la délicate question de l’indépendance des magistrats du parquet par rapport au pouvoir politique. Les syndicats de magistrats sont sous le choc ; la droite crie au « scandale d’Etat », et la polémique se poursuit ce matin dans la presse. Il faut dire, rappelle Le Parisien, « qu’avec emphase, et même une certaine verve, Christiane Taubira n’a eu de cesse de mettre en avant son respect de “l’indépendance de la justice” depuis son arrivée au ministère. La convocation par le cabinet de la ministre du procureur général de Paris, François Falletti, pour l’inciter à quitter son poste sensible met sérieusement à mal ce principe. »

En effet, reconnaît Libération, « en cherchant, la semaine dernière, à faire muter le procureur général de Paris, nommé en 2010 par Nicolas Sarkozy, la ministre de la Justice a, au mieux, été très maladroite. Au pire, elle s’est rendue coupable des mêmes vicissitudes que le gouvernement précédent. »

Le Figaro met l’affaire sur cinq colonnes à la Une : « Magistrature : les pressions de Taubira suscitent un tollé », s’exclame le journal. Le Figaro qui exprime toute sa colère : « François Falletti, professionnel expérimenté et irréprochable aux yeux de tous, est la victime du sectarisme et de l’hypocrisie de Mme Taubira dont les méthodes sont aussi révoltantes que ses discours aux accents robespierristes. François Falletti n’est coupable de rien d’autre que d’avoir été nommé sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, l’ennemi. Quant à la “promotion” qui lui était offerte, elle n’était qu’une voie de garage. »

L’Alsace insiste : « Mme Taubira avait pourtant juré qu’elle n’userait pas de ce genre de méthodes. Le pouvoir enivre, c’est bien connu. (…) La Robespierre de Hollande est donc faillible. Cette fois, la ministre s’est pris les pieds dans le parquet. C’est d’autant plus idiot qu’elle a confondu un magistrat avec une carpette. »

Couper le cordon ?

D’autres journaux calment le jeu et renvoient gauche et droite dos à dos… Pour La République des Pyrénées, « l’opposition n’est peut-être pas la mieux placée pour pousser des hauts cris puisque lors du précédent quinquennat pas moins de quatre procureurs généraux avaient été remerciés ! » Toutefois, poursuit le quotidien béarnais, « ce sont les promesses même de Christiane Taubira et, du même coup, celles de François Hollande qui se trouvent violées. Promesses d’indépendance de la justice. (…) On est donc un peu stupéfait de l’incroyable maladresse avec laquelle le cabinet de Christiane Taubira, et donc la Garde des Sceaux elle-même, a procédé. »

La Montagne complète : « bien sûr qu’il n’y a pas là matière à “scandale d’Etat”, comme a tout de suite voulu l’insinuer la droite, oublieuse de ses pratiques passées. Mais dire qu’il “n’a pas là de quoi fouetter un chat”, ainsi que l’a minimisé la gauche, relève d’une exagération inverse. » Et La Montagne de rappeler que « pas plus que la droite, la gauche n’a entrepris une réforme du Conseil supérieur de la magistrature entérinant la coupure radicale du cordon ombilical entre le pouvoir et le parquet dont “l’absence d’indépendance” était justement pointée tout récemment par la Commission européenne. Pas étonnant qu’en France, conclut La Montagne, corruption, conflits d’intérêts et contentieux politico-financiers soient majoritairement enterrés par des magistrats d’un parquet sensible. »

Accrochés à leur fauteuil…

A 50 jours des municipales, Libération dénonce les cumulards… « Maires, accros au mandat », s’exclame le journal qui constate en effet que « la France est championne du non-renouvellement des élus dans les grandes villes. (…) C’est un paradoxe français et le grand non-dit des municipales, soupire Libération. Dans moins de deux mois, la plupart des maires sortants seront probablement reconduits dans les urnes. Parfois pour un quatrième, un cinquième ou un sixième mandat. Sur les 240 plus grandes villes, les possibles bascules, propres à renouveler de fond en comble les équipes municipales, n’excèdent pas la cinquantaine. »

Libération donne des exemples : Jean-Claude Gaudin à Marseille, 74 ans, qui se lance pour un quatrième mandat ; Pierre Méhaignerie, maire de Vitré depuis… 1977 ; ou encore le socialiste Laurent Cathala, seul maître à bord à Créteil depuis… 1977 également et qui brigue un septième mandat…

Et Libération, dans son éditorial de dénoncer ces « cumulards sans gêne, qui empilent les mandats sans se soucier de l’usure du temps et des esprits (…). C’est pourtant ce cumul temporel qui crée les baronnies locales et leurs dérives clientélistes, déplore le journal, empêche le renouvellement des générations et des idées. Une autre loi interdisant une telle pratique politique est désormais illusoire mais il appartient aux hommes politiques et aux partis de trouver le courage de définir de nouvelles règles. En attendant, conclut Libération, les électeurs ont toujours la possibilité de sanctionner les cumulards. »

« Le boycott qui inquiète Israël »

C’est la Une de La Croix. « Le gouvernement israélien est fortement préoccupé, précise le journal, par le mouvement qui s’affirme dans les pays occidentaux contre les entreprises israéliennes implantées dans les Territoires occupés. » En effet, complète La Croix, « des investisseurs se désengagent du capital des sociétés concernées. Des consommateurs font pression pour que l’étiquetage fasse la distinction entre les produits fabriqués en Israël et ceux présentés comme israéliens mais venant de Cisjordanie. Les milieux d’affaires s’inquiètent à Tel-Aviv. »

La Croix rappelle que « pour l’ONU et pour la quasi-totalité de ses membres, Israël occupe la Cisjordanie et Jérusalem-Est. En y construisant des villes, l’Etat Hébreu viole le droit international. Le gouvernement Netanyahou accepte d’autant plus difficilement ce point de vue qu’il compte plusieurs ministres issus de ces localités. »

« Menacé de boycott, Israël s’affole », renchérit Libération. « L’éventualité de sanctions européennes frappant les produits des colonies en cas d’échec des négociations de paix effraie milieux d’affaires et modérés. Les nationalistes crient au chantage. »

Tempêtes en série

Enfin, « On n’en a pas fini avec les tempêtes » : constatation du Parisien. « Vents violents, vagues vertigineuses. Une fois de plus, les intempéries n’ont pas épargné le littoral atlantique hier. Et ça va durer », annonce le journal. « Exemple, dans le Finistère, depuis le 19 décembre, date de la première tempête saisonnière, le département breton a cumulé trente jours de très mauvais temps sur 49 possibles ! Bien que chaque coup de tabac ne soit pas exceptionnel, les météorologues ne peuvent que constater qu’une telle accumulation l’est. Et ce n’est pas fini, donc. Aujourd’hui, toute la façade atlantique est encore en vigilance orange vagues-submersion. »

Alors, s’interroge Le Parisien, « ces phénomènes météo extrêmes sont-ils liés au changement climatique ? » même s’il n’y a pas de certitudes scientifiques, oui, répond le journal : « pas besoin d’être savant pour voir que le temps change ! »

 

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
  • 05:03
  • 05:51
  • 05:16
  • 05:15
  • 05:27
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.