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France

Le logement en France au régime sec

En France, le logement, grand perdant du projet de loi de finances pour 2018, doit faire des économies. Son budget est réduit de 18 % sur deux ans. Les aides aux logements seront rabotées de 1,7 milliard d’euros l’an prochain.

Les APL diminueront de 1,5 milliard d'euros dans le parc HLM, où logent quelque 10 millions de personnes en France.
Les APL diminueront de 1,5 milliard d'euros dans le parc HLM, où logent quelque 10 millions de personnes en France. PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Avec l'Emploi, le logement est un des grands perdants du projet de loi de finances pour 2018. Son budget va diminuer de 18 % sur deux ans. Le gouvernement veut aligner sa politique sur celle de ses voisins européens. « La France consacre en effet plus de 40 milliards d'euros à la politique du logement, soit 2 % de sa richesse intérieure, un niveau très supérieur à la plupart de ses voisins européens », indique le document budgétaire présenté en Conseil des ministres.

En 2018, le ministère de la Cohésion des territoires, qui distribue les aides au logement, devra se priver de 1,7 milliard d’euros. Son budget cette année s’élève à plus de 18,3 milliards d’euros. Il tombera donc à 16,5 milliards l’année prochaine. Une baisse conséquente qui se poursuivra l’année suivante.

Réduction des aides au logement

C'est en taillant dans les APL, les aides personnalisées au logement, que le gouvernement compte faire des économies. Le secteur social loge quelque dix millions de personnes en France. Globalement, les APL diminueront de 1,5 milliard d’euros dans le parc HLM, les habitations à loyer modéré. D’habitude, le logement social est un secteur très protégé en France.

Le gouvernement s'attaque d'abord au secteur public parce qu’il peut agir sur celui-ci beaucoup plus facilement et rapidement que sur le privé. Les réformes dans le privé viendront dans un deuxième temps.

Les aides au logement– il y en a plusieurs – bénéficient à plus de six millions de ménages français. Elles seront donc réduites d'au moins 60 euros par an, soit 5 euros par mois. Le montant peut paraître anodin, mais il constitue une somme conséquente pour les tout petits budgets, fustigent les associations.

Le gouvernement s'attaque aux aides au logement parce qu’elles coûtent cher à l’Etat : 18 milliards d'euros par an. C’est « une charge lourde », sans que « les objectifs d’amélioration des conditions de logement », ne soient atteints, affirme Bercy. Le logement est un secteur en crise en France. Les loyers sont de plus en plus chers, même dans le secteur public. Le gouvernement veut, entre autres, mettre un frein à l’escalade des prix des loyers. Et les APL, selon lui, alimentent cette escalade. Elles compensent des loyers trop élevés dans le parc social.

La baisse des aides au logement veut dire que les gens payeront plus pour se loger. Pour que cette coupe soit « indolore » pour public, l’exécutif veut mettre les bailleurs sociaux à contribution. Ils devront baisser leurs loyers d’autant.

En échange de l’effort demandé, L’Etat leur promet des compensations. Par exemple, un allongement de la durée des emprunts. Le taux du livret A, dont les fonds d'épargne servent à financer le logement social, sera stabilisé pendant deux ans. Il y aura aussi une accélération des ventes de HLM…

Les bailleurs sociaux vent debout

Ces mesures fait bondir le monde des HLM. « C’est totalement injuste », a protesté le président de la Fédération des offices publics de l’habitat, Alain Cacheux. « On fait payer au secteur HLM des dérives en matière de loyers qui sont celles du secteur privé, alors que nos loyers sont encadrés. Notre pronostic vital est engagé », a-t-il insisté. La fédération regroupe 260 organismes qui gèrent plus de deux millions de logements.

Pour les bailleurs sociaux, ce dispositif réduit de 70 % la capacité d’investissement du secteur pour rénover les logements existants ou en construire de nouveaux. Une nécessité pour pallier à « la pénurie » de logements qui « éloigne de l’emploi les moins privilégiés d’entre nous et freine la mobilité sociale et géographique », reconnaît le ministère de la Cohésion des territoires. Pour certains bailleurs, plus de 60 000 emplois directs et indirects sont menacés. « On s’attaque aux deux outils de la solidarité nationale envers les plus fragiles: l’APL et le logement social », regrette Christophe Robert, porte-parole de la fondation Abbé Pierre.

Congrès HLM tendu

C'est dans un contexte tendu donc que le congrès HLM à Strasbourg se termine ce jeudi soir, après trois jours de débats. Et c'est le secrétaire d’Etat à la Cohésion des territoires Julien Denormandie qui clôture ce grand rendez-vous des professionnels du logement social. Il peut s’attendre à des réactions houleuses.

Le congrès avait fixé une « ligne rouge » au gouvernement : « pas de baisse des APL ». Il n’aura pas été entendu. Les économies prévues en 2018 vont donc se poursuivre en 2019. Le budget sera ramené à 15 milliards d’euros, par le biais d’un nouveau calcul des APL, un calcul sur les revenus de l’année et non sur les deux précédentes années.

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