«Inchallah un fils» montre l’oppression des femmes en Jordanie

C’était le premier film jordanien à concourir au Festival de Cannes en mai dernier, à la Semaine de la critique, l'une des principales sections parallèles du festival. « Inchallah un fils » est un miroir tendu à la société jordanienne sur l'inégalité entre hommes et femmes face à l'héritage. Le film réalisé par Amjad Al Rasheed a été sélectionné pour représenter la Jordanie aux Oscars.

Mouna Hawa dans « Inchallah un fils », du réalisateur jordanien Ajmad Al Rasheed. © Pyramide Distribution

À 38 ans, Amjad Al Rasheed incarne la relève du cinéma d'auteur jordanien. Il raconte sur grand écran la confiscation de l'héritage par la société patriarcale de son pays, à travers le portrait d'une femme, Nawal, brutalement veuve et mère d'une petite fille. Sans héritier mâle, l'héritage, c'est-à-dire la maison qu'elle occupe avec son enfant et que sa dot a permis de payer, appartiendra désormais au frère de son mari. Nawal pourrait aussi perdre sa fille, le frère du défunt pouvant réclamer sa garde, s’il parvient à prouver - comble de l'absurde - que sa mère, désormais sans domicile, n’a plus les moyens de l’élever.

Inchallah un fils frappe par sa maîtrise et la profondeur de son intrigue dans différentes strates de la société jordanienne. Le film déroule une sorte de course contre la montre oppressante, entre tentatives de bluff d'une femme combative qui doit jouer serré - coincée par le poids de la morale religieuse et de la réputation - face à des personnages masculins avides. Coécrit par deux femmes, Rula Nasser et Delphine Agut, Inchallah un fils livre une critique implacable et réaliste de l’oppression structurelle des femmes en Jordanie.