«Anatomie d’une chute», le beau parcours d’un film français de Cannes jusqu'aux Oscars
Palme d’or au Festival de Cannes, récompensé aux Golden Globes à Hollywood, sélectionné dans cinq catégories aux Oscars, Anatomie d’une chute figure également parmi les favoris de la 49e cérémonie des César, prévue pour le 23 février prochain.
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Ce mercredi matin, l'académie des César, qui décerne chaque année les récompenses du cinéma français, a rendu publique la liste des films arrivés en tête du premier tour de vote. Sans surprise, Anatomie d'une chute, de la réalisatrice Justine Triet, remporte onze nominations juste derrière le film Le règne animal de Thomas Cailley qui en rafle douze.
Anatomie d'une chute caracole une nouvelle fois en tête de peloton après avoir été nommé dans cinq catégories dont celles de meilleur film, meilleure réalisatrice, meilleur scénario et meilleure actrice aux Oscars d'Hollywood. Depuis sa Palme d'or au Festival de Cannes en mai 2023, le film effectue un parcours exemplaire, notamment à l'international. Ce qui est assez rare pour un film français.
Des polémiques
Le cinéma français n'est pas si souvent et avec une telle intensité sous les feux de la rampe. On s'en réjouit peut-être un peu plus que d'habitude du fait du rendez-vous contrarié à Cannes en mai 2023. Les propos échangés à l'époque entre le gouvernement français et la réalisatrice avaient plombé l'ambiance. À la tribune, Justine Triet avait dédié son triomphe aux sans-voix, ceux qui avaient lutté contre la réforme des retraites ; elle dénonçait aussi la marchandisation de la Culture.
Ces propos ont été jugés inappropriés, injustes et ingrats par l'ancienne ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, qui soulignait la masse d'argent public investi par l'État français dans le cinéma. L'ex-Première ministre, Élisabeth Borne, avait même glissé qu'elle n'irait pas voir le film.
Quelques semaines plus tard, c'est d'ailleurs un autre long métrage, La passion de Dodin Bouffant, un film sur l'amour et la cuisine française, signé du réalisateur franco-vietnamien Tran Anh Hung, avec Juliette Binoche et Benoît Magimel, qui était choisi pour représenter la France aux Oscars. À l'époque, ce choix avait été perçu comme une vexation à destination de Justine Triet.
Le public a répondu présent
Le public a aussi été au rendez-vous. Presque 1,5 million de spectateurs sont allés voir le film en salles depuis sa sortie fin août. C'est beaucoup pour un film tourné en français et en anglais, sans star française, même si Sandra Hüller est une immense actrice allemande.
C’est sans doute le sujet du film et la façon dont il est traité qui interpelle. Anatomie d'une chute raconte le procès d'une femme dont le mari a été retrouvé mort, apparemment tombé du toit. Chute accidentelle ou dispute ? Les seuls témoins sont leur fils malvoyant et son chien. À travers le procès de cette femme, la réalisatrice ausculte les rôles masculins-féminins au sein d'un couple, les rapports de pouvoir, les non-dits, l'argent, la réussite, la jalousie, la liberté sexuelle. Que reproche-t-on finalement à cette femme ? Peut-être de s'être attribuée dans le couple la place qu'occupent en général les hommes ?
Le scénario a été écrit à quatre mains par Justine Triet et son compagnon lui-même réalisateur et acteur, Arthur Harari, et c'est sans doute pour cela qu'il sonne juste, qu'il fait écho à des débats intimes, à des questionnements sur les relations hommes-femmes qui traversent nos sociétés contemporaines.
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