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Ouverture des 40e Francophonies à Limoges, l’épicentre de la création théâtrale francophone

Célèbre pour offrir une occasion unique de rencontres, de découvertes et de partages, le « Festival des Francophonies – des écritures à la scène » à Limoges fête cette année son 40e anniversaire. Du 20 au 30 septembre, les Zébrures d’Automne redeviennent la capitale de la création théâtrale francophone dans le monde. Entretien avec le directeur Hassane Kassi Kouyaté.

Le chœur dans « Isis – Antigone ou la tragédie des corps dispersés ». Conception et mise en scène Gaëtan Noussouglo et Marcel Djondo.
Le chœur dans « Isis – Antigone ou la tragédie des corps dispersés ». Conception et mise en scène Gaëtan Noussouglo et Marcel Djondo. © Flashebene
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RFI : De quelle francophonie parlons-nous lors de cette édition 2023 ?

Hassane Kassi Kouyaté : Nous sommes à la 40e édition et cette année, il y a un focus sur les francophonies du Nord. Nous invitons le Luxembourg, avec le théâtre de la ville du Luxembourg, nous invitons des spectacles du Canada francophone, du Québec, de la Suisse romande et de la Wallonie en Belgique. Bien sûr, il y aura aussi des spectacles venant d’Afrique, mais le focus est sur les francophonies du Nord.

Il y aura onze créations à l’affiche cette année et une autre spécialité des Francophonies est de réunir des équipes multiculturelles et multirégionales. Pourriez-vous nous donner un exemple pour une telle équipe à l’œuvre lors de l’édition 2023 ?

Par exemple, une des créations du Canada francophone vient du Winnipeg, On marronne ? (Si ça te dit, viens), d'après un texte de Gustave Akakpo. La metteuse en scène Geneviève Pelletier travaille avec des comédiens guyanais, togolais, sénégalais et, bien sûr, canadiens.

Parmi les moments très attendus, il y a la première création luxembourgeoise au festival depuis quarante ans : Léa et la théorie des systèmes complexes, une mise en scène de Renelde Pierlot d’une radicalisation d’une jeune femme. L’autre côté, vous mettez en scène Zoé, une sorte de contre-révolution d’une jeune étudiante. Pourrait-on dire que ces deux pièces, ces deux femmes se parlent ?

Pour moi, il était important de parler de ce que nous vivons au quotidien aujourd’hui, en dehors des problèmes politiques très clairs. Ces deux jeunes filles ont à peu près le même âge. L’une parle du système capitaliste à partir d’une société luxembourgeoise. Elle travaille dans le pétrole et parle de ses préoccupations concernant l’écologie et le réchauffement climatique. Et l’autre fille parle de la liberté et se pose des questions comme : pourquoi la majorité a-t-elle toujours raison ? Qui est-ce cette majorité ? Où est-ce que notre liberté commence ? Où s’arrête celle des autres ? Qu’est-ce qu’on peut choisir pour sa vie aujourd’hui ? Ces deux filles sont au cœur des problématiques contemporains.

« Léa et la théorie des systèmes complexes ». Mise en scène de Renelde Pierlot au festival « Les  Francophonies – des écritures à la scène » à Limoges.
« Léa et la théorie des systèmes complexes ». Mise en scène de Renelde Pierlot au festival « Les Francophonies – des écritures à la scène » à Limoges. © Astrid Usai

La Francophonie en France est actuellement très en mouvement. En octobre est prévue l’ouverture de la nouvelle Cité internationale de la langue française au château Villers-Cotterêts. Quel sera le rapport entre « Les Francophonies – des écritures à la scène » et cette nouvelle institution ?

Nous, « Les Francophonies – des écritures à la scène », nous faisons partie des pôles de références de la création francophone, avec la Cité internationale des arts à Paris et « La Chartreuse de Villeneuve Lez Avignon – Centre national des écritures du spectacle ». Nous aurons un quatrième partenaire : la Cité internationale de la langue française au château Villers-Cotterêts. Ensemble, nous ferions cette dynamique autour de la francophonie.

La semaine dernière, les directions régionales du ministère de la Culture avaient envoyé aux centres dramatiques un message ordonnant de suspendre « tous les projets de coopération » avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso… Entretemps, cette décision a été retirée. Vous, aux Francophonies, avez-vous eu de problèmes de faire venir des artistes des trois pays africains concernés au Festival ?

Oui, on a eu des problèmes. Je dirais que ces problèmes ont été résolus. Et nous avons même été contactés par le ministère de la Culture pour nous aider à résoudre ce problème. Mais, on avait trouvé des solutions. La solution était la suivante : d’autres pays en Europe ont donné les visas à nos artistes pour qu’ils puissent circuler dans l’espace Schengen.

Selon votre avis, quel est le rôle de la culture vis-à-vis de ces trois pays africains aujourd’hui gouvernés par des militaires ?

Que ce soit ces pays ou ailleurs, je n’ai pas vu interdire des artistes afghans, alors que ce qui se passe en Afghanistan est totalitaire. Je n’ai pas vu les artistes russes empêchés, malgré tout ce qui se passe aujourd’hui. Donc, je ne comprends pas (que) quelles que soient les difficultés que nous avons avec les États de ces trois pays, les artistes soient pris en otage de cette décision ; surtout, parce que ce sont eux les médiateurs entre les peuples, ce sont eux qui peuvent consolider les ponts entre les peuples. Ce sont eux qui peuvent mettre en lumière les difficultés de nos peuples. Donc, je ne comprends pas cette décision. Heureusement, il y a des avancées pour une résolution de ces problèmes.

« Zoé », mise en scène de Hassane Kassi Kouyaté au festival « Les  Francophonies – des écritures à la scène » à Limoges.
« Zoé », mise en scène de Hassane Kassi Kouyaté au festival « Les Francophonies – des écritures à la scène » à Limoges. © KHKvision

► Les Zébrures d'automne du festival « Les Francophonies – des écritures à la scène », du 20 au 30 septembre, à Limoges, en France

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