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Kirghizistan: doutes sur la légitimité du nouveau Premier ministre

Depuis dimanche dernier et des élections législatives controversées, le Kirghizistan est secoué par un mouvement de contestation. Des heurts entre manifestants et policiers ont fait un mort et plus d'un millier de blessés. Pendant plusieurs jours de chaos, l’actuel président Soroonbaï Jeenbekov a semblé perdre le contrôle du pays et même promis de démissionner. Dans la foulée, le Parlement a nommé un nouveau Premier ministre, Sadyr Japarov. Mais bon nombre de Kirghizes dénoncent le choix de cette figure nationaliste et populiste de l'opposition.

Le nouveau Premier ministre kirghize Sadyr Japarov, le 10 octobre lors d'une conférence de presse à Bichkek.
Le nouveau Premier ministre kirghize Sadyr Japarov, le 10 octobre lors d'une conférence de presse à Bichkek. VYACHESLAV OSELEDKO / AFP
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Avec notre correspondant à Bishkek, Sergueï Dmitriev

L'ambiance ce dimanche à Bichkek était plutôt calme. Aucune manifestation, peu de monde dans des rues quasi désertes. L'état d'urgence, lui, est toujours en vigueur. L'armée a installé des barrages routiers aux abords de la capitale, où des véhicules militaires blindés étaient visibles. Mais dans le centre de la ville, on ne voit pas de police ni de militaires.

Ce sont les brigades de la milice populaire qui assurent la sécurité pendant la nuit. Le statut de cette milice n'est pas très clair : ce sont surtout des habitants locaux et des commerçants qui s'organisent pour aider la police à protéger la ville. Les grands magasins sont fermés mais les petits commerces, cafés et restaurants sont ouverts.

Cependant, il est presque impossible de retirer de l'argent : les banques ont vidé les distributeurs automatiques par crainte des maraudeurs. Depuis vendredi, le couvre-feu est instauré dans le pays : de 21h jusqu'à 5h du matin, tous les déplacements sont interdits. Ce qui n'a pas empeché les partisans du nouveau Premier ministre de fêter sa nomination ce samedi soir.

Déception

La situation politique, elle, est toujours plus tendue. Les habitants de Bichkek ont des sentiments très partagés. D’un côté, ils sont soulagés que le calme soit revenu. De l’autre, ils sont un peu déçus, parce qu’ils ont l’impression que cette révolution a échoué.

Car peu de gens se satisfont de la nomination du nouveau Premier ministre. La session extraordinaire du Parlement pour élire le chef du gouvernement n’a même pas rassemblé la moitié des députés et ce sont les députés du parti pro-présidentiel qui ont soutenu la candidature de Japarov.

Alliance tactique

Certains dans l’opposition pensent qu’il s’agit d’une alliance tactique entre le nouveau Premier ministre et le président actuel, qui voit dans cette nomination la possibilité de diviser l’opposition et de rester ainsi au pouvoir.

Tout de suite après sa nomination, le nouveau chef du gouvernement a proposé une réforme constitutionnelle. Ce qui repousse à une date indéfinie les nouvelles élections parlementaires, à l’origine du mouvement contestataire. Japarov n’exige plus la démission du président actuel, ce que les gens de Bishkek voient comme une trahison du mouvement contestataire.

À écouter : Kirghizistan, le grand oublié?

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