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Afghanistan

Les Américains restent en Afghanistan pour former l’armée nationale

L’Afghanistan a signé ce mardi 30 septembre un accord bilatéral de sécurité avec les Etats-Unis. Un accord qui doit permettre à Washington de laisser une force réduite dans le pays après le départ de la majorité des soldats de l’Otan, prévu en fin d’année. Une promesse faite durant sa campagne par le nouveau président Ashraf Ghani, investi lundi. Pour en parler, Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l’IRIS, l’Institut des relations internationales et stratégiques. Il est l’invité de RFI.

Le nouveau président afghan Ashraf Ghani
Le nouveau président afghan Ashraf Ghani AP
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RFI: Jean-Pierre Maulny, tout d’abord, en quoi doit consister concrètement cette présence américaine?

Jean-Pierre Maulny : C’est une présence américaine qui sera essentiellement faite pour soutenir la formation de l’armée nationale afghane. C'est-à-dire que c’est une armée qui a été en fait constituée de toutes pièces par les alliés et notamment par les Etats-Unis. Et il était effectivement un peu difficile de la laisser totalement seule dans les années qui viennent. Et c’est pour ça que cet accord avait été négocié par les Américains dès l’année dernière.

On est bien d’accord, les militaires américains ne sont plus censés participer à des opérations sur le terrain?

Tout à fait. Ils ne sont plus censés participer à des opérations sur le terrain. Il restera à peu près 10 000 Américains. C’est à la fois important et c’est faible par rapport à ce qui avait été imaginé par exemple au moment du retrait des Américains d’Irak. Et dans le cas de l’Irak, l’accord n’avait pas été signé. L’Irak l'avait refusé.

Alors vous le disiez, il s’agit avant tout d’une mission d’aide et de formation à l’armée afghane. A quoi ressemble-t-elle, cette armée afghane aujourd’hui?

Cette armée afghane sur le papier n’affiche pas loin de 300 000 hommes. On peut être un peu dubitatif face à ce chiffre, parce que c’est une armée qui a été constituée extrêmement rapidement. Il faut savoir qu’en 2008, il n’y avait pas plus de 70 000 hommes. Et donc il y a quelques doutes, à la fois sur ses capacités opérationnelles, mais également sur l’infidélité de cette armée au pouvoir en place.

Hamid Karzaï avait toujours refusé de signer avec Washington. Est-ce qu’Ashraf Ghani veut imposer sa marque, une volonté aussi de rompre avec le passé, s’assurer de bonnes relations avec les Américains?

Hamid Karzaï avait refusé de signer en fait pour des raisons politiques à la fin de son mandat. Et le nouveau président avait été un des négociateurs de cet accord avec les Américains et il avait dit d’emblée durant la campagne électorale qu’il signerait cet accord. D’ailleurs, ça devait normalement être le point d’orgue du dernier sommet de l’Otan à Newport. Donc l’accord n’avait pas été signé avant ce sommet de l’Otan.

Quelle réaction est-on en mesure d’attendre de la part des talibans?

On est dans une dialectique qui est assez classique dans ce cas de figure. Cela peut être soit une négociation avec le pouvoir en place, soit de pouvoir se dire tout simplement que le régime ne tiendra pas, militairement parlant et que les Américains ne seront pas prêts à refaire une deuxième opération en Afghanistan pour soutenir le pouvoir en place. D’ailleurs, il n’y a pas dans cet accord de clause d’assistance mutuelle véritable pour aider le pouvoir en place en cas d’agression.

Une négociation avec les talibans, c’est réellement envisageable aujourd’hui?

J’ai envie de dire oui, c’est envisageable. Une des plus grandes difficultés, c’est évident, c’est la Constitution actuelle qui ne permet pas normalement aux talibans de pouvoir partager le pouvoir. Maintenant, il est certain que l’on ne peut pas rester sur un pays divisé. En termes de stabilité régionale, on a déjà d’une certaine manière intérêt à avoir cet accord. Y compris d’ailleurs de la part des Américains, parce qu’ils ne peuvent pas maintenir autant de théâtres stratégiques qu’ils en ont à l’heure actuelle. Ils sont en train de revenir en Irak du fait de Daech. Donc ils ont tout intérêt à ce que ce théâtre d’opération, ce théâtre de crise, se calme.

Jean-Piere Maulny, ce sera l’un des gros dossiers qui attendent Ashraf Ghani. Quels sont les autres défis auxquels il va devoir faire face?

Un des grands défis auquel va faire face le nouveau président afghan c’est tout simplement le fait que l’Afghanistan a fonctionné sous perfusion économique des alliés et de l’Otan durant les cinq à dix dernières années et que maintenant il va falloir que cet Afghanistan puisse se développer sans cette manne financière extérieure.

D’ailleurs la question du financement de l’armée afghane est en soi un véritable problème. Parce qu’il est évident que l’Afghanistan n’a pas les moyens de se payer une armée de 300 000 hommes. Donc c’est cette transition avec le développement économique, qui sera certainement le principal défi du nouveau pouvoir, avec naturellement la négociation avec les talibans.

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